Moto Journal

Fuque les sirènes du marketing !

- Laurent, de Lyon

Bonjour. Je vous remercie d’arrêter mon abonnement. C’est une décision mûrement réfléchie. En effet, Moto Journal réveille en moi la flamme du consommate­ur qui croit qu'avoir des choses, c’est être quelqu’un et que changer une de mes motos pourrait améliorer mon bonheur dans la vie. J’ai tout ce qu’il faut dans le garage : un 500 KLE qui, avec une paire de roues TT et une paire de roues bitume, me permet d’aller au bout du monde (ce que j’essaye de faire une fois par an) ou au boulot dans un confort princier. Un Freeride 350, qui est la moto enduro loisir la plus aboutie hors problèmes de virilité mal placée (et hors grands gabarits et compétitio­n). Un 1290 Super Duke (photo) achetée “à cause” de vous, tant l’essai de Matthieu Cayrol m’avait enflammé fin 2013. J’éprouve de l’attirance et de la répulsion pour cette 1290, qui procure des sensations hors norme, mais aussi une tension nerveuse intense. Impossible de ne pas tourner la poignée le plus souvent possible pour jouir de ce couple phénoménal qui réveille violence et ego en moi, quitte à terroriser les véhicules que je double. Toutpuissa­nt, mais terribleme­nt fragile. Le plaisir de rouler le nez au vent sur mon KLE 500 payé 900 € est différent, mais aussi fort. Je me sens plus en adéquation avec mes semblables, et je suis fier de montrer que l’on peut être heureux sans céder aux sirènes du marketing. Je rentre détendu chez moi pour embrasser ma femme et mes enfants et je participe plus volontiers à la vie du foyer dans un rythme calme et détendu. L’évolution actuelle des motos ne me plaît pas. Des machines “tranquille­s” comme mon KLE à plus de 10 000 € ou des machines affûtées à 20 000 € bardées d’électroniq­ue comme le nouveau 1290 plus ferme avec un guidon plus bas, qui oublie son ADN supermotar­d et son confort actuel pour gagner quelques dixièmes au tour ? Désolé, je suis peut-être devenu un vieux con en passant la quarantain­e, mais je ne me reconnais plus dans ces “progrès” et je préfère faire une pause dans mon abonnement pour éviter de me faire convaincre par le marketing qui ne va pas tarder à explorer le nouveau filon que je représente (la prochaine T7 chez Yamaha, par exemple…). Bien sûr, je ne pourrai pas m’empêcher de vous lire de temps à autre au détour d’une gare ou d’un aéroport.

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