Moteur Boat Magazine

Américains contre européens : huit bateaux pour faire la diffff érence !

À la demande du marché nordique, les constructe­urs européens développen­t des modèles avec bow-riders qui viennent directemen­t se frotter aux chantiers américains, experts dans ce domaine. Mais qu’est-ce qui différenci­e un bow-rider européen d’un bow-rider

- TEXTE: STÉPHANIE DE L OU ST A L. PHOTOS: VIRGINIE PELA G ALLIE T BORIS RÉ J OU.

Personne ne sera surpris d’apprendre que le concept du bow-rider vient des États-Unis. Ce type de bateaux est en fait une évolution du runabout, dont il reprend la silhouette sportive et le cockpit, mais en se démarquant par un pont avant totalement ouvert et occupé par un petit salon. Le mot « bow » en anglais fait référence à l’étrave, et le bow-rider est donc l’espace ouvert situé en avant du poste de pilotage et pouvant accueillir des passagers en navigation.

Un terme devenu générique

Au fil du temps, l’appellatio­n bowrider est devenue un terme générique pour qualifier ces bateaux à la ligne sportive et à l’avant ouvert. Ce concept a été développé par les grands chantiers américains réputés dans le domaine du runabout, Bay liner, Glastron,Re gal, Four Winns, Sea Ray, Monterey… qui voyaient dans ce salon avant la possibilit­é d’augmenter la capacité d’accueil de leurs modèles destinés à une utilisatio­n familiale à la journée avec un programme de sports nautiques, pique-nique et baignade. Cet espace supplément­aire offrait en outre une seconde zone « de

vie » à bord en plus du cockpit. Utilisés outre-Atlantique essentiell­ement sur les lacs, du fait de leur faible tirant d’air et de leur plan de pont très ouvert, ces bateaux ont eu à leur début beaucoup de mal à séduire la clientèle française qui leur préférait les consoles centrales et les semi-rigides davantage taillés pour la mer. Propulsé à l’origine par un Z-drive, le bow-rider est aujourd’hui aussi proposé avec un ou des hors-bord.

Le bow-rider vu par les Européens

Toujours très en vogue aux ÉtatsUnis où les régions des grands lacs représente­nt une part importante des ventes de bateaux, le bow-rider fait son retour depuis quelques années en Europe, à travers les marques américaine­s connues, mais aussi grâce à quelques grands chantiers européens, Jeanneau, Bénéteau, Quicksilve­r et Parker par exemple. Devant cet engouement des Européens pour lebow- rider, comme le prouve la sortie cette année d’un Cap Camarat 7.5 BR et d’un Quicksilve­r Activ 755 Bow Rider, nous avons voulu mettre face à face des modèles américains, fabriqués pour certains en Pologne, et des modèles entièremen­t européens. Leur seul impératif était de mesurer entre 6 et 7 mètres de longueur de coque. Ce sont ainsi huit bateaux que nous avons réunis à Hyères et six marques, trois européenne­s (Jeanneau, Quicskilve­r et Parker) et trois américaine­s (Bayliner, Sea Ray et Glastron), Bayliner et Sea Ray ayant mis à notre dispositio­n chacun deux modèles, un en hors-bord, l’autre

en in-bord. Sur ces huit bateaux, cinq sont des nouveautés de 2018, le Jeanneau Cap Camarat 7.5 BR, le Quicksilve­r Activ 755 BR, le Bayliner VR6 OB (hors-bord), le Sea Ray 210 SPX OB (hors-bord) et le Glastron GTD 200.

Un passage central et deux consoles

Rassemblés au pied de la capitainer­ie du bassin n° 3 du port d’Hyères, les bateaux affichent d’emblée leurs différence­s de conception. Certes, les plans de pont sont très proches, avec un cockpit généraleme­nt équipé d’une banquette en L sur bâbord et deux petites consoles – celle de tribord accueillan­t le poste de barre et celle de bâbord dissimulan­t une mini-cabine pouvant loger des WC souvent optionnels – séparées par un passage central qui mène au fameux bow-rider. Mais les similitude­s s’arrêtent là, et les différence­s sautent immédiatem­ent aux yeux. Il suffit de regarder les protagonis­tes pour voir que les modèles américains possèdent une silhouette beaucoup plus racée et sportive que les européens, ,p plus

hauts sur l’eau et moins fluides dans leurs lignes, ce qui n’a rien d’étonnant puisque les bow-riders américains viennent des runabouts, unités sportives, alors que le Jeanneau, le Parker et le Quicksilve­r sont en fait des déclinaiso­ns de modèles open ou day-cruiser. Le Jeanneau est conçu sur la carène du Cap Camarat 7.5 CC également décliné en 7.5 WA, le Parker sur celle du 690 DC et le Quicksilve­r sur celle du 755 Sundeck. De ce fait, les trois bateaux européens semblent mieux armés pour des navigation­s par mer agitée, même si ce pont avant très ouvert les cantonne de facto à des plans d’eau protégés.

Plus larges ou plus protégés ?

Autre évidence, leurs bow-riders sont plus étroits, mais également plus profonds et mieux protégés que ceux des modèles américains. Des balcons défendent les salons avant des Jeanneau, Quicksilve­r et Parker, alors que sur les Bayliner, Glastron et Sea Ray, les mains courantes se font plus discrètes. Les bow-riders américains étant beaucoup plus larges et plus ouverts, ils peuvent accueillir plus de passagers, une caractéris­tique qui se retrouve dans les homologati­ons. Tous les bateaux sont en catégorie C, mais les modèles américains, bien que souvent plus petits en taille, reçoivent à leur bord une à trois personnes de plus. Sur tous les modèles, les bow-riders se transforme­nt en bain de soleil et dissimulen­t sous leurs assises des coffres plus ou moins grands et à l’accès plus ou moins pratique. Exception faite du Glastron, tous profitent d’une porte qui assure la séparation entre le bow-rider et le cockpit. D’une manière générale, les bateaux européens disposent tous d’un cockpit autovideur, ce qui

n’est pas le cas des américains, excepté les Bayliner. De même, les unités européenne­s reçoivent davantage d’accastilla­ge que les américaine­s, qui s’équipent néanmoins de plus en plus en davier et en guindeau pour plaire à la clientèle du Vieux Continent. Le Quicksilve­r, le Jeanneau et le Parker bénéficien­t aussi d’équipement­s supplément­aires (souvent optionnels), comme des blocs-cuisines ou des réfrigérat­eurs installés dans les cockpits, ce qui contribue à élargir le programme de navigation.

Moteur hors-bord et in-bord

Autre différence de taille, les bowriders européens sont proposés uniquement en hors-bord, alors que les américains conservent à leur catalogue la propulsion Z-drive tout en développan­t depuis deux ans des versions hors-bord. C’est le cas de Bayliner qui a mis à notre dispositio­n le Bayliner VR5 en version inbord et le VR6 en version hors-bord, et de Sea Ray avec son 210 SPX disponible en in-bord et en horsbord. Le bon équilibre des modèles in-bord est appréciabl­e sur l’eau, surtout en raison d’un centre de gravité plus bas et plus centré, mais la motorisati­on hors-bord associée à des commandes électrique­s douces et réactives ne manque pas non plus de charme. Nous avons comparé nos huit bateaux sur différents points, le volume du bow-rider, sa capacité à accueillir trois personnes, les dimensions du passage central, celles des différents bains de soleil, mais également les positions de conduite et les capacités de rangement, autant de points que nous développon­s dans les différents encadrés de ce dossier. Nos huit bateaux ont été essayés par mistral avec un bon petit clapot. Tous s’en sont très bien sortis, et il est difficile de les comparer compte tenu des écarts de taille. Il est cependant évident que les sensations de vitesse et de pilotage sont plus présentes sur les modèles américains, plus bas sur l’eau et souvent dotés de pare-brise moins enveloppan­ts. Si, incontesta­blement, les modèles européens répondent parfaiteme­nt à notre manière de naviguer, il convient tout de même de souligner l’effort remarquabl­e fait par les chantiers américains pour s’adapter à notre marché. Leurs bow-riders affichent aujourd’hui de réelles qualités marines et sont à la fois ludiques et sûrs, tout en étant bien placés en prix. ■

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 ??  ?? Sur cette photo du Quicksilve­r Activ 755 BR et du Bayliner VR6 OB, la différence de silhouette entre bateaux américains et européens est flagrante : le Quicksilve­r est plus ramassé, alors que le Bayliner est plus élancé et plus sportif.
Sur cette photo du Quicksilve­r Activ 755 BR et du Bayliner VR6 OB, la différence de silhouette entre bateaux américains et européens est flagrante : le Quicksilve­r est plus ramassé, alors que le Bayliner est plus élancé et plus sportif.
 ??  ?? Les carènes des modèles américains ont un V plus ouvert que celles des européens, ce qui leur permet de proposer des bow-riders plus larges.
Les carènes des modèles américains ont un V plus ouvert que celles des européens, ce qui leur permet de proposer des bow-riders plus larges.
 ??  ?? Les Bayliner VR5 et VR6 sont proposés en version in-bord et hors-bord. Dans les deux cas, il s’agit de la même carène.
Les Bayliner VR5 et VR6 sont proposés en version in-bord et hors-bord. Dans les deux cas, il s’agit de la même carène.
 ??  ?? Nous avons embarqué à huit à bord du Quicksilve­r, afin de savoir si, avec son chargement maximal, il perdait beaucoup en performanc­es. Verdict : le Quicksilve­r n’a eu aucune peine à déjauger et a affiché seulement 2 noeuds de moins en pointe.
Nous avons embarqué à huit à bord du Quicksilve­r, afin de savoir si, avec son chargement maximal, il perdait beaucoup en performanc­es. Verdict : le Quicksilve­r n’a eu aucune peine à déjauger et a affiché seulement 2 noeuds de moins en pointe.
 ??  ?? Le Sea Ray 210 SPX est proposé en hors-bord ou en in-bord, ce dernier étant moins cher de 2 000 €.
Le Sea Ray 210 SPX est proposé en hors-bord ou en in-bord, ce dernier étant moins cher de 2 000 €.
 ??  ?? Photo de groupe des trois modèles d’origine européenne, tous pourvus de balcons avant et de daviers.
Photo de groupe des trois modèles d’origine européenne, tous pourvus de balcons avant et de daviers.
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 ??  ?? La carène très atypique yp q du Glastron GTD 200, dotée de deux g gros redans de type aile de mouette, est très joueuse et réactive.
La carène très atypique yp q du Glastron GTD 200, dotée de deux g gros redans de type aile de mouette, est très joueuse et réactive.
 ??  ?? Les bow-riders européens comme le Quicksilve­r (à gauche) sont plus hauts sur l’eau que les américains tel le Bayliner (à droite).
Les bow-riders européens comme le Quicksilve­r (à gauche) sont plus hauts sur l’eau que les américains tel le Bayliner (à droite).

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