Américains contre européens : huit bateaux pour faire la diffff érence !
À la demande du marché nordique, les constructeurs européens développent des modèles avec bow-riders qui viennent directement se frotter aux chantiers américains, experts dans ce domaine. Mais qu’est-ce qui différencie un bow-rider européen d’un bow-rider
Personne ne sera surpris d’apprendre que le concept du bow-rider vient des États-Unis. Ce type de bateaux est en fait une évolution du runabout, dont il reprend la silhouette sportive et le cockpit, mais en se démarquant par un pont avant totalement ouvert et occupé par un petit salon. Le mot « bow » en anglais fait référence à l’étrave, et le bow-rider est donc l’espace ouvert situé en avant du poste de pilotage et pouvant accueillir des passagers en navigation.
Un terme devenu générique
Au fil du temps, l’appellation bowrider est devenue un terme générique pour qualifier ces bateaux à la ligne sportive et à l’avant ouvert. Ce concept a été développé par les grands chantiers américains réputés dans le domaine du runabout, Bay liner, Glastron,Re gal, Four Winns, Sea Ray, Monterey… qui voyaient dans ce salon avant la possibilité d’augmenter la capacité d’accueil de leurs modèles destinés à une utilisation familiale à la journée avec un programme de sports nautiques, pique-nique et baignade. Cet espace supplémentaire offrait en outre une seconde zone « de
vie » à bord en plus du cockpit. Utilisés outre-Atlantique essentiellement sur les lacs, du fait de leur faible tirant d’air et de leur plan de pont très ouvert, ces bateaux ont eu à leur début beaucoup de mal à séduire la clientèle française qui leur préférait les consoles centrales et les semi-rigides davantage taillés pour la mer. Propulsé à l’origine par un Z-drive, le bow-rider est aujourd’hui aussi proposé avec un ou des hors-bord.
Le bow-rider vu par les Européens
Toujours très en vogue aux ÉtatsUnis où les régions des grands lacs représentent une part importante des ventes de bateaux, le bow-rider fait son retour depuis quelques années en Europe, à travers les marques américaines connues, mais aussi grâce à quelques grands chantiers européens, Jeanneau, Bénéteau, Quicksilver et Parker par exemple. Devant cet engouement des Européens pour lebow- rider, comme le prouve la sortie cette année d’un Cap Camarat 7.5 BR et d’un Quicksilver Activ 755 Bow Rider, nous avons voulu mettre face à face des modèles américains, fabriqués pour certains en Pologne, et des modèles entièrement européens. Leur seul impératif était de mesurer entre 6 et 7 mètres de longueur de coque. Ce sont ainsi huit bateaux que nous avons réunis à Hyères et six marques, trois européennes (Jeanneau, Quicskilver et Parker) et trois américaines (Bayliner, Sea Ray et Glastron), Bayliner et Sea Ray ayant mis à notre disposition chacun deux modèles, un en hors-bord, l’autre
en in-bord. Sur ces huit bateaux, cinq sont des nouveautés de 2018, le Jeanneau Cap Camarat 7.5 BR, le Quicksilver Activ 755 BR, le Bayliner VR6 OB (hors-bord), le Sea Ray 210 SPX OB (hors-bord) et le Glastron GTD 200.
Un passage central et deux consoles
Rassemblés au pied de la capitainerie du bassin n° 3 du port d’Hyères, les bateaux affichent d’emblée leurs différences de conception. Certes, les plans de pont sont très proches, avec un cockpit généralement équipé d’une banquette en L sur bâbord et deux petites consoles – celle de tribord accueillant le poste de barre et celle de bâbord dissimulant une mini-cabine pouvant loger des WC souvent optionnels – séparées par un passage central qui mène au fameux bow-rider. Mais les similitudes s’arrêtent là, et les différences sautent immédiatement aux yeux. Il suffit de regarder les protagonistes pour voir que les modèles américains possèdent une silhouette beaucoup plus racée et sportive que les européens, ,p plus
hauts sur l’eau et moins fluides dans leurs lignes, ce qui n’a rien d’étonnant puisque les bow-riders américains viennent des runabouts, unités sportives, alors que le Jeanneau, le Parker et le Quicksilver sont en fait des déclinaisons de modèles open ou day-cruiser. Le Jeanneau est conçu sur la carène du Cap Camarat 7.5 CC également décliné en 7.5 WA, le Parker sur celle du 690 DC et le Quicksilver sur celle du 755 Sundeck. De ce fait, les trois bateaux européens semblent mieux armés pour des navigations par mer agitée, même si ce pont avant très ouvert les cantonne de facto à des plans d’eau protégés.
Plus larges ou plus protégés ?
Autre évidence, leurs bow-riders sont plus étroits, mais également plus profonds et mieux protégés que ceux des modèles américains. Des balcons défendent les salons avant des Jeanneau, Quicksilver et Parker, alors que sur les Bayliner, Glastron et Sea Ray, les mains courantes se font plus discrètes. Les bow-riders américains étant beaucoup plus larges et plus ouverts, ils peuvent accueillir plus de passagers, une caractéristique qui se retrouve dans les homologations. Tous les bateaux sont en catégorie C, mais les modèles américains, bien que souvent plus petits en taille, reçoivent à leur bord une à trois personnes de plus. Sur tous les modèles, les bow-riders se transforment en bain de soleil et dissimulent sous leurs assises des coffres plus ou moins grands et à l’accès plus ou moins pratique. Exception faite du Glastron, tous profitent d’une porte qui assure la séparation entre le bow-rider et le cockpit. D’une manière générale, les bateaux européens disposent tous d’un cockpit autovideur, ce qui
n’est pas le cas des américains, excepté les Bayliner. De même, les unités européennes reçoivent davantage d’accastillage que les américaines, qui s’équipent néanmoins de plus en plus en davier et en guindeau pour plaire à la clientèle du Vieux Continent. Le Quicksilver, le Jeanneau et le Parker bénéficient aussi d’équipements supplémentaires (souvent optionnels), comme des blocs-cuisines ou des réfrigérateurs installés dans les cockpits, ce qui contribue à élargir le programme de navigation.
Moteur hors-bord et in-bord
Autre différence de taille, les bowriders européens sont proposés uniquement en hors-bord, alors que les américains conservent à leur catalogue la propulsion Z-drive tout en développant depuis deux ans des versions hors-bord. C’est le cas de Bayliner qui a mis à notre disposition le Bayliner VR5 en version inbord et le VR6 en version hors-bord, et de Sea Ray avec son 210 SPX disponible en in-bord et en horsbord. Le bon équilibre des modèles in-bord est appréciable sur l’eau, surtout en raison d’un centre de gravité plus bas et plus centré, mais la motorisation hors-bord associée à des commandes électriques douces et réactives ne manque pas non plus de charme. Nous avons comparé nos huit bateaux sur différents points, le volume du bow-rider, sa capacité à accueillir trois personnes, les dimensions du passage central, celles des différents bains de soleil, mais également les positions de conduite et les capacités de rangement, autant de points que nous développons dans les différents encadrés de ce dossier. Nos huit bateaux ont été essayés par mistral avec un bon petit clapot. Tous s’en sont très bien sortis, et il est difficile de les comparer compte tenu des écarts de taille. Il est cependant évident que les sensations de vitesse et de pilotage sont plus présentes sur les modèles américains, plus bas sur l’eau et souvent dotés de pare-brise moins enveloppants. Si, incontestablement, les modèles européens répondent parfaitement à notre manière de naviguer, il convient tout de même de souligner l’effort remarquable fait par les chantiers américains pour s’adapter à notre marché. Leurs bow-riders affichent aujourd’hui de réelles qualités marines et sont à la fois ludiques et sûrs, tout en étant bien placés en prix. ■