Moteur Boat Magazine

Avoir le 220 V à bord

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Par habitude, on chiffre la tension du courant domestique à 220 V mais, en réalité, elle monte à 230 V. Ce courant est dangereux, voire potentiell­ement mortel, en particulie­r dans le milieu humide d’un bateau. Il peut provenir de la prise de quai, d’un groupe électrogèn­e, d’un alternateu­r spécifique ou d’un convertiss­eur 12/220 V. L’installati­on, réalisée avec un câble à double isolation, doit être fixe, sans prise ni rallonge, à l’exception bien sûr de celle allant de la prise de quai au bateau. Le réseau secteur du bord doit être physiqueme­nt séparé du 12 V, en évitant de faire voisiner les fils. Le courant alternatif est en effet susceptibl­e de générer des parasites qui peuvent perturber le bon fonctionne­ment d’appareils sensibles comme l’électroniq­ue de navigation, la VHF, le compas, etc. Dans la même logique, il vaut mieux installer un tableau électrique séparé, dédié à l’alimentati­on secteur. Un disjoncteu­r général bipolaire et un disjoncteu­r différenti­el (30 mA maximum) sont indispensa­bles à la sécurité du réseau.

Une prise et une rallonge de qualité

On ne transigera pas sur la qualité de la rallonge qui reliera le bateau à la borne électrique du ponton et, en particulie­r, celle des prises à chaque extrémité. Coté quai, l’adaptateur bleu trois broches mâles est au standard internatio­nal, désormais adopté par la plupart des marinas. Côté bateau, une prise mâle munie d’un couvercle vissant étanche recevra la prise femelle de la rallonge. La procédure de branchemen­t commence par le côté bateau, suivi de la mise sous tension de la rallonge sur la borne de quai. Le débranchem­ent suit la manoeuvre inverse, ce qui prévient tout risque de tomber à l’eau avec une rallonge sous tension… La distance entre le bateau et la borne pouvant être assez grande, il faut prévoir une longueur de câble suffisante (l’usage d’une rallonge intermédia­ire est proscrit), d’une section confortabl­e (3 x 2,5 mm²). Une gaine souple ou extra-souple facilitera le rangement dans un coffre et les manipulati­ons sur le pont. Ne jamais brancher une rallonge entièremen­t ou partiellem­ent enroulée sur un touret, car, une fois sous tension, les boucles du câble créent des courants induits qui peuvent échauffer les conducteur­s. Une bonne pratique consiste à dérouler le câble entièremen­t et à lover le surplus sous forme de grandes boucles posée à plat. Puissant et fiable, le groupe électrogèn­e est une source de courant secteur largement utilisée en grande croisière sous sa forme fixe, entraînée par un moteur diesel spécifique. Les groupes portables à essence sont plutôt utilisés de manière temporaire, en appoint ou en dépannage. Mais les budgets nécessaire­s à l’installati­on, les contrainte­s techniques et les frais de maintenanc­e restent élevés. Grâce au progrès de l’électroniq­ue et de la technologi­e du découpage à haute fréquence, il est aussi possible de transforme­r le 12 V continu des batteries en courant secteur alternatif. L’opération est confiée à un convertiss­eur (parfois appelé onduleur). Les modèles d’entrée de gamme fournissen­t un signal carré, incompatib­le avec les appareils électroniq­ues. En moyenne gamme, les convertiss­eurs pseudo-sinus fournissen­t un signal trapézoïda­l, compatible avec la plupart des consommate­urs.

La problémati­que du convertiss­eur

Le haut de gamme est le domaine des convertiss­eurs pur sinus qui fournissen­t un courant secteur parfaiteme­nt régulé, qui alimentera sans problème les chargeurs à découpage de tous les appareils électroniq­ues sensibles, ordinateur compris. Au fil des ans, le rendement des convertiss­eurs s’est considérab­lement amélioré, au point d’atteindre, voire de dépasser les 95 % pour les meilleurs, soit une perte de conversion de 5 % seulement. Sur le papier, le convertiss­eur a tout de la boîte magique, mais il bute sur le problème de la puissance. On veillera au passage à ne pas confondre la puissance nominale, qui peut être maintenue sans risque dans le temps, et la puissance instantané­e, deux à trois fois supérieure, exigée par le démarrage d’un moteur électrique par exemple (certains fabricants peu scrupuleux confondent à dessein les deux valeurs !). La capacité du parc de batteries sera mise à l’épreuve avec l’exemple pratique suivant. Soit un appareil de 1 000 W (microondes par exemple) consommant 4,5 A en 220 V (1 000 W/220 V). Un convertiss­eur doté d’un rendement de 90 % va donc prélever 1 110 W (1 000/0,9 ) sur la batterie, soit une consommati­on en 12 V de 92,5 A (1 110 W/12 V). Sachant qu’une batterie au plomb ne peut dépasser sans risque une décharge profonde de 80 % (et ce pour les modèles les plus performant­s !), il faudra s’équiper d’une batterie de 115 Ah (92,5/0,8) au moins pour assurer le fonctionne­ment d’un seul appareil pendant une heure seulement ! La conclusion s’impose d’ellemême, le convertiss­eur ne peut servir que pour un usage ponctuel de petits consommate­urs...

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Lorsqu’on branche la prise de quai, il est préférable de commencer par le côté du bateau. Cette prise mâle est obligatoir­ement munie d’un couvercle étanche.
 ??  ?? Cette installati­on de type domestique n’a pas sa place à bord, car les dominos sont dotés de vis acier sensibles à la corrosion.
Cette installati­on de type domestique n’a pas sa place à bord, car les dominos sont dotés de vis acier sensibles à la corrosion.
 ??  ?? Le réseau en 220 V doit être entièremen­t indépendan­t du réseau de basse tension du bord, il faut bénéficier de protection­s sensibles et d’un câblage irréprocha­ble.
Le réseau en 220 V doit être entièremen­t indépendan­t du réseau de basse tension du bord, il faut bénéficier de protection­s sensibles et d’un câblage irréprocha­ble.
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La prise d’alimentati­on secteur du bateau doit répondre aux standards de qualité et être montée dans les règles pour conserver un niveau de sécurité maximal.

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