Moto Journal

Ducati 797 Monster

Face aux Monster débordants de chevaux, de caractère et de technologi­e, Ducati a toujours eu une tradition d’accessibil­ité avec de gentils monstres. La place était vacante depuis l’arrêt de la 796 en 2014 ; la voici à nouveau prise avec la Monster 797. Ro

- PAR Bertrand Thiébault PHOTOS Milagro-ducati

Bam ! 8 990 € le gentil p’tit monstre ! Un bon vieux moteur refroidi par air, deux soupapes par cylindre, 75 ch, zéro électroniq­ue, un cadre en acier, pas de jauge d’essence… Ducati n’y va pas de main morte sur le tarif de sa nouvelle 797, le modèle d’entrée de gamme parmi les Monster. Et encore, à ce prix, c’est uniquement le coloris rouge, parce qu’en blanc mat ou en noir mat, c’est 100 € de plus. Voire 400 € pour une version Plus, avec saute-vent et capot de selle. A ce prix, on a une Yamaha MT-09 trois-cylindres de 115 ch ou une nouvelle Kawasaki Z 900 de 125 ch… Bon, si on voyait le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide ? D’autant que pour le remplir, il tombe des hallebarde­s sur la côte d’azur au moment de cet essai… Heureuseme­nt que la veille au soir, Ducati nous a permis de faire un petit tour sur des routes sèches avant que la nuit ne tombe, histoire de ramener quelques photos et, surtout, quelques bonnes sensations de conduite. Alors, les 75 ch suffisent bien pour aller faire du jet-ski sur des routes détrempées, parsemées de plaques d’égouts luisantes, de raccords de bitume bien glissants et de morceaux de palmier arrachés par le vent ! Exception faite des seaux d’eau qui nous tombent dessus, tout va bien. La Monster 797 sait y faire pour charmer, avec sa gueule dans la droite ligne de la M900 dessinée en 1993 par Miguel Galuzzi. « Tu sais que lorsque Ducati a présenté aux concession­naires la première maquette du Monster M900, les gars demandaien­t si la moto était vraiment terminée, s’amuse Eugenio Gherardi, ingénieur et chef de projet de la 797. Ils n’imaginaien­t pas encore ce qu’était un vrai naked bike. » Depuis, l’idée a fait son chemin : plus de 300 000 Monster vendues en près d’un quart de siècle. Pas mal, pour une moto pas finie !

CONFORT PLUS QUE SPORT

Les codes esthétique­s sont donc intégralem­ent conservés sur la 797, avec le bon gros réservoir rondouilla­rd et le cadre treillis tubulaire qui enserre au plus près le twin Desmodue. Pas de partie arrière démontable en alu comme sur les plus grosses versions :

l’ensemble du cadre est ici à 100 % en tubes d’acier. Une moto toute simple, craquante et identifiab­le au premier coup d’oeil comme faisant bien partie de la famille Monster. Au guidon aussi, on est bien. La 797 est une moto très compacte, ramassée, mais la position de conduite n’a rien du fameux crapaud sur sa boîte d’allumettes. Les jambes sont assez dépliées, la selle assez basse pour les petits gabarits, moelleuse, le guidon pas trop bas ni trop large. Mais comme bien des Ducat’, ça ne braque pas bien fort : « On a fait des essais avec un guidon plus haut pour braquer davantage, mais c’était tellement moche, façon cornes de vache, qu’on a vite remballé l’affaire ! », s’amuse à nouveau Eugenio. Il ne faut pas 500 mètres pour se sentir à l’aise sur la 797. Tout est étonnammen­t doux, souple, à commencer par le moteur. La conception du Desmodue remonte aux années 60, mais cette version 803 cm3 – identique au Scrambler et homologuée Euro 4 –, apporte un velouté peu courant chez Ducati. Il reprend facilement à 2 500 tr/mn, sans donner l’impression d’avoir une roue arrière carrée. Le couple maxi est à 5 750 tr/mn, mais, dès 3 500 tr/mn, 80 % de la ressource est déjà disponible pour un agrément de conduite parfait, avec une large plage d’utilisatio­n sans vibrations. Alors, même si l’embrayage est ultra-souple, la boîte douce et précise, on ne tricote pas trop du pied gauche sur le sélecteur. Inutile toutefois d’aller chercher les hauts régimes : la 797 se pilote davantage sur les intermédia­ires, même si le twin allonge correcteme­nt au besoin. Ça n’a rien d’un moteur de course et c’est justement ce qui fait son charme, sa facilité et l’agrément de cette moto. « Si nous avons des pilotes d’essais ultra-rapides, on fait également appel à

des motards “normaux” pour valider nos choix sur une moto comme la 797. Leurs remarques sont parfois plus importante­s que l’analyse pointue d’un metteur au point maison, précise le chef de projet. Cette moto doit correspond­re aux attentes d’une clientèle plus large. Ça inclut des débutants, des femmes, des motards lambda qui recherchen­t avant tout l’agrément plus que la performanc­e. »

LE ROADSTER FASTOCHE

A 70 km/h dans les virages détrempés des routes du massif de l’estérel, on

Plus que la puissance, c’est la souplesse et l’agrément qui comptent

mesure parfaiteme­nt cet agrément avec une moto très facile à apprivoise­r. Il n’y a pas de contrôle de motricité électroniq­ue, mais avec les pneus Pirelli Diablo Rosso II et la progressiv­ité du moteur, ça ne s’impose pas. L’adhérence est rassurante, sans décrochage­s, y compris dans les grosses flaques d’eau. Quelques motos sur cet essai (dont la nôtre) ont tout même présenté des petits soucis d’injection, avec des coupures et quelques à-coups quand d’autres étaient beaucoup plus lisses. « A ce stade de développem­ent, la calibratio­n de l’injection peut encore différer d’un modèle à un autre sur les versions de préséries que vous essayez », nous dit un ingénieur maison. On espère que ce sera corrigé sur les versions clients, disponible­s en concession lorsque vous lirez ces lignes. Côté tenue de route, la vingtaine de kilomètres parcourus sur sol sec la veille a été plus riche en enseigneme­nt que cette virée humide dans l’arrièrepay­s. Le Monster 797 est un véritable vélo avec son poids plume (193 kg avec le plein d’après Ducati), très agile sur ces routes sinueuses, vive de l’avant mais stable et plutôt précise en courbe. Les réglages d’origine des suspension­s (Kayaba devant, Sachs derrière) sont davantage orientés confort que sport, et la moto s’écrase un peu si on la met en contrainte. Mais pour une utilisatio­n plus standard, l’équilibre est parfait pour rouler sans fatigue. Même le freinage, puissant avec les étriers Brembo monoblocs, ne déstabilis­e pas le petit monstre tant le dosage est facile, évidemment sous surveillan­ce d’un ABS aussi discret qu’efficace. En revanche, un peu plus de puissance du frein arrière ne serait pas superflu…

MONSTER POUR TOUS

Sans chercher à rivaliser avec une Monster 1200 taillée comme un pur-sang, sans faire de l’ombre à la 821 plus puissante, la 797 s’avère une très bonne surprise pour débuter dans la gamme Monster. Sa douceur et son confort ont vite fait de vous séduire, sans avoir à régler tout un tas de paramètres qu’on préfère laisser aux experts des réglages et amateurs de sensations fortes. Les 75 ch distillés tout en souplesse sont largement suffisants pour s’amuser, tant sur route sinueuse qu’en conduite urbaine, tout en conservant les traces D’ADN qui ont forgé la légende Monster à force de caractère. La finition est plutôt soignée pour une moto dite d’entrée de gamme, la ligne très valorisant­e, la facilité de conduite et l’agrément indéniable, mais l’équipement d’origine est tout de même un peu maigre face au prix demandé. Le tableau de bord digital LCD, très techno dans sa présentati­on, n’offre même pas une jauge d’essence (un simple témoin s’allume lorsqu’il ne reste plus que 4 litres de carburant), pas d’indicateur du rapport engagé et ne cherchez pas à glisser une veste de pluie ou un antivol sous la selle : il n’y a pas de place. Il y a tout de même une prise USB. C’est déjà ça !

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 ??  ?? 1. Le tableau de bord à affichage digital est un peu maigre en infos : pas de jauge à essence, d’affichage du rapport engagé, de conso. 2. Le seul réglage de la Monster 797 se trouve ici, sur l’amortisseu­r Sachs : la précharge et la détente. Du confort...
1. Le tableau de bord à affichage digital est un peu maigre en infos : pas de jauge à essence, d’affichage du rapport engagé, de conso. 2. Le seul réglage de la Monster 797 se trouve ici, sur l’amortisseu­r Sachs : la précharge et la détente. Du confort...
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Les petits gabarits et les motard(e)s peu expériment­é(e)s se sentiront vite à l’aise sur cette moto légère, facile à dompter. En prime, Ducati y ajoute le confort.

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