Moteur Boat Magazine

Baroudeur et amphibie

- TEXTE : FRANÇOIS PARIS. PHOTOS : L’AUTEUR ET IGUANA YACHTS.

Le chantier normand, spécialist­e de l’amphibie, lance un semi-rigide décliné sur la carène de l’Iguana, en y ajoutant des flotteurs. L’objectif est de conserver le principe d’un bateau doté de chenilles, mais avec un esprit baroudeur, le tout à un tarif plus abordable. Une réussite sur toute la ligne, tant en mer… que sur terre !

La recherche du bateau idéal est la quête de tout plaisancie­r… Et s’il existait, finalement ? Il s’agirait d’une unité à la fois performant­e en mer, dotée d’un excellent comporteme­nt marin, tout en étant capable de se déplacer sur terre, y compris sur les terrains les plus accidentés, pour se libérer des contrainte­s d’annexes et de places de port...

Ce bateau, c’est l’Iguana X100, dernier-né du chantier caennais dont la genèse remonte à une quinzaine de mois à peine. « L’idée de proposer un semi-rigide basé sur le concept de l’Iguana dans sa version coque dure est née en juin 2018, précise Julien Poirier, responsabl­e de la production chez Iguana Yachts. Les premiers coups de crayon ont été rendus publics un mois plus tard, avec une modificati­on du design intervenue vers octobre et novembre 2018. Notre volonté est d’être présent sur le marché du semi-rigide, tout en proposant un Iguana moins cher. Cette maîtrise des coûts permet de commercial­iser une unité plus fonctionne­lle pour toucher un spectre élargi de clients. »

Le concept des chenilles éprouvé

Ce X100 reprend le système terrestre des autres Iguana, avec une évolution propre à ce modèle : le radiateur pour le refroidiss­ement du moteur in-bord est situé à l’extérieur du tableau arrière. Le reste est inchangé, le concept des chenilles étant largement éprouvé. Si la carène est identique, la liaison coque-pont a toutefois été élargie pour offrir une surface supérieure destinée au collage du tissu des flotteurs. Mais le plan de pont est totalement nouveau, spécialeme­nt conçu pour ce semi-rigide décliné en deux versions, Confort et Fishing. Cette dernière verra le jour dans les prochains mois, en 2020, et sera pourvue d’un bac à poisson dans le coffre situé à plat pont à tribord. De même, la banquette arrière se repliera pour augmenter l’espace dans le cockpit et permettre de se caler contre le tableau arrière lors des actions de pêche ou pour découper le poisson sur le dessus du franc-bord. Enfin, un vivier prendra place dans le coin arrière sur tribord.

Quant au plan de pont du modèle Confort, il ne diffèrera que peu par rapport à celui du modèle essayé, qui fait office de prototype. Seule la banquette latérale arrière, à bâbord, sera raccourcie. Une cuisine est installée en option dans le leaningpos­t et des toilettes se nichent dans un logement spécifique situé audevant de la console.

Le pilote et son copilote profitent de deux positions de conduite, soit debout, calés en appui fessier contre l’assise relevable, soit assis, confortabl­ement installés dans les sièges baquets enveloppan­ts et montés sur amortisseu­rs. Le pare-brise n’est pas fumé, ce qui permet de profiter d’une excellente vue vers l’avant, tout en étant bien protégé. Une légère déformatio­n est présente dans l’arrondi du Plexiglas, au niveau des angles, mais sans

réelle incidence sur la visibilité. La circulatio­n autour de la console centrale s’effectue sans difficulté, avec en prime de solides appuis grâce aux montants du T-top, optionnel, qui recouvre une partie du cockpit. L’ensemble respire la solidité et les finitions sont à la hauteur. La partie supérieure de la grande soute centrale au-devant de la console sert de bain de soleil sur lequel deux personnes peuvent tenir et profiter d’un dossier confortabl­e pour bronzer ou lire, le tout avec une boisson fraîche à portée de main grâce aux deux porte-gobelets en inox présents dans le coussin.

Une motorisati­on thermique standard

Une baille s’insère dans la pointe, suffisamme­nt volumineus­e pour intégrer le mouillage et ses apparaux. Le tableau de bord est large et peut accueillir les nouveaux écrans de type Glass Cockpit.

À proximité de la manette des gaz se trouvent l’écran de contrôle du moteur in-bord et les commandes des chenilles. Iguana a aussi innové en ajoutant un interrupte­ur qui permet d’allumer en même temps les deux moteurs hors-bord sans avoir à tourner les clefs ; un système bien pratique pour passer plus rapidement du mode terrestre au mode marin. Les flotteurs n’empiètent pas sur l’espace intérieur et sont suffisamme­nt hauts et larges pour être protecteur­s.

Le carré et ses hautes hiloires sont également parfaits pour accueillir de jeunes enfants lorsque le bateau est en navigation. Un des avantages du système de chenilles est de se montrer parfaiteme­nt adapté à tous les types de terrain et de dénivellat­ion. Testé sur une plage en Bretagne nord, l’Iguana X100 s’est révélé très silencieux dans son mode terrestre, le bruit du moteur in-bord (un 4 cylindres de presque 60 ch) étant à peine perceptibl­e grâce à une excellente insonorisa­tion.

À l’instar de l’Iguana en « coque dure », le semi-rigide peut recevoir une motorisati­on in-bord électrique. Le passage de la terre à la mer est des plus simples, facilité par les moteurs déjà en position basse. Qu’il s’agisse de passer de l’eau à la terre ou l’inverse, il n’est pas besoin de relever les hors-bord, l’épaisseur des chenilles et la hauteur des bras étant suffisante­s et sans danger pour les embases ou les hélices.

Une fois à l’eau, le bateau reste très esthétique et, lorsque les chenilles sont relevées dans leur logement, rien ne laisse penser qu’il s’agit d’un bateau amphibie. Les flotteurs ne touchent pas l’eau à l’arrêt et n’ont pas de rôle stabilisat­eur, sauf en virage où ils font office de déflecteur très efficace, si bien que les

passagers ne sont pas mouillés. Ils sont également utiles pour amortir les arrivées de cale un peu brutales, cette caractéris­tique allant de pair avec son esprit baroudeur et tout terrain. Avec ses 2 x 300 chevaux, l’Iguana X100 fait des merveilles en mer.

Un comporteme­nt sans faille

Le poids des chenilles ne se ressent pas, ni en ligne droite ni en virage. Aidé par des hélices de quatre pales Revolution, il affiche une forte poussée au déjaugeage. Les remises de gaz à mi-régime permettent de retrouver la vitesse maximale instantané­ment, sans temps mort. Cette dernière est de 48 noeuds, mais 50 noeuds pourraient être dépassés avec des modèles d’hélices à trois pales.

Avec la mer de face comme dans le dos, le réglage du trim est peu sensible, tant le bateau est bien équilibré. Les retombées se font en douceur, sans taper et sans bruit parasite au niveau de la carène. Il faut dire que dans sa version bimoteur – celle essayée –, la coque de l’Iguana X100 est en époxy et carbone pour pouvoir supporter cette cavalerie de 600 chevaux. L’accroche en virage est excellente, sans gîte excessive. Le plaisir de pilotage est permanent, et la prise en main, immédiate, ne présente aucune difficulté.

Au ralenti, à l’approche de la plage, il est même capable de virer sur place, une fois ses chenilles baissées (dans l’eau), qui servent de quilles.

EN CONCLUSION

L’Iguana X100 est-il le fameux mouton à cinq pattes ? Plutôt un iguane à cinq pattes, tant son champ d’action est vaste, d’autant plus qu’il se montre à l’aise sur tous les terrains. Commercial­isé à partir de 246 000 € avec 300 chevaux, il s’avère plus accessible que les autres modèles de la gamme, tout en assurant un haut niveau de qualité et sans faire l’impasse sur les finitions.

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 ??  ?? Le pare-brise protège bien le pilote derrière la barre décalée à bâbord. L’espace sur le tableau de bord est suffisant pour accueillir deux grands écrans de type Glass Cockpit.
Le pare-brise protège bien le pilote derrière la barre décalée à bâbord. L’espace sur le tableau de bord est suffisant pour accueillir deux grands écrans de type Glass Cockpit.
 ??  ?? Le bateau de notre essai était un prototype : la forme des assises du carré arrière sera très légèrement revue.
Le bateau de notre essai était un prototype : la forme des assises du carré arrière sera très légèrement revue.
 ??  ?? Les deux sièges bolster sont enveloppan­ts et offrent deux positions pour piloter assis ou en appui fessier.
Les deux sièges bolster sont enveloppan­ts et offrent deux positions pour piloter assis ou en appui fessier.
 ??  ?? Le plan de pont s’articule autour d’une console centrale. Les montants du T-top sont autant de mains courantes où se tenir.
Le plan de pont s’articule autour d’une console centrale. Les montants du T-top sont autant de mains courantes où se tenir.
 ??  ?? Les rangements ne manquent pas à bord, à l’instar de ce grand et profond coffre.
Les rangements ne manquent pas à bord, à l’instar de ce grand et profond coffre.
 ??  ?? La partie avant peut recevoir un grand bain de soleil, comme ici, ou un espace clos pour loger des WC.
La partie avant peut recevoir un grand bain de soleil, comme ici, ou un espace clos pour loger des WC.
 ??  ?? Le bain de soleil ne couvre pas la totalité de l’avant, ce qui permet une circulatio­n optimale.
Le bain de soleil ne couvre pas la totalité de l’avant, ce qui permet une circulatio­n optimale.
 ??  ?? L’Iguana X100 reprend toutes les caractéris­tiques d’un semi-rigide, avec de gros flotteurs qui apportent une assise supplément­aire en virage et défléchiss­ent les vagues au loin.
L’Iguana X100 reprend toutes les caractéris­tiques d’un semi-rigide, avec de gros flotteurs qui apportent une assise supplément­aire en virage et défléchiss­ent les vagues au loin.
 ??  ?? Les chenilles sont propulsées par un moteur thermique de presque 60 chevaux en standard ou électrique en option.
Les chenilles sont propulsées par un moteur thermique de presque 60 chevaux en standard ou électrique en option.
 ??  ?? Nouveauté sur ce X100 : le système de refroidiss­ement du moteur thermique terrestre est situé à l’arrière du tableau.
Nouveauté sur ce X100 : le système de refroidiss­ement du moteur thermique terrestre est situé à l’arrière du tableau.
 ??  ?? Les chenilles sont capables de gravir des pentes jusqu’à 45° d’inclinaiso­n. La vitesse terrestre tourne autour de 7 km/h.
Les chenilles sont capables de gravir des pentes jusqu’à 45° d’inclinaiso­n. La vitesse terrestre tourne autour de 7 km/h.
 ??  ?? La baille est suffisamme­nt grande pour recevoir les apparaux de mouillage, y compris l’ancre qui n’est pas prévue pour rester à poste.
La baille est suffisamme­nt grande pour recevoir les apparaux de mouillage, y compris l’ancre qui n’est pas prévue pour rester à poste.
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