L’archipel de Stockholm
Incroyable dédale d’îles et d’îlots sauvages, parfois habités, l’archipel de Stockholm dévoile ses beautés à peu de milles de la capitale suédoise. C’est à bord d’un Hoc 33 Explorer que nous sommes partis à la découverte de ce somptueux environnement prés
Àquelques kilomètres au sud-est de Stockholm, Saltsjöbaden offre un décor de carte postale, avec une ambiance suédoise garantie dans cette station balnéaire huppée, lovée au creux de sa baie protectrice. Grand hôtel installé dans les somptueux murs d’un château gustavien aux tuiles vernissées, impeccables maisons aux teintes vives, fins voiliers au repos et pimpants timoniers amarrés aux longs pontons en bois forment un ensemble vif et tranquille, structuré par les multiples mâts où flottent au sommet les couleurs jaune et bleu du royaume de Suède. Il est encore tôt en ce mercredi 13 juin, mais le jour s’est levé bien longtemps avant nous. Sous ces latitudes, et en cette fin de printemps, il ne laisse guère de place à la nuit, à peine quelques heures d’opacité bistrée. Il y a encore peu de mouvements sur le plan d’eau, seules quelques rares étraves viennent scarifier le bleu profond de la mer calme. Saltsjöbaden est une des portes d’accès privilégiées à cet immense archipel composé de plus de 30 000 îles et îlots, qui s’étendent du nord-est au sud-est de Stockholm, dans un enchevêtrement incroyable fait de caps, de roches et de presqu’îles où partout s’immisce la mer dans de multiples fjords encaissés et baies arrondies… Sur ces rives rocheuses, les forêts de conifères règnent en maître.
Un dédale à la beauté singulière
Un bruit plus soutenu capte l’attention, venu du fond de l’isthme, et un point noir arrive à vive allure. Haute carène, étrave droite, timonerie protectrice, l’élégante silhouette du Hoc 33 Explorer s’impose, ralentit et vient doucement pointer sa proue au bout du quai. Le temps de sauter à bord, de saluer Christian et Edward, et nous voici en route. Nous contournons la presqu’île, rond mamelon boisé, pour gagner son versant nord où se trouvent le yacht-club ainsi que les bureaux flambant neufs, façon start-up, du chantier Hoc Yachts. À la pompe à essence, nous retrouvons un second Explorer 33 et Vilhelm Djurberg, patron du chantier, ainsi que Jonas, directeur de Petestep, le cabinet d’architecture navale qui a conçu l’efficace carène à steps des Hoc Yachts. C’est donc avec deux unités soeurs, et l’équipage Hoc Yachts au complet, que nous partons pour la journée à la découverte de l’archipel de Stockholm et de ses beautés singulières. L’idée est une navigation tambour battant à travers la partie centrale de ce dédale, avec pour objectif un déjeuner sur l’île de Sandhamn (« port de sable »), haut lieu de la plaisance suédoise. Notre navigation commence en longeant, sur bâbord, les falaises abruptes de la grande terre d’Ingarö. Sur tribord, un chapelet d’îles plates ou rondes, sombres ou vertes, donne un spectacle plus aimable. Un peu partout, qu’elles soient juchées au-dessus des falaises grises, directement au bord de l’eau ou abritées par une clairière au coeur d’une pinède, de coquettes maisons en bois scintillent dans le paysage. Toutes disposent de leur propre ponton. On trouve souvent à proximité une jolie cabane en bois brut, où est installé le sauna familial. Et, toujours, l’incontournable mât sur lequel flottent les couleurs du pays. Dans le bras de mer séparant Ingarö de l’île de Nämdö, notre Hoc 33 Explorer donne toute la puissance de son D6 Volvo de 400 chevaux. À 40 noeuds en pointe, la coque fait preuve d’une grande douceur, imprimant une gîte peu marquée à vive allure. « Il n’y a pas de marées par ici, mais le niveau de la mer peut varier d’un mètre entre les hautes et les basses pressions », commente Vilhelm. Fondateur de Hoc, cet entrepreneur quadragénaire, habitant Stockholm, est également architecte naval et capitaine de « Class A », comme le reste de l’équipage, du reste. En ce joli printemps scandinave, la hauteur d’eau est élevée. Il est vrai qu’il a fait « inhabituellement » beau ces trois dernières semaines, alors que le reste de l’Europe est sous la pluie. « L’environnement est très
apprécié des habitants de Stockholm. Certains ont choisi de vivre ici et d’aller travailler à la capitale, toute proche. La saison se déroule de mai à septembre, poursuit Vilhelm. En dehors de ces mois, la navigation continue, mais les Suédois utilisent des timoniers comme le nôtre, capables d’affronter les conditions parfois très rudes. » En hiver, de janvier à mars, on ne navigue plus, car la mer est gelée. « C’est comme naviguer dans un champ de mines », commente, amusé, Vilhelm aux commandes de son bateau, un oeil sur sa planche de bord de dernière génération. Dans ce labyrinthe mal pavé, une carte est essentielle. Son écran de 29 pouces, qu’il agrandit à l’aide d’une molette, a été conçu en partenariat avec Navico. À l’extrémité est de l’archipel, Bullerön fait partie de ces poussières de terre qui forment une barrière protectrice face aux rigueurs du large. Devant nous, mais de l’autre côté de la mer Baltique, se trouvent les pays baltes et le sud de la Finlande.
L’ambiance cool et raffinée de Sandhamn
Petite île au relief assez plat, Bullerön est entourée de roches recouvertes de pâtures vert vif. La végétation rase témoigne de la violence des vents qui doivent souffler ici. L’île, ouverte à tous, est une réserve naturelle. Nous amarrons nos deux bateaux bord à bord dans le minuscule port. Serpentant à travers un hameau aux maisons rouges avec liserés blancs, un chemin file à travers les pâturages. Au milieu de l’île, dans une grande baraque en bois et impeccablement tenu, un petit musée témoigne de la vie passée dans l’archipel. De retour à bord, quittant Bullerön, nous saluons deux voiliers amarrés à la roche. À part quelques plaisanciers, des pêcheurs et les ferries qui effectuent leurs rotations régulières entre les îles et la terre, peu de monde se trouve sur l’eau ; il est vrai que nous sommes en pleine semaine. L’animation est plus soutenue aux abords de la très chic Sandhamn. Mecque de la plaisance suédoise, l’île s’est également fait connaître internationalement par la série télévisée « Meurtre à Sandhamn ». Yacht-club imposant, pontons soignés, boutiques de luxe à même la plage et restaurants branchés… L’ambiance est ici au yachting raffiné, haut de gamme. Ce « port de sable » se donne des airs de Saint-Trop’, ou de Saint-Barth septentrional. Il est demandé 60 € pour s’amarrer le temps de notre escale déjeunatoire. « C’est le mouillage le plus cher du coin », note Jonas. Ne le cachons pas, il est très agréable de se promener dans les ruelles pimpantes du petit village, où la moindre cabane coûte 700 000 €. Ici, couvertures et plaids sont mis à disposition sur les bancs et les chaises des cafés et restaurants… Sur la route du retour, nous passons devant l’île de Runmarö, où la famille de Jonas possède une maison de vacances. Pimpante demeure de bois au bord de l’eau, ponton et sauna constituent l’habituelle association de ce petit bonheur scandinave. On est ici à trente minutes de ferry de Stockholm. Avec notre Hoc 33, il nous en faudra moins pour regagner Saltsjöbaden. ■