The italian job
Pour terminer en beauté l’année du retour en force du Wheels and Waves, quoi de mieux qu’une version toscane de l’événement dans un spot emblématique du surf ? Avec l’immense plage de Lido di Camaiore comme terrain de jeu.
Quoi de plus naturel pour un produit international que de l’exporter? Pour sa onzième édition après deux années compliquées dues à la pandémie mondiale, le festival Wheels and Waves a retrouvé ses couleurs en juin 2022, rassemblant comme à son habitude nombre de motards étrangers convergeant vers le Pays basque pour une semaine de réjouissances autour d’une certaine façon de vivre le surf et la moto. « Cette année, c’était 57 %, dont évidemment beaucoup d’Européens. Des frontaliers espagnols, mais aussi beaucoup d’Italiens, qui sont de fervents supporters et participants de l’événement », précise Jérôme Allé, cofondateur du Wheels and Waves, très enthousiaste à l’idée d’exporter le concept né à Biarritz sur la côte toscane, après l’avoir fait en Californie et au Japon. Lido di Camaiore, section côtière de la cité balnéaire de Camaiore emblématique dans les années 30, est aussi un berceau du surf situé au pied des montagnes de Carrare, dont on extrait le célèbre marbre.
L’ambition des organisateurs, quelques mois après la renaissance du Wheels and Waves originel, était de reprendre sur un format condensé les événements qui ont forgé l’identité du rassemblement de Biarritz, avec la fameuse course de dirt-track El Rollo, prévue au beau milieu du festival italien, le samedi midi. La veille au même endroit, via del Magazzeno, était organisé le Vintage Rally, qui a gagné ses lettres de noblesse cette année à Biarritz. Quant à la nouvelle épreuve imaginée cette année, The Race Of The Lords, elle pouvait se tenir sur la plage de Lido di Camaiore dans la plus pure tradition des beach races des années folles (avec des motos de cette “Belle Époque”), pour clôturer en beauté l’édition italienne, dimanche 9 octobre, quatre jours après l’ouverture du Wheels and Waves Italia par l’exposition Art Ride. Là encore, Jérôme Allé et ses acolytes Julien, Benjamin et Valérie ont repris une formule éprouvée : « C’était un clin d’oeil au kickoff de Wheels and Waves au tout début, qui se passait le jeudi soir. On a exposé les oeuvres de trois photographes, dont l’incontournable photographe de surf Bernard Testemale et ses portraits absolument hallucinants de surfeurs hawaïens. Alex Mayol aussi était présent, il fait partie de la famille maintenant… et puis Thomas Lodin, qui avait davantage de photos exposées ».
Le Skate Contest, toujours baptisé “Hit The Deck”, a rencontré un franc succès avec des rampes essentiellement situées à l’intérieur du Village, et si les vagues ont manqué pour la compétition de surf (« c’est plus aléatoire en Méditerranée qu’à l’océan, mais ça nous était arrivé en Californie aussi », tempère Jérôme), l’ambiance
californienne était bien là, « avec les quartiers quadrillés à l’américaine, l’immense plage de 120 mètres de large et la grande roue ». Quant aux “rides” organisés chaque jour au départ du Village W&W, ils ont tenu toutes leurs promesses avec les routes qui mènent aux mines de Carrare. « Quand tu quittes la plage, tu fais 8 kilomètres et tu es dans les Alpes avec des routes de montagne qui montent direct à 1 700 mètres d’altitude avec des paysages vertigineux… » continue Jérôme, qui a trouvé le temps de prendre le guidon, comme à son habitude. « Sauf que je suis tombé en panne dans la catégorie pré-50, de toute façon je n’arrivais plus à tenir le guidon » confesse-t-il, reconnaissant que la condition physique n’était pas là dans une section sable « assez complexe ». Difficile aussi, l’élaboration de la piste de dirt-track « construite en une nuit mais magnifique », à l’image d’une année éprouvante mais gratifiante pour l’équipe dirigeante du Wheels and Waves. L’organisation a heureusement été facilitée par la ville-hôte, déchargeant au passage les membres organisateurs de toutes les formalités administratives qui tournent à la galère pour la tenue de l’événement à Biarritz. « Je suis personnellement très heureux d’être arrivé au bout de cette année, lâche Jérôme. J’ai vraiment l’impression d’avoir mené un combat acharné sans relâche, parce que rien n’a été simple. » Et de citer pêle-mêle les autorités, l’adversité, les changements de mentalité « après une période qui a fait beaucoup de dégâts à tous les niveaux ». Pour cette première édition italienne, les organisateurs ont pu retrouver un peu de l’émotion des débuts, même si l’affluence plus importante que prévu les a vite accaparés. « On espérait entre deux et trois mille personnes et puis on a eu quasiment le double », glisse Jérôme, ajoutant que « cette édition italienne a eu une espèce de résonance assez incroyable », au point de voir affluer les propositions du monde entier : « Je suis en train de discuter pour exporter l’événement en Argentine, sinon quelqu’un qui bosse pour le ministère du tourisme d’Abou Dhabi voudrait qu’on fasse un truc là-bas… Des Australiens nous ont aussi contactés, ainsi que l’Allemagne du nord, près de Hambourg. Il y a aussi l’Afrique du Sud… ».
Quoi qu’il en soit, le festival Wheels and Waves a réussi à prendre la vague cette année, et même à la surfer à la perfection avec cette déclinaison sur la côte toscane.
Après l’océan Atlantique où tout a commencé, le Pacifique californien en 2017 et la baie du Japon, la Méditerranée convient tout autant pour célébrer l’état d’esprit Wheels and Waves. Quant à Biarritz 2023, les dates sont déjà fixées pour la douzième édition, du 21 au 25 juin, toujours à cheval entre France et Espagne. Parce que la raison d’être d’un tel événement est de passer les frontières. Au guidon si possible…
La Méditerranée convient tout autant que l’Atlantique et le Pacifique pour célébrer l’état d’esprit Wheels and Waves.