VIERGE, MAIS COUILLU !
Issu d’une famille modeste, jeune, talentueux et travailleur, le Catalan Xavi Vierge a pour ambition de faire briller la Mistral Tech 3. Ça tombe bien, on ne demande que ça.
Samedi après-midi, une ambiance de drôle de guerre règne sur le paddock, avec des conditions climatiques incertaines qui laissent présager du flou dans l’organisation des séances. Mais dans le petit box du team Moto2 Tech 3, le boulot suit son cours. Antonio Jimenez, le chef ingénieur belge de Xavi Vierge m’accueille d’une franche poignée de main. « Je t’avais dit qu’il allait progresser ! », annonce-t-il fièrement, brandissant le sixième chrono de son poulain lors de la troisième séance libre, à 0”442 seulement du meilleur temps établi par Franco Morbidelli, sur une piste longue de 5,4 km. La dernière fois qu’on s’était croisés, c’était à Valence l’an dernier, lorsque l’espagnol de 19 ans avait décroché in extremis le titre de meilleur débutant de l’année avec la 20e place au général et 37 points. « Si tu regardes la feuille des temps, les cinq pilotes qui sont devant, Morbidelli, Marquez, Kent, Lüthi et Aegerter, ont tous au moins trois saisons de Moto2 dans les pattes. Xavi, il est directement passé du championnat espagnol au Moto2. Ça fait un sacré fossé. Notre objectif, c’est la dixième place. Tout ce qu’il y a au-dessus, c’est du bonus. Notre machine est grosso modo la même que l’an dernier, simplement, Xavi a mûri. Il va être en mesure d’exploiter tout le potentiel de la moto, qui, à mon sens, est bonne. De mon côté, je dispose désormais d’une année d’expérience et je la connais mieux, ce qui va me permettre de l’aider. » Nicolas Reynier, chef ingénieur du coéquipier de Xavi Vierge, l’australien Remy Gardner, précise que « l’an passé, Vierge faisait de bons essais, mais s’écroulait ensuite en qualif’, car il n’arrivait pas à gérer la pression. Du coup, il partait loin sur la grille, ce qui rendait sa course beaucoup plus compliquée. S’il parvient à mieux se qualifier, ça va beaucoup l’aider. En 2017, il est épaulé par un coéquipier motivé, qui découvre la moto et progresse », ce qui devrait faire jouer l’émulation à plein pour l’équipe française.
PAS MAL DU TOUT
Dimanche soir, après avoir décroché la 9e place en course, Xavi Vierge est en plein débrief avec Antonio dans son box lorsqu’il s’interrompt cinq minutes pour causer avec MJ : « Je suis content de ce week-end, la course fut difficile. Notre machine a fait un bon pas en avant cet hiver au freinage avec un pneu arrière qui reste davantage en contact avec le sol au freinage. Et un châssis plus efficace en entrée de courbe. Mais j’ai besoin d’un peu
plus de motricité par rapport aux autres motos. L’équipe doit bosser les réglages et moi mon style de pilotage pour y arriver. Cela dit, c’est ma meilleure course Moto2 à ce jour. » Antonio ajoute : « On est satisfaits de finir dans le top-10. Techniquement, on n’est pas encore au niveau de nos adversaires, mais Xavi a fait le maximum. Il a pris un excellent départ et est resté dans le top-5 tant qu’il a pu [4 tours]. Après, dès qu’il a perdu un peu de motricité, ça a été difficile. On a une moto très performante au freinage, très stable et donnant une grande confiance en l’avant, que Xavi utilise parfaitement. Notre léger déficit en motricité l’oblige à relever la moto plus tôt que les autres. Du coup, il parcourt un peu plus de mètres que les autres, et ça finit par le pénaliser. Xavi finit 9e, mais il était à 12 millièmes du 8e. Sa meilleure place jusqu’ici est 8e sur le mouillé en Malaisie. Le Qatar est sa meilleure course sur le sec à ce jour. »
Fabio Quartararo termine 7e d’entrée et meilleur débutant. Comme si sa saison 2016 compliquée n’avait jamais existé