Le Maine en Boston Whaler
Pays des phares, du homard ou de la pêche à la mouche, le Maine possède de solides atouts pour séduire les plaisanciers à la recherche d’authenticité. À bord d’un Boston Whaler 270 Dauntless, nous avons parcouru la fameuse Casco Bay qui borde la ville de Portland, à la découverte d’un archipel où la nature sauvage est magnifiée par les couleurs des arbres en automne.
C’est un fait… Moteur Boat Magazine a ses habitudes en Floride, en particulier à l’occasion du traditionnel Miami Boat Show, mais aussi en raison de la présence de nombreux chantiers navals au sein de cet État. Les palmiers et le sable chaud n’étant pas forcément du goût de tous, nous avons cherché à élargir nos horizons, à la recherche d’une Amérique moins exubérante et au climat plus tempéré, celle de la Nouvelle-Angleterre. Pour ceux qui préfèrent le calme des espaces sauvages, l’élégance d’une architecture où se mélangent la brique et le bois, ainsi qu’un certain art de vivre, le Maine a tout pour séduire, sans compter que la nature, préservée, y occupe une place de choix. La mer et son littoral rocheux, déchiqueté et garni de milliers d’îles font office de liant entre les habitants de ce territoire doté d’un fort caractère maritime. On pense bien évidemment à la pêche au homard qui représente une part importante dans l’économie locale. Au-delà de ce secteur, la présence des « windjammers », ces grandes goélettes typiques de la côte est, montre à quel point les Mainois sont fiers de leur patrimoine et ont su le préserver.
Le plus grand État de la Nouvelle-Angleterre
Situé à l’extrême nord-est du pays, niché contre la frontière canadienne, le Maine est le plus grand des six États qui forment la Nouvelle-Angleterre. Sa partie la plus septentrionale a même été française un temps, au cours du XVIIe siècle, par le biais de l’Acadie alors intégrée à la Nouvelle-France. Mais il ne faut rien regretter de cette période. Au contraire… Un Maine aux couleurs tricolores serait forcément moins dépaysant ! Parmi les régions touristiques qui subdivisent le Maine, celle de Portland est située sit ée au a milieu, milie le long du littoral. Portland représente la deuxième ville la plus peuplée du Maine, derrière Augusta. Mais contrairement à cette dernière, enclavée à une vingtaine de kilomètres de la mer, Portland possède une façade maritime d’une grande richesse. Le port – arpenté sous une bruine rafraîchissante ce matin-là – possède un charme fou, avec ses fameux « piers » (jetées) et « wharves » (quais) montés sur des pieux de bois qui bordent des hangars en brique, typiques du quartier de Downtown. Les cockpits des lobster-boats (bateaux de pêche aux homards) attenants débordent de casiers aux tons vifs, apportant une touche de couleur dans cette grisaille matinale. Si le port de pêche est situé au nord, la majorité des unités de plaisance sont amarrées au sud, dans le South
Portland, un secteur compris entre Knightville et Fort Preble. C’est dans l’une des nombreuses marinas édifiées sur la rive sud que nous allons prendre possession du 270 Dauntless que Jeff Vaughn, le vice-président de Boston Whaler, a mis à notre disposition. Motorisé avec un 300 chevaux Verado et doté d’un faible tirant d’eau, cet open s’avère parfait pour découvrir les petites criques peu profondes de l’archipel de Casco Bay. Notre point de départ sera Port Harbour Marine, situé à quelques encablures de Spring Point Ledge Lighthouse. Ce phare aux formes rondouillardes, situé à l’extrémité d’une jetée en pierre, marque l’entrée du chenal entre les deux rives de Portland. L’endroit est bien abrité et la marina possède tous les équipements nécessaires pour faciliter la vie du plaisancier : places de parking abondantes et proches des pontons, échoppes destinées à l’avitaillement et aux articles de pêche, restaurants, pompes à carburant, etc.
Des conditions de navigation plutôt faciles
Pas de doute, les Américains ont le sens du commerce et du service, et cela se vérifie jusque dans leurs marinas. Certains ports de plaisance français pourraient en prendre de la graine… Après un court briefing en compagnie de Peter, le maître de port, concernant le fonctionnement de l’électronique du bord, nous prenons connaissance de la météo et de la topographie du plan d’eau, des chenaux, des abords des îles, etc. La cartographie nous sera précieuse, même si Peter nous assure que la navigation n’a rien de compliqué : il n’existe pas de dangers particuliers, les eaux sont saines, globalement peu profondes et sans hauts-fonds. Les marées n’excèdent pas 5 mètres lors des vives eaux, ce qui n’était pas le cas au moment de notre présence dans le Maine. Quant au courant, il est globalement faible. Il faut seulement prendre garde aux bouées des casiers à homards qui peuvent flotter entre deux eaux. L’heure de l’appareillage a sonné, et nous mettons le cap à l’ouest. Notre navigation commence par un slalom entre les îles de House Island, Cushing Island et Peaks Island, à peu de distance de notre marina (moins d’un mille nautique pour la plus proche). Le trafic est calme en ce mois d’octobre ; c’est tout juste si des petits ferries croisent entre les îles pour débarquer voitures et passagers. Les lobsterboats sont en revanche omniprésents, la plupart prenant la direction du port pour décharger leur précieuse cargaison. Il faut dire qu’entre le Maine et le homard, c’est une vieille histoire d’amour. À tel point que les pêcheurs mainois organisent tous les ans en août une dizaine de courses de lobsterboats, la finale se déroulant à Portland. À cette saison, beaucoup de spectateurs se retrouvent sur l’eau pour suivre cette régate d’un genre un peu
particulier… Pour l’heure,
la météo un peu plus automnale qu’estivale joue en notre faveur, levant une petite brise qui a dissipé la bruine matinale pour laisser place à un ciel d’un bleu vif, constellé de jolis cumulus pommelés. Il est difficile de trouver des éléments de comparaison avec des paysages français, car le relief n’est pas très important, même si des conifères surplombent de petites falaises. De superbes maisons en bois s’avancent dans la mer, la plupart possédant leur propre ponton. L’un d’eux reçoit même une paire de fauteuils Adirondack. L’envie de se prélasser se fait sentir, mais il est fortement déconseillé d’y débarquer, les Américains étant très à cheval sur la notion de propriété privée. De même – et cela vaut pour la quasi-totalité du front de mer – il n’existe pas comme en France de chemin côtier, à l’instar de notre fameux sentier des douaniers. Le seul moyen d’accéder directement à la mer par la terre s’effectue via des parcs ou des espaces publics, comme les plages.
Des saisons très marquées et de la neige en hiver
Notre Boston Whaler nous évite ce problème et nous musardons entre les îles, où de nombreux forts s’élèvent. Avant de se lancer dans une marine de guerre digne de ce nom, les Américains ont privilégié leur défense côtière, d’où l’édification de forts. Certains d’entre eux ont été renforcés durant la Seconde Guerre mondiale, dans le but de repousser d’éventuelles attaques de l’Axe et, d’une manière générale, de se prémunir d’un autre Pearl Harbour. Nous contournons Great Diamond Island par l’ouest, pour nous retrouver dans une petite crique, appelée Diamond Cove, où une dizaine de pontons forment une ravissante marina dissimulée au milieu de roselières. Après avoir longé Chebeague Island et Cousins Island, nous mettons cap au nord, vers le yacht-club de Portland, situé sur le continent. La côte déploie un dédale de majestueuses bâtisses perdues au milieu de bosquets aux feuillages enfiévrés par les teintes automnales. C’est une des caractéristiques de cette région, les saisons sont très marquées et notre venue précédera de seulement quelques semaines la neige qui tombe en abondance dès le mois de novembre. Une autre figure du Maine s’affiche alors, plus intimiste, où la pêche au homard s’arrête car les prises se raréfient, et où les habitants n’hésitent pas à équiper les calandres de leur pick-up d’étrave de déneigement ! Nous profitons des derniers rayons du soleil pour faire demi-tour et rejoindre notre place de port, non sans effectuer un détour par l’anse de Back Cove, accessible seulement à marée haute, puis dans la Fore River, plus profonde et qui sépare les deux rives de la ville. Assurément, la NouvelleAngleterre tient ses promesses, qu’il s’agisse de ses paysages, de son climat ou bien de l’accueil de ses habitants. Promis, nous
reviendrons ! ■