La filière de déconstruction veut sortir de l’expérimentation
Avec 363 bateaux déconstruits en 2019, 1 259 en 2020, et 2 200 en 2021, 26 centres de déconstruction agréés en France, et dix supplémentaires dans l’année 2022, les objectifs annoncés par l’association pour la plaisance responsable (Aper), chargée de la filière de déconstruction des vieux bateaux, semblent pourtant encore lointains. Quand, agréée comme éco-organisme par l’État, elle a pris en main le dossier, l’Aper annonçait entre 20 000 à 25 000 bateaux déconstruits sur la période 2019 à 2023. « La filière est en plein développement, le rythme s’accélère, le besoin est là », assure Guillaume Arnauld des Lions, directeur général à l’Aper et délégué général adjoint de la Fédération des industries nautiques (Fin) qui a imaginé dès 2009 cette filière unique au monde. Pour cela, l’Aper compte sur l’appui de l’État, par la prochaine loi de finances et celle contre le gaspillage et pour une économie circulaire en 2023. Concrètement, une fois le bateau dépollué, dégazé, il est broyé et chaque fraction (bois, plastique, métal, fibre de verre…) est envoyée vers la filière de recyclage adapté. Aujourd’hui, 60 % du poids d’un bateau qui arrive en fin de vie est constitué de composite polyester. Broyé, il est valorisé en combustible solide de récupération (CSR). Essentiellement utilisé pour alimenter des fours de cimenterie, il peut aussi être recyclé – plus rarement – dans du mobilier urbain, des regards d’égout ou des descentes d’eau fluviale. Pour développer cette valorisation et atteindre le stade zéro élimination, le gros défi est de parvenir à massifier les volumes de CSR et de standardiser leur qualité afin d’être intéressante pour l’industrie. Aujourd’hui, on est encore dans de l’expérimentation. C’est pourquoi la filière se rapproche d’autres secteurs comme l’éolien, l’aéronautique ou l’automobile, dans le but de repérer les gisements de CSR et d’avoir du volume pour trouver de meilleures solutions de recyclage.