Il indique la zone des 300 m
Cet astucieux boîtier communique au plaisancier sa position par rapport à la zone des 300 mètres. Après trois ans consacrés au développement de l’algorithme et aux dépôts de brevets, le Gobi 300 va connaître en 2022 sa phase de commercialisation.
L’invention du Gobi 300 est née suite à un accident tragique, survenu il y a quatre ans à proximité du port d’Hyères : une collision entre deux bateaux qui s’est soldée par deux noyés. Face à ce désastreux bilan humain, Alban Sailly, qui travaille au bassin numéro 3 de la capitainerie d’Hyères, s’est dit qu’il fallait à tout prix éviter ce genre de drame. « Cet accident s’est déroulé de nuit, précise-t-il. Je me suis dit que si le plaisancier avait eu conscience qu’il était dans la bande des 300 mètres, il aurait pu ralentir. » Tous les plaisanciers le savent : il est parfois difficile d’estimer cette zone des 300 mètres, surtout de nuit ou par mauvaise visibilité. D’ailleurs, à quoi correspond-elle ? À un terrain de football, à plusieurs cours de tennis ? Sans compter qu’il existe également des secteurs où la vitesse réglementée ne commence pas à 300 mètres, mais à 600 mètres. Quand ce ne sont pas des zones où la navigation est totalement interdite… « Pourquoi ne pas créer un outil qui permette au plaisancier de savoir où il se trouve ? », s’est alors demandé Alban Sailly qui a d’abord pris contact avec un informaticien pour tester la faisabilité de son idée, rapidement confirmée. Puis il s’est rapproché d’un professeur agrégé de mathématiques (qui a conçu l’algorithme) et enfin d’un électromécanicien (qui a évalué la partie technique du projet).
Une version finale miniaturisée
Aujourd’hui, ces quatre Varois sont associés dans une société qui va produire le Gobi 300, ce dernier tirant son nom du petit poisson qui traîne ses nageoires dans les eaux peu profondes des enrochements, près des ports. On comprend facilement l’analogie… Après trois années consacrées au développement de l’algorithme et aux dépôts de brevets, le Gobi 300 entrera à partir du deuxième semestre 2022 dans sa phase de commercialisation. Le boîtier que nous présente Alban Sailly est un prototype en aluminium. La version finale va être grandement miniaturisée et sera évidemment en plastique et étanche. Mais l’essentiel est là, c’est-à-dire qu’il comportera une diode qui passe du vert au rouge. Le rouge est clignotant 40 mètres avant d’approcher les 300 mètres, lorsqu’on arrive du large, ce qui permet au plaisancier de décélérer. Simple et efficace.
À noter également qu’une version de type montre-bracelet, encore plus petite, pourrait voir le jour pour les pratiquants de jet-ski.
Un autre usage du Gobi 300 va particulièrement intéresser les assureurs, qui pourraient proposer une réduction à leurs assurés si ces derniers embarquent avec eux un Gobi 300, un peu à l’image d’un coupe-orin qui peut réduire la police d’assurance. Le concept est simple : « Le boîtier est conçu pour produire un “ping” toutes les trois secondes lorsqu’il se trouve dans les 300 mètres [comme celui émis par les avions lorsqu’ils sont en vol, ndlr]. Un simple calcul arithmétique permet de calculer la vitesse par rapport à la position GPS du bateau. On peut ainsi savoir à quelle vitesse naviguait un bateau en cas d’accident, ce qui permet de protéger d’éventuels nageurs, des paddles, voire le plaisancier pour prouver sa bonne foi. » Les données sont enregistrées dans une carte mémoire de type micro-SD. « Nous avons prévu de les effacer automatiquement au bout de quinze jours, mais, en fonction des demandes des autorités, nous sommes capables d’augmenter cette durée si nécessaire. » Quant à l’autonomie de la batterie (de type lithium), elle est de six jours de fonctionnement en continu, et se recharge sur secteur ou par un câble en USB.
Enfin, le Gobi 300 se met automatiquement en veille dès qu’il sort des 300 mètres (ou des 600 mètres en cas de zone protégée ou spécifique) afin d’économiser la batterie dont l’autonomie est alors beaucoup plus longue.
Tout le littoral français est couvert
Tout le littoral de la France métropolitaine et de la Corse va être couvert (les territoires d’outremer le seront prochainement), avec des points GPS entrés manuellement au sein du logiciel. « Ces points GPS existent, mais ils n’ont jamais été référencés spécifiquement pour un tel usage, sur une carte, explique Alban Sailly. C’est la partie la plus longue et la plus fastidieuse de notre travail. Mais elle est nécessaire. » Les îles d’Hyères et de la rade de Toulon toute proche représentent d’ailleurs un terrain idéal pour tester le Gobi 300, en raison des zones particulières qui y abondent. On pense surtout aux spécificités du parc marin de Porquerolles et de Port-Cros, mais aussi aux zones réservées à la marine nationale du côté de l’île du Levant et de Saint-Mandrier… L’Atlantique et la Bretagne ne sont pas en reste, avec leurs îles, leurs phares, etc. « Le logiciel du Gobi 300 pourra évidemment recevoir des mises à jour en cas de changements, notamment réglementaires. » Un site dédié va être lancé au moment de la commercialisation. L’équipe est à la recherche d’investisseurs pour financer une partie du projet. Coté coût, le Gobi 300 devrait être vendu aux alentours de 150 €.