Noir c’est noir
On a un véritable coup de coeur pour cette collaboration racée entre un motard star et un enfant terrible de l’horlogerie contemporaine. Plus Heroes tu meurs.
Sur le papier, on dirait un peu l’alliance de la carpe et du lapin. Si moto et horlogerie font le plus souvent excellent ménage, moto et art contemporain peuvent produire des mélanges désastreux, à la manière des mauvais cocktails improvisés par le barman en formation du Macumba Night. Pourtant, on ne peut qu’applaudir le nouveau régulateur de Louis Erard qui convoque l’artiste suisse abstrait Olivier Mosset, par ailleurs un biker endurci. C’est aussi un vieux routier de l’horlogerie, Manuel Emch, président de l’horloger Louis Erard et fan d’art contemporain, qui est derrière cette idée un peu folle. Résultat, un modèle fantôme, entendez par là ton sur ton de noir, comme dans un tableau ultranoir de Soulages. Radical. Le détail qui tue ce sont les paillettes incrustées à la manière d’un casque ou d’un réservoir de custom. Le boîtier en acier de 42 mm est recouvert d’un PVD sablé et le fond transparent est également noir. Il embarque un mouvement régulateur automatique Sellita qui offre 38 h de réserve de marche. L’édition est limitée à 178 exemplaires, sinon ce ne serait pas drôle. Né dans le pays de l’horlogerie, Olivier Mosset, qui crée le collectif BMPT en 1966 avec notamment Daniel Buren, s’exile aux États-Unis dans les années 70. Il découvre le grand Ouest, Easy Rider et Harley-Davidson. Il s’est laissé convaincre par la maison Louis Erard de participer à la réalisation d’un exercice horloger périlleux : mettre au point un régulateur, autrement dit un instrument de référence qui sert dans les ateliers pour mettre à l’heure les toquantes. Une représentation du temps minimaliste conçue comme une oeuvre d’art. En savoir + : louiserard.com