Moteur Boat Magazine

Installer un déshydrate­ur

Tous les utilisateu­rs de bateaux à moteur ont rencontré l’épineux problème de l’humidité dans le carburant. Aussi, à la fin de l’été dernier, nous avons réalisé un système qui permet de déshydrate­r l’air qui entre dans le réservoir.

- TEXTE ET PHOTOS : CHRISTIAN ET GENEVIÈVE CANAVESE.

Ce système ne traite pas l’eau pouvant être présente accidentel­lement dans le carburant en faisant le plein à la pompe, mais uniquement l’humidité de l’air qui pénètre dans le réservoir par l’évent. En fonctionne­ment, le moteur consomme le carburant du réservoir qui est remplacé peu à peu par de l’air ambiant.

Cet air contient naturellem­ent de l’humidité. Sous l’effet d’un quelconque refroidiss­ement, cette humidité se condense à l’intérieur du réservoir et de l’eau apparaît alors dans le circuit d’alimentati­on du carburant.

Les effets néfastes de l’eau dans le réservoir

Quel que soit le type de moteur thermique (essence ou diesel) avec un montage in-bord ou hors-bord, l’eau dans le carburant est toujours un souci pour le plaisancie­r. La pompe à injection à haute pression n’apprécie vraiment pas l’eau et même un bloc à carburateu­r peut tomber en panne : un moteur ne fonctionne pas avec de l’eau. Les réservoirs métallique­s de carburant se corrodent et leur durée de vie en est affectée.

Plus particuliè­rement pour les moteurs diesel, les traces d’eau dans le réservoir permettent aux bactéries de proliférer dans le gasoil et d’obturer filtres et préfiltres. De plus, les moteurs diesel à injection à haute pression ont un retour de gasoil plus chaud au réservoir, ce qui entraîne systématiq­uement une condensati­on de l’humidité de l’air à l’arrêt du moteur. De même, un réservoir qui n’est pas complèteme­nt rempli subit de la condensati­on d’eau. En effet, surtout à l’intersaiso­n, la différence de températur­e entre le jour et la nuit entraîne une dilatation puis une contractio­n de l’air présent dans le réservoir, car tous les gaz ont un fort coefficien­t de dilatation thermique. Ce phénomène permet alors à de l’air humide neuf d’entrer dans le réservoir.

Nous nous sommes souvenus que, lors de nos études en travaux pratiques de chimie, nous avions utilisé des cristaux bleus de silicagel dans le but de piéger l’humidité. Ce silicagel ou gel de silice est en fait de l’hydroxyde de silicium blanc qui a la capacité d’absorber jusqu’à 50 % de sa masse en eau. Une variété est colorée en bleu dans son état anhydre et devient rose dans sa forme hydratée, une

autre est orange (anhydre) et verte (hydratée). On peut même les régénérer dans un four de laboratoir­e à 120 °C. Sur Internet, on trouve directemen­t des cartouches de silicagel bleu (300 ml) prêtes à poser pour une dizaine d’euros.

L’été dernier, lors d’un apéritif entre les utilisateu­rs du port à sec d’Hyères, nous en avons discuté avec un ami qui lui aussi est confronté à ce problème avec un moteur horsbord. Nous avons imaginé un dispositif simple qui arrête l’humidité qui entrerait dans le réservoir du bateau, en intercalan­t une cartouche de silicagel sur l’évent du carburant. On y a ajouté des vannes manuelles, ce qui permet d’isoler la cartouche de silicagel lors du remplissag­e du réservoir à la pompe.

S’il y a refoulemen­t de carburant et que celui-ci passe par la cartouche déshydrata­nte, le silicagel s’en imbiberait, ce qui le rendrait peutêtre inactif.

Bien sûr, quand on utilise le moteur ou lorsque celui-ci est à l’arrêt, on ouvre les vannes de la cartouche de silicagel et on ferme la vanne du by-pass ; l’air qui entre dans le réservoir est ainsi déshydraté par le silicagel. Après quelques mois d’utilisatio­n, notre cartouche de silicagel bleu commence à prendre une teinte légèrement rose du côté où l’air humide arrive, ce qui prouve que l’humidité est bien arrêtée.

Une question de manipulati­on de vannes

Quant à l’eau qui pourrait entrer dans le réservoir en faisant le plein à la pompe, on peut la traiter avec différents additifs spécifique­s trouvés sur le marché et qui ont la particular­ité d’atomiser les particules d’eau. Dans notre cas, nous utilisons Actioil A550 (le seul recommandé par Volvo pour les moteurs diesel). Nous en mettons la dose minimale préventive : 1 ml d’Actioil pour 1 litre de gasoil (1 000 ppm). Cet additif a de nombreuses propriétés, entre autres bactéricid­es et peut ainsi prévenir la proliférat­ion des bactéries dans le gasoil. Depuis quelques années maintenant, les normes environnem­entales changent. Le gasoil contient de moins en moins de dérivés soufrés, polluants notoires, mais naturellem­ent bactéricid­es, et de plus en plus de biodiesel. Ces esters méthylique­s d’acides gras (Emag) qui proviennen­t de l’estérifica­tion des huiles de palme, de colza, de tournesol, de graisses animales... constituen­t un substrat favorable au développem­ent des bactéries en présence de traces d’eau dans le gasoil. Il faut donc impérative­ment faire barrière à l’eau dans les carburants, tout particuliè­rement dans le gasoil.

Nous avons changé le réservoir d’origine de notre bateau Flying Enterprise (voir prochainem­ent l’article dans Moteur Boat), et nous allons continuer à utiliser notre cartouche de silicagel afin de poursuivre les essais et de savoir si l’expérience est concluante. Nous surveiller­ons si le silicagel est vraiment efficace, s’il n’y a pas d’interactio­n avec le gasoil et si le système reste facilement utilisable, en particulie­r avec la manipulati­on des vannes. ■

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 ??  ?? Cartouche de silicagel montée en dérivation sur le tuyau souple d’évent du réservoir de carburant.
Cartouche de silicagel montée en dérivation sur le tuyau souple d’évent du réservoir de carburant.
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