Humidité et carburants
Doit-on hiverner son bateau avec un réservoir plein ou au contraire vide de son carburant ?
La question ne manque pas d’agiter les contributeurs des forums spécialisés, chacun persuadé de la pertinence absolue de son choix. Sans vouloir rejouer le jugement de Salomon, force est de constater que les deux pratiques cohabitent, avec des résultats sensiblement identiques. Les réservoirs contiennent de l’air, susceptible de générer une condensation d’eau qui s’écoulera dans le carburant. Pour minimiser le phénomène, il faut limiter la surface d’air libre avec le carburant. Pour ce faire, on peut remplir le réservoir à ras bord ou, au contraire, le vider entièrement (facile avec une nourrice, nettement moins avec un réservoir fixe). Autre critère à prendre en compte, la sensibilité propre des carburants au vieillissement et à l’humidité, qui diffère entre le gasoil et l’essence. L’eau contenue dans le gasoil tend à favoriser le développement de bactéries qui finissent par s’accumuler dans les filtres et le système d’injection. Mais, dans la pratique, les gasoils de bonne qualité sont garantis six mois par les pétroliers, ce qui permet d’hiverner sans problème un réservoir plein et de le réutiliser en début de nouvelle saison. Deux précautions valant mieux qu’une, il est possible d’ajouter un dispersant d’eau et un biocide qui préviendront les difficultés au redémarrage, sachant que les filtres décanteurs sont aussi très efficaces pour récupérer l’eau et les boues contenues dans le réservoir. Combinée à l’éthanol, l’essence se dégrade bien plus rapidement que le gasoil, car cet alcool s’évapore naturellement au fil des semaines et condense l’humidité, engendrant une stabilité insuffisante pour passer l’hivernage en toute tranquillité. On peut là encore ajouter des additifs, comme un dispersant d’eau et un stabilisant (certains composants de l’essence tendent à se décanter dans le temps et à tomber au fond de la cuve).
Dans ces conditions, hiverner un réservoir à essence vide semble plus logique que de redémarrer au printemps avec un plein d’essence vieillie et à l’efficacité non garantie par les pétroliers. Quant à jeter un plein avant de reprendre la mer, cette pratique, ruineuse financièrement, ne semble pas en phase avec les exigences environnementales les plus élémentaires...