Belle du futur
DAB Motors, constructeur français, imagine notre futur et lui donne corps. Celui de cette ER-S électrique, belle comme une promesse de fun et de respect de l’environnement. Une première série sera construite en 2023. On fait le point avec son créateur, Simon Dabadie.
Entre DAB Motors et nous (et vous aussi qui nous suivez), c’est une longue histoire. Débutée en 2015, lorsque nous rencontrions pour la première fois ce jeune designer-ingénieur, installé sur la côte basque. Il venait alors de terminer une moto très aboutie, tant sur le plan mécanique (à combustion interne) qu’esthétique, et nous expliquait qu’elle était la première de ce qu’il espérait voir devenir autre chose qu’un simple exercice de style...
Il y avait dans sa démarche et dans les justifications qu’il avançait une vision essentielle à nos yeux: Simon Dabadie, tout en pensant écoresponsabilité en mettant en avant des solutions intelligentes, refusait les compromis et était convaincu du bien-fondé de sa démarche. Inscrite dans la réalité de la période où tous nous pensions que les choses étaient en train de changer fondamentalement dans notre petit monde de la moto, avec un grand M.
Lui venait de mettre un pied dans cet univers étrange et merveilleux de la construction motocycliste. À une époque où fleurissaient nombre d’ateliers plus ou moins embarqués dans le custom en plein renouveau, il faisait un vrai pas de côté. Car il envisageait de créer des motos en série, sur la base de ce prototype portant en lui l’ADN d’une possible révolution. Quelques mois ont passé, nous nous sommes revus autour de sa LM-S, un supermotard haut de gamme motorisé par un bloc 510 Husqvarna inséré au plus près dans une partie cycle de qualité (cadre tubulaire, suspensions Öhlins, freins Beringer, jantes Excel…) et prêt à toutes les outrances et folies. Une fort jolie bécane destinée à un public de connaisseurs et dépouillée jusqu’à l’essentiel. La LM-S 500 était la toute première DAB Motors, un nouveau constructeur français, désormais enregistré officiellement comme tel. Un chemin pas facile venait d’être parcouru mais il y avait encore de la route pour aboutir à la finalité du projet intime de Simon. À savoir devenir une marque française, précurseur en matière de motos électriques à la fois séduisantes et efficaces. Vaste programme abouti en 2020 avec un premier prototype, en tout point conforme aux fondamentales de la marque, mais en version Watt! Une moto remarquée et récompensée par de nombreux prix de design, en Europe et dans le monde. Nous voici en 2021, une collaboration avec la marque Burberry donne à la ER-S - c’est son nom - une plus grande visibilité. Ce rapprochement avec une grande marque de l’habillement outdoor permet la création
de la Concept-E RS “Burberry Edition”. Construite à 20 exemplaires, elle sera exposée dans les boutiques les plus emblématiques de Burberry à l’étranger et en France. Rapidement vendues, ces motos en édition limitée prouvent que DAB Motors avait mis dans le mille. Au moment de sa présentation au public, Simon nous disait : « Je crois à l’électrique… ». Ce qui n’avait rien d’étonnant de la part de ce garçon totalement inscrit et impliqué dans une démarche écoresponsable et ce depuis sa toute première création à moteur thermique équipée déjà… d’une carrosserie non polluante en fibre de lin et résine végétale.
Nous voici donc face à l’ER-S. Elle sera produite dès janvier 2023 en une succession de petites collections de
100 exemplaires chacunes, renouvelables tous les deux mois, au gré des ventes… et des demandes.
Sur le plan technique, elle est assez proche du concept développé pour Burberry. Elle est propulsée par un moteur de 10 kW (13,6 chevaux) relié à une batterie lithium-ion de 51,8 V et 5 kW. La configuration offre une autonomie de 110 km et une vitesse maxi de 120 km/h. Le couple maximum, délivré comme sur tous les engins électriques dès les premiers mètres, est de 72 Nm. Une valeur impossible à obtenir avec un moteur thermique pour cet équivalent d’une 125 cc. Pour la rendre attrayante et pratique, le temps de charge a été réduit à quatre heures via un chargeur spécial fourni avec la moto. Trois modes de propulsion sont proposés et un système de récupération d’énergie fait partie de l’ensemble. Equipée de suspensions de qualité (fourche inversée OEM, amortisseur de même provenance), elle chausse des jantes rayonnées en 17 pouces de diamètre et se freine grâce à deux disques, fournis par la marque française Beringer (une excellente référence). Des pneus Michelin, une transmission finale par courroie, des LED d’éclairage, une instrumentation digitale sur le té supérieur, elle ne lésine pas sur l’originalité tout en respectant une certaine tradition motocycliste. Car le plaisir ne doit jamais être oublié selon Simon : « Cette moto est destinée aux motards désireux de diminuer leur impact sur l’environnement par une pratique responsable. Pas de bruit, pas d’émissions de CO2… tout en conservant les aptitudes et la facilité de déplacement. Et bien entendu le plaisir de pilotage. Les performances et l’équipement de cette ER-S l’autorisent. C’était important pour nous ». Merci à DAB Motors d’y avoir pensé et surtout d’avoir imaginé d’autres moyens pour encore plus limiter l’impact industriel. En effet, cette moto sera produite en France, dans une nouvelle usine, elle aussi peu consommatrice d’énergie polluante, actuellement en cours de construction. Simon encore nous précise : « Je suis bien conscient que le passage du thermique à l’électrique n’est pas une chose facile dans l’esprit des motards. Mais je pense aussi que les choses évoluent progressivement. Il faut donner envie à une clientèle peut-être un peu moins traditionnaliste. C’est primordial. C’est pourquoi via notre site les personnes intéressées pourront s’inscrire afin de venir découvrir et tester la moto, lors des événements auxquels nous participons autour de la mobilité (NDLR: comme c’était le cas à Amsterdam lors du World of eMobility fin octobre).
Une moto silencieuse qui risque néanmoins de faire du bruit dans notre univers en cours de mutation technologique.
Pour ce qui est du lieu de production que nous avons voulu installer en France, il nous permettra de contrôler au plus près toute la chaîne de fabrication. Cela participe de notre démarche globale inscrite dans cette période de transition vers une autre pratique, plus en phase avec les préoccupations de toute une population consciente de l’obligation qui nous est faite de changer. Je pense que la période est favorable et que de plus en plus de personnes comprennent mieux l’urgence dans laquelle nous nous trouvons déjà ». Les motards, citoyens soumis à la pression des pouvoirs publics et pas encore prêts à emprunter ce chemin vers une pratique vertueuse de leur passion, devront tout de même entendre ce discours d’un jeune constructeur qui explique : « Je ne suis pas nostalgique du thermique. Tout simplement parce que je ne pense pas qu’il soit possible de continuer à utiliser les énergies fossiles dont nous savons tous qu’elles sont dommageables pour notre environnement. C’est vrai que la transition n’est pas naturelle. Mais elle peut être favorisée par des véhicules qui n’oublient pas d’être ludiques et faciles à piloter. De plus je reste convaincu que pour une pratique off-road, les motos silencieuses seront bien mieux acceptées que ce qui existe jusqu’à maintenant et qui est interdit dans de plus en plus d’endroits ou de lieux. Les centres-villes interdits, les chemins… tout ça pourra rester accessible aux véhicules électriques. Vertueux par nature, silencieux et discrets à l’usage ». S’inscrire dès aujourd’hui dans cette démarche globale nous semble une bonne chose, même si on ne peut se départir d’une certaine nostalgie. C’est ainsi, il faut vivre avec son temps et pour avoir, dans d’autres marques, testé les motos mues par un moteur électrique, on ne peut nier qu’il y a du plaisir à les piloter. Un plaisir différent mais bien réel. DAB Motors fait le choix du futur et Simon précise : « La région nous suit avec enthousiasme et n’hésite pas à investir sur nous et notre projet. Nos investisseurs aussi. Le choix de production en petites séries successives va aussi dans le sens d’une industrialisation raisonnée et raisonnable ». Des arguments difficiles à réfuter. Si nous espérons qu’il y ait un futur, autant tout faire pour le rendre possible. « The times they are a-changin’ » chantait Bob le poète dans les 60s. Et il avait déjà raison. On le constate encore aujourd’hui, rien n’est permanent à part la nécessité absolue de s’adapter aux situations. Ce que DAB Motors fait actuellement avec son ER-S…