VALENTINO ROSSI PEUT-IL DÉCROCHER UN DIXIÈME TITRE ?
Chaque année depuis trois saisons maintenant, la même question revient, lancinante. Le héros de la planète moto, qui compte neuf titres et 114 victoires en GP, peut-il accrocher une dixième étoile à son firmament ? Etoile qui ferait de lui, sans discussion, le plus grand pilote de tous les temps… Le simple fait qu’on se pose la question est en soi un exploit pour Valentino, qui aura 38 ans le 16 février et attaque sa 22e saison de GP toujours au top. Un cas unique en 68 ans de championnat du monde moto. Comme le dit fort justement son nouveau coéquipier Viñales, « Chaque année, le niveau monte en Motogp, et il est toujours là, à gagner des courses. C’est incroyable. » Qu’est-ce qui pèse en faveur de ce pari fou ? Un, la motivation et le talent de Valentino sont intacts. Vice-champion ces trois dernières saisons, il ne doit qu’à une monumentale erreur de stratégie d’avoir perdu le titre en 2015. Et à quelques erreurs de précipitation en 2016 à Austin et Assen, plus une sérieuse dose de malchance au Mugello (casse moteur), de s’être auto-éliminé de la course au titre. Après une cinquième victoire au rallye auto de Monza face aux spécialistes pour se remonter le moral, puis un entraînement hivernal rondement mené dans son ranch au milieu des jeunes pilotes de la VR46 Academy, Valentino est à nouveau prêt à en découdre. « L’objectif reste le titre, et de viser la victoire à chaque GP », expliquait Vale lors de la présentation officielle du team Yam à Madrid le 19 janvier. « L’an passé, Valentino était préoccupé, les essais de présaison l’avaient rassuré, mais il n’était pas aussi relax qu’à l’accoutumée, témoigne son chef ingénieur, Silvano Galbusera. Il savait qu’il devait se montrer prudent, et que chaque petit incident avec Marquez serait monté en épingle. Il ne pouvait pas se permettre que cela se produise. Désormais, il revient avec un seul objectif : battre tout le monde. A Sepang, nous allons commencer à comprendre où nous nous situons réellement. Si nous sommes au niveau de nos concurrents, ou si nous accusons un retard face à Honda et Ducati. Maintenant qu’ils ont progressé au niveau de l’électronique, c’est le couple Honda-marquez qui est le plus dangereux. C’est le duo à battre. Maverick Viñales sera suffisamment compétitif pour remporter certains GP, mais n’a pas encore la constance pour briguer d’entrée le titre. Quant à Lorenzo, je ne sais pas quel sera son niveau sur la Ducati. Il sera fort sur certains GP, mais je doute qu’il soit en mesure de se battre pour le titre. » Techniquement parlant, la venue de
Maverick est plutôt une bonne nouvelle pour Rossi, les deux pilotes ayant des styles assez similaires, freinant tard et cassant le virage pour accélérer tôt. « Il faut bien sûr relativiser, explique le team-manager, Massimo Meregalli, car, l’an passé, même si Valentino et Jorge avaient des styles opposés, avec un Jorge qui freinait plus tôt et passait plus vite en courbe, 90 % des demandes des pilotes étaient les mêmes. Mais, fin novembre à Sepang, Vale comme Maverick se concentraient sur l’amélioration de la motricité, et cela va faciliter la vie de nos ingénieurs. » Pourquoi les deux pilotes Yam étaient focalisés sur ce point alors que Viñales était le premier à noter l’excellence de la Yam en la matière en descendant de la Suz ? Parce que, jusqu’à fin 2016, la M1 restait en retrait face aux Ducati et Honda en puissance, et donc en vitesse de pointe, et qu’une motricité supérieure permet de compenser cet état de fait. Après avoir fait la paix avec Marquez en Catalogne suite au décès de Luis Salom, le principal problème relationnel auquel Valentino aura à faire face sera peut-être son coéquipier. Si Maverick surpasse Valentino d’entrée de jeu au Qatar, l’ambiance risque rapidement de se dégrader dans le team, ce qui peut rendre Valentino nerveux.