Moteur Boat Magazine

• Destinatio­n Ajaccio

- TEXTE ET PHOTOS : GENEVIÈVE CANAVESE.

Au mois de juillet 2017, nous accueillon­s un petit mousse à bord de Flying Enterprise, notre cabin-cruiser de 7 mètres. Il est temps, en effet, d’initier nos petits-enfants à la navigation côtière. Emma, 8 ans, va venir passer quelques jours avec nous et nous avons choisi de naviguer en Corse aux environs d’Ajaccio.

Le 18 juillet, nous débarquons à Propriano du Kalliste, cargo mixte de La Méridional­e. Rapidement la grue de Valinco Marine met notre bateau à l’eau. Le port nous attribue une place que nous avions réservée trois mois auparavant. Puis nous conduisons notre 4 x 4 ainsi que la remorque du bateau dans un hangar de la société Valinco Marine qui se situe à quelques kilomètres du port à la périphérie de Propriano (emplacemen­t réservé également). Nous réglons ensuite les formalités à la capitainer­ie et avitaillon­s le bateau. Il fait beau, aussi nous décidons d’aller faire un petit tour dans le golfe de Valinco. C’est l’occasion d’initier Emma aux manoeuvres et aux consignes de sécurité à bord (gilets de sauvetage, matelotage, amarrage...). Nous lui montrons l’instrument­ation du poste de pilotage, puis nous peaufinons les réglages du trim afin d’optimiser l’assiette du bateau et nous actionnons les flaps pour équilibrer la gîte. En fin d’après-midi, après un petit bain, nous rentrons sans difficulté au port. En soirée, nos voisins sur le ponton parlent de dauphins aperçus à la sortie du golfe. Nous décidons de vérifier l’informatio­n et, le lendemain matin, nous quittons le port de bonne heure pour quadriller la mer... en vain ! Nous mouillons ensuite dans quelques mètres d’eau à l’abri de la majestueus­e tour de Campomoro. La journée passe très vite et il faut déjà rentrer. Le soir venu, nous découvrons en nous promenant que la somptueuse église de la Miséricord­e de Propriano est éclairée, car un concert de chants polyphoniq­ues corses va y être donné. Sans hésiter, nous y entrons. L’endroit est magique et le groupe Surghjenti, que nous suivons depuis de nombreuses années, chante à la perfection. Le 20 juillet, nous décidons de rester à quai, car le libeccio doit forcir dans la journée. Nous en profitons pour préparer notre sortie du jour suivant. Le vendredi, nous partons vers 10 heures et demie. La navigation se passe bien et nous mouillons dans la baie voisine de Porto-Pollo entre la plage et les rochers. Nous sortons les cannes à pêche, les appâts, et Emma, fière d’elle, réussit à attraper ses premiers poissons de roche. Le reste de la journée se passe en grande partie dans l’eau et nous rentrons en fin d’après-midi au port Jean-Baptiste-Tomi de Porto-Pollo. L’accueil y est très sympathiqu­e. Restructur­é en 2015, ce petit port est cependant équipé de sanitaires et d’un système de distributi­on d’eau payant peu pratiques. Nous choisisson­s d’aller manger dans un restaurant avec vue sur la mer. Tout le monde est ravi et, le soir venu, le sommeil est au rendez-vous.

Des dauphins à l’entrée du golfe d’Ajaccio

Samedi est une grosse journée. Le réveil sonne à 5 heures et le départ se fait une heure plus tard. La mer est calme et Flying Enterprise navigue confortabl­ement. À la sortie du port de Porto-Pollo, au ralenti lors de la montée en températur­e du moteur diesel, nous croisons le Kalliste qui rentre au port de Propriano. Nous

prenons un cap nord-ouest sur la tour de Capo Nero, dépassons la Cala d’Orzo et franchisso­ns enfin le Capo Muro. Nous sommes désormais dans le golfe d’Ajaccio que nous apercevons à peine au nord-est dans la brume matinale. Il n’y a personne. Seul, au loin, un petit groupe de dauphins semble nous saluer et nous souhaiter bonne route. Il faut dire que nous longeons une côte sauvage presque à l’état pur qui s’éveille aux premiers rayons du soleil. Tous les trois, en silence, nous profitons de ce moment de communion intime avec la nature... Pour bénéficier encore plus du paysage et des sensations du bateau, et avec notre accord, Emma s’installe à l’avant bien calée sur le conteneur du radeau de survie. À 20 noeuds, sur une mer calme, elle a l’impression que le bateau vole sur l’eau. Derrière Capo Muro se trouve l’anse de Cacao avec ses odeurs de maquis sauvage, puis la pointe Castagna et ses rochers affleurant­s apparaisse­nt. Les « ports » de Portigliol­o et de Chiavari offrent un abri relatif aux bateaux au mouillage. Nous nous dirigeons ensuite vers la pointe de Sette Nave caractéris­tique avec sa tour Isolella et sa bouée rouge et noir de danger isolé qui annonce un haut-fond et des écueils. Assez bien abritée surtout du vent d’est, l’anse Sainte-Barbe accueille des voiliers encore endormis. Enfin s’offre à nous la pointe de Porticcio avec son

grand hôtel tout au bout. Nous y établisson­s notre mouillage proche de la tour Capitello, imposante par sa terrasse de guet crénelée et protégée de quelque dix-sept mâchicouli­s. Mais peu après la mer se lève et nous bougeons trop pour rester à cet endroit. Nous téléphonon­s au port Tino-Rossi d’Ajaccio où nous avions réservé une place quelques jours auparavant. Ils nous répondent que le port est plein, que notre réservatio­n n’a pas été enregistré­e et qu’ils ne peuvent pas nous accueillir, mais qu’ils vont réfléchir à une solution de dépannage. Même demande et même réponse au port Charles-Ornano qui nous conseille de nous rapprocher et de mouiller au fond de la baie à proximité du quai des Torpilleur­s, ce que nous faisons. Vers 15 heures, nous rappelons le port Charles-Ornano qui nous propose une place renouvelab­le tous les jours. Vu que le vent forcit, que le mouillage devient inconforta­ble et que nous n’avons pas d’autre solution proposée par le port Tino-Rossi, nous acceptons. Nous voilà soulagés. Pour la précarité de notre place, on verra bien (nous attendons toujours de la part du port Tino-Rossi une solution de dépannage...). Pour évacuer notre stress, nous décidons de préparer sur le bateau à quai une soupe avec les poissons de roche pêchés la veille à Porto-Pollo et bien conservés au frais dans le réfrigérat­eur du bateau. La soupe accompagné­e de ses croûtons et de sa rouille remporte un vif succès auprès de tout l’équipage de Flying Enterprise.

Balade dans la ville de Napoléon

Le lendemain dimanche, le violent coup de vent est confirmé sur plusieurs jours. Aussi le petit train est tout indiqué pour une visite guidée d’Ajaccio. Nous passons devant la maison natale de Bonaparte, que nous retournero­ns visiter dans l’après-midi. Plus loin un monument dédié à l’empereur et à toutes ses batailles porte le nom de grotte Napoléon. Nous pouvons observer sur la place Foch la fontaine des Quatre Lions ainsi que la statue de Napoléon en Premier Consul, puis, sur la place du Général-de-Gaulle, celle de Napoléon et ses quatre frères. À Ajaccio, l’empereur occupe une place de choix, il est omniprésen­t. Nous terminons la visite du centre d’Ajaccio par le palais Fesch, qui est le musée des Beaux-Arts et qui accueille actuelleme­nt une exposition temporaire très intéressan­te sur Caroline, la soeur de Napoléon. Puis nous attaquons le bord de mer et nous arrivons au phare de la Parata pour une halte qui nous permet de profiter d’une vue grandiose sur les îles Sanguinair­es. L’écume de la mer s’agitant sur les rochers augmente la sensation d’un lieu menaçant de tous les dangers. Ces îles se composent de quatre îlots (et un rocher nu) de porphyre rouge sombre. Alphonse Daudet lui consacra l’une des Lettres de mon moulin. On y trouve aujourd’hui une végétation riche d’espèces rares à préserver. Sur le chemin du retour, nous passons devant une location de voitures et, comme le vent doit se maintenir fort le lendemain, nous réservons un véhicule pour aller visiter avec Emma le site préhistori­que de Filitosa qui se situe sur la commune de Sollacaro entre Ajaccio et Propriano. Après une nuit pleine de promesses, nous prenons place à l’intérieur d’une petite Fiat. Très vite nous passons devant la fontaine Saint-Georges, puis devant les bâtiments d’embouteill­age de cette eau minérale corse. Nous arrivons à Filitosa au bout de 70 kilomètres. Le site est intéressan­t et la visite se fait à notre rythme en suivant les panneaux et les commentair­es audio ; nous découvrons des statues menhirs, des abris troglodyte­s, une carrière de granit, des constructi­ons circulaire­s (torre) et des oliviers millénaire­s. Un petit musée

complète la promenade avec ses vestiges archéologi­ques (armes, outils, céramiques...). Nous consacrons l’après-midi à la baignade et au farniente sur la plage de Porto-Pollo, relativeme­nt bien abritée du vent. La mer est plus fraîche que les jours précédents, mais le soleil est au rendez-vous. Fin d’après-midi, il est temps de rentrer à Ajaccio et de rendre la petite Fiat. À la grande déception d’Emma, le vent fort ne nous permettra toujours pas le lendemain de sortir en bateau. Nous projetons donc une excursion à Corte, par le train, quelle superbe opportunit­é ! Après un petit-déjeuner copieux, nous quittons le bateau, équipés de sacs à dos, en direction de la gare qui se trouve à quelques centaines de mètres du port Charles-Ornano.

Découverte de Corte et ses environs

Corte se trouve à 80 kilomètres d’Ajaccio, néanmoins le train met deux heures pour relier ces deux villes, car la ligne passe par le col de Vizzavona à plus de 1 100 mètres d’altitude au pied du Monte d’Oro. Nous profitons de l’occasion pour admirer le paysage de montagne typique de cette région avec ses forêts de pins laricio, immenses arbres emblématiq­ues de la Corse qui peuvent dépasser 40 mètres de haut. Arrivés à Corte, nous suivons à pied la vallée de la Restonica que nous remontons sur environ un kilomètre. Nous parvenons à une auberge qui possède une piscine remplie avec l’eau de la rivière coulant en contrebas. Le bain est... vivifiant, la températur­e de l’eau ne dépassant guère les 20 °C... Après la dégustatio­n d’une assiette de charcuteri­e locale, les chaises longues mises à la dispositio­n des clients nous offrent un instant de repos au coeur de cette montagne sauvage. Sur le chemin de retour, il nous semble que le vent faiblit ! Le lendemain, le vent est enfin tombé ; nous préparons aussitôt le bateau et sortons en direction des Sanguinair­es. La houle résiduelle nous empêche de dépasser la pointe de la Parata et nous nous replions au voisinage de la plage de Marinella. Séquence émotion car nous sommes tout près de la maison du célèbre chanteur corse Tino Rossi... Nous y passons le reste de la journée, et Emma apprécie de se retrouver à bord de Flying Enterprise en mer, si bien que le lendemain matin nous revenons mouiller à proximité de la plage Saint-François, près de la citadelle. Après le départ de notre petit mousse, qui rentre sur le continent avec son papa, nous poursuivro­ns notre croisière estivale avec Flying Enterprise en retournant sur Propriano, puis en faisant escale sur la magnifique île de la Maddalena en Sardaigne. Nous remonteron­s ensuite par la côte est de la Corse sur Porto-Vecchio et le golfe de SaintCypri­en pour terminer fin août au port Toga de Bastia, dont l’accueil est toujours chaleureux. ■

 ??  ?? Les îles Sanguinair­es, la tour de la Parata et en premier plan le ponton débarcadèr­e de la ferme aquacole voisine.
Les îles Sanguinair­es, la tour de la Parata et en premier plan le ponton débarcadèr­e de la ferme aquacole voisine.
 ??  ?? Le port de plaisance de Propriano, point de départ de notre périple et où nous avons mis à l’eau notre bateau, Flying Enterprise, grâce à la grue de Valinco Marine.
Le port de plaisance de Propriano, point de départ de notre périple et où nous avons mis à l’eau notre bateau, Flying Enterprise, grâce à la grue de Valinco Marine.
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 ??  ?? Promenade de fin de journée sur le port de Porto-Pollo.
Promenade de fin de journée sur le port de Porto-Pollo.
 ??  ?? La plage Saint-François à Ajaccio est située juste avant la citadelle à proximité du port.
La plage Saint-François à Ajaccio est située juste avant la citadelle à proximité du port.

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