Livraison de gaz en brise-glace
Il va falloir s’y habituer. Des méthaniers aux volumes et dimensions exceptionnels vont pointer le bout de leur étrave chaque mois au terminal de Montoir-Saint-Nazaire. Elengy a signé avec le producteur de gaz russe Novatek un contrat jusqu’en 2035 pour livrer un million de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) chaque année en provenance de Sabetta, un gisement situé sur la péninsule de Yamal, en pleine Sibérie. Ce site est pris neuf mois par an par la glace et les Russes utilisent d’abord des méthaniers brise-glace pour transporter ce gaz. Ces bateaux fendent jusqu’à trois mètres de banquise en autonomie et filent jusqu’à 17 km/h. « Ces navires sont puissants mais également lents et coûteux, observe Martin Jahan de Lestang, directeur général d’Elengy. Ils vont donc au plus court vers des terminaux du nord-ouest. » De là, leur cargaison est transbordée sur un autre méthanier qui part alors livrer toute la planète. Et c’est ici que Saint-Nazaire a une carte à jouer, à seulement quatorze jours de mer de Sabetta. Le gigantesque brise-glace Christophe-de-Marjorie et ses trois cents mètres de long sont ainsi venus s’amarrer devant le site méthanier pour livrer 167 000 m³ à moins 160 °C, soit la consommation en gaz d’une ville de 100 000 habitants pendant un an. La demande mondiale en gaz naturel liquéfié explose. « La production est en croissance de 52 % par an pour la période 2015-2020 avec une demande tirée par l’Inde et la Chine, poursuit le directeur général. Nous sommes à la veille d’un changement d’échelle sans précédent pour le GNL. » Cinq cents méthaniers circulent déjà dans le monde.