Moteur Boat Magazine

La remontée de la Laïta

- TEXTE : FRANÇOIS PARIS. PHOTOS : PIERRICK CONTIN.

Faisant office de séparation naturelle entre le Finistère et le Morbihan, la Laïta est un ravissant fleuve côtier qui se jette dans l’Atlantique entre le Pouldu et Guidel. Nous l’avons remonté par très grande marée basse, grâce à un Scoot-X – étonnant bateau doté d’un très faible tirant d’eau – qui nous a permis de tutoyer les bancs de sable.

La fenêtre de tir était étroite… Entre la météo capricieus­e du mois de février, les disponibil­ités des bateaux et les marées, il n’était pas évident de planifier notre reportage, encore moins de sélectionn­er le bon jour pour cette remontée de la Laïta. Ce projet de navigation nous trottait dans la tête depuis le précédent Nautic de Paris, où était exposé le Scoot-X (voir l’encadré consacré à son essai), dernier-né du constructe­ur lorientais Bagoù Boats. Jérôme Clément, l’un des deux associés du chantier, nous propose de tester cet étonnant bateau (car c’en est bien un !) sur la Laïta.

Calme et dotée de rives attrayante­s, cette petite parenthèse bleue entre deux côtes très verdoyante­s est en effet un terrain de jeu idéal pour bien prendre en main le Scoot-X.

Fort coefficien­t et marée basse

Même si la marée n’était pas vraiment favorable, nous avons profité d’une des rares journées ensoleillé­es de février, et ce en dépit d’un fort coefficien­t d’environ 80. De plus, la mer baissait au moment où nous mettions les bateaux à l’eau. Autant dire que le chemin risquait d’être pavé de nombreux bancs de sable. La capitainer­ie nous avait prévenus... Il semblait difficile de remonter au-delà de l’abbatiale de Saint-Maurice, située au niveau du premier tiers de la distance parcourue entre l’embouchure et Quimperlé, où la Laïta se forme à la confluence de l’Ellé et de l’Isole. Mais le défi méritait d’être relevé, l’objectif étant d’aller le plus loin possible…

C’était peut-être un peu audacieux car, en règle générale, à marée descendant­e, la Laïta se parcourt depuis Quimperlé vers l’embouchure et non dans le sens inverse. Jérôme Clément donne le ton dès

les premières minutes, sur le parking du port de Guidel : « Le maître mot de ce Scoot-X est la simplicité. » Celle-ci nous est confirmée sur la cale de mise à l’eau, où le bateau tient sur une petite remorque et s’avère des plus faciles à manipuler. L’embarqueme­nt surprend, tant le bateau est stable, bien loin des stand-up paddles avec lequel il n’a rien de commun. La prise en main est intuitive grâce à un guidon et à l’accélérate­ur situé sur la poignée droite. La position de pilotage est excellente, et il est même possible de se tenir debout, sans risque de chavirer. Nous tournons le dos au large, là où la Laïta rencontre l’Atlantique, car la présence d’une barre nous interdit ce jour-là l’accès aux puissantes vagues qui se lèvent au-delà de l’embouchure.

Naviguer en silence sur la rivière

En revanche, le Scoot-X se joue sans difficulté du courant fort dont les veines pulsent entre les bouées de mouillage. Comme avec toutes les motorisati­ons électrique­s, l’accélérati­on est franche et sans temps mort. Mais c’est la sensation de naviguer en silence qui demeure le plus agréable. Seul le chuintemen­t de nos vagues de sillage est perceptibl­e, une sonorité naturelle qui ne semble pas déranger les oiseaux marins. Ces derniers profitent des bancs de sable qui se forment dès l’embouchure pour se reposer. Longer les rives au plus près est possible, sans crainte de s’échouer. Et, lorsque nous sentons que le V de la carène bute dans le sable ou dans la vase, il suffit de rejoindre la partie avant du bateau, ce qui a pour effet de soulager l’arrière. Un coup d’accélérate­ur et le Scoot-X

retrouve des eaux plus profondes et reprend le fil de sa navigation.

La Laïta est un fleuve côtier relativeme­nt étroit et, à marée basse, les bancs de sable la rendent difficile d’accès aux grands tirants d’eau. Sans compter les parcs à huîtres et les bouées de mouillage où quelques bateaux sont encore embossés. Les derniers disparaiss­ent, annonçant la présence d’eaux moins profondes. Les bancs de sable forment des méandres entre mer et campagne. Exception faite de quelques maisons qui s’élèvent sur les côtes, l’endroit est sauvage et plutôt désert.

Une turbidité importante sur la Laïta

Nos seuls compagnons de route sont des canards, des hérons, quelques cormorans et des nuées de limicoles occupés à fouiller la vase. L’abbatiale de Saint-Maurice s’approche, et le niveau de la batterie flirte encore avec les 90 %. Il faut dire que notre vitesse (de l’ordre de 3 ou 4 noeuds) est très économique.

Le pont qui porte le même nom que l’édifice religieux tout proche est en vue, mais il faut nous résoudre à stopper là notre parcours, juste au niveau de son tablier. Le banc de sable semble occuper toute la largeur et les fonds sont trop faibles pour nous autoriser à aller au-delà. De plus, la turbidité de la Laïta est assez importante, ce qui nous empêche de juger de la présence d’eaux plus profondes, d’autant que notre carte manque de détails. Au-delà du pont, nous distinguon­s le deuxième tiers de la Laïta qui borde une magnifique forêt, ou plutôt deux, situées côté Finistère : le bois de Saint-Maurice et la forêt domaniale de Carnoët, plus au nord. Les deux regorgent d’un patrimoine d’une richesse exceptionn­elle, avec ses chapelles, ses tumulus et dolmens, ses étangs, sans oublier le pont du Diable qui

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 ?? ?? Ces bateaux au mouillage indiquent la présence d’eaux profondes. Mieux vaut s’en approcher.
Ces bateaux au mouillage indiquent la présence d’eaux profondes. Mieux vaut s’en approcher.
 ?? ?? Ce joli plan d’eau est surnommé « la bassine », car il forme une vaste étendue au-devant du port de Guidel.
Ce joli plan d’eau est surnommé « la bassine », car il forme une vaste étendue au-devant du port de Guidel.
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Des bouées de mouillage réservées aux visiteurs sont présentes entre les deux ports situés au niveau de l’embouchure.
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 ?? ?? En face de Guidel dans le Morbihan, c’est le port du Pouldu qui indique la présence du départemen­t du Finistère.
En face de Guidel dans le Morbihan, c’est le port du Pouldu qui indique la présence du départemen­t du Finistère.
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Au guidon de ce Scoot-X, la balade sur la Laïta se fait ludique, mais aussi sécurisant­e.
 ?? ?? Même à marée basse comme ici, une barre est bien présente au niveau de l’embouchure. Si les surfeurs apprécient, les plaisancie­rs un peu moins…
Même à marée basse comme ici, une barre est bien présente au niveau de l’embouchure. Si les surfeurs apprécient, les plaisancie­rs un peu moins…
 ?? ?? La Laïta est plutôt protégée de la houle, mais le courant peut être violent, y compris en remontant loin dans les terres vers Quimperlé.
La Laïta est plutôt protégée de la houle, mais le courant peut être violent, y compris en remontant loin dans les terres vers Quimperlé.
 ?? ?? De belles demeures surplomben­t les rives, comme ici ces maisons qui surveillen­t les parcs à huîtres au pied de la falaise.
De belles demeures surplomben­t les rives, comme ici ces maisons qui surveillen­t les parcs à huîtres au pied de la falaise.

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