JULES DANILO : LE CASSE-TÊTE
Jules Danilo s’est battu pour le top-10 durant toute la première moitié de la saison 2016. Puis, à partir d’assen, tout s’est déréglé. 17e au Qatar, le Français n’a toujours pas retrouvé ses sensations.
Dix-septième, c’est pas du tout ce que je veux faire, donc je ne suis pas content, explique Jules, encore en cuir et visiblement dépité dans son box. Je sais pas, je n’arrive pas à trouver le bon feeling sur cette moto. On a perdu beaucoup de temps pendant l’hiver et là, le fait de tester pendant le week-end n’est pas l’idéal, puisque je me retrouve à rouler sur une moto différente à chaque séance. Je suis constamment en train de chercher les sensations que j’avais l’an dernier et, pour le moment, je ne les retrouve pas. C’est frustrant, mais je pense qu’à force de chercher, on va trouver. Et une fois que c’est satisfaisant, je ne veux plus toucher à la moto du tout et juste travailler sur moi, parce qu’après ça fait trop de paramètres et puis on se perd. Cette année, la moto est complètement différente. Il y a un nouveau bras oscillant, le châssis alu est beaucoup plus souple, la colonne de direction plus longue ; du coup, tout le feeling est différent et, pour l’instant, je n’arrive pas à trouver la solution. Ce qui est assez drôle, c’est que le moteur est beaucoup plus puissant, mais je perds tellement dans les virages que je n’arrive pas à compenser. Quelque part, si on arrive à faire en sorte que je pilote comme l’an dernier, le moteur nous aidera forcément. Au Qatar, il y avait cinq Honda devant ; ça veut dire qu’elle marche, la moto. Des week-ends comme ça, ça me donne juste envie d’aller m’entraîner et de mettre du gaz comme il faut. »
UN PÈRE PRÉCIEUX
« Jules est parti 24e, et il est arrivé 17e, en terminant premier de son groupe », analyse posément Hervé Danilo, le papa de Jules. Responsable du marché tchèque pour Décathlon, mais aussi impliqué dans l’expansion de la marque en Slovaquie, Italie et Indonésie, Hervé a également un passé de pilote. Il participa à la coupe Motobécane en 1976 et 1977, avant de devenir champion de Chine Superbike en 2001 alors qu’il est expatrié pour développer Décathlon en Asie. « Durant
toute la première moitié de saison 2016, Jules était dans les dix, son potentiel est donc réel. Mais la seconde moitié de la saison a été perturbée par des problèmes de feeling et des dissensions dans le team. Malgré les soutiens de nos partenaires Ongetta, FFM et Claude Michy par l’intermédiaire du GP de France, je reste le premier sponsor de Jules, et l’investissement est supérieur à 200 000 € par saison. Il faut donc tout mettre en oeuvre pour y arriver rapidement. Tu le vois, il est crispé, mais dès lors qu’il arrivera à se relâcher, ça va fonctionner. Avec la même moto, son coéquipier Romano Fenati a tourné jusqu’à une seconde et demie plus vite que lui : 2’07”0 contre 2’08”5. Or, Jules faisait ces chronos-là l’an passé. Il est donc capable. Mon analyse, c’est que c’est dans sa tête. Sa mère et moi lui avons conseillé de travailler avec un psychologue, mais, jusqu’ici, il a refusé. » S’il est des pères dont l’influence est néfaste pour leur rejeton, Hervé Danilo ne fait pas partie de ceux-là. Et nous sommes 100 % d’accord avec lui lorsqu’il conseille à son fils de bosser son mental en vrai pro. Le quintuple champion du monde Jorge Lorenzo y a recours, et c’est devenu une pratique courante dans la plupart des sports de haut niveau. Nous croyons en Jules, il doit croire en lui.
Fenati, coéquipier de Jules, termine 5e avec un meilleur chrono de 2'07”0. En 2016, Jules avait roulé en 2'06”4