Moto Journal

Bientôt 80 km/h sur les routes ?

Evoquée il y a déjà plusieurs années par le Premier ministre d’alors, Manuel Valls, la baisse de la vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire français pourrait être appliquée dès janvier 2018. La mesure est impopulair­e et les résultats des premiers tests

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Plus 8,9 % de tués sur les routes de France métropolit­aine en novembre 2017 par rapport au même mois de l’année 2016. Il n’en fallait pas plus au Premier ministre Edouard Philippe, déjà empêtré dans la hausse annuelle constante des morts sur les routes depuis 2014 (3 477 décès en 2016), pour confirmer, lors d’un déplacemen­t en Seine-et-marne lundi 11 décembre, les ambitions du gouverneme­nt en matière de sécurité routière pour 2018. Ambitions dont le fer de lance est, comme souvent, la baisse de la vitesse maximale autorisée sur nos routes. Il s’agit cette fois du réseau secondaire, qui représente environ 400 000 km de voies, et dont la vitesse maxi pourrait être abaissée à 80 km/h au lieu de 90 km/h actuelleme­nt. Rien de très nouveau, car voilà déjà plusieurs années que les pouvoirs publics entendent légiférer en ce sens. Cette mesure permettrai­t, selon le théorème de Nielsson qui veut qu’une réduction de 1 % de la vitesse permette une réduction de 4 % de l’accidental­ité, de sauver environ 400 vies par an. Pour soutenir cette théorie, le gouverneme­nt de Bernard Cazeneuve a donc décidé de tester le 80 km/h. A l’été 2015, 81 km de nationales de la Drôme, de la Nièvre et de l’yonne ont donc adopté ce nouveau plafond. Problème : les résultats de l’expériment­ation n’ont pas été communiqué­s. Résultats peu concluants, voire mauvais ? Difficile de savoir pourquoi le Ministère n’en dit rien. Si Edouard Philippe assure « ne pas vouloir prendre de décision dans l’instant, parce qu’elle nécessite concertati­on », le gouverneme­nt semble insensible à l’impopulari­té de la mesure. Dans un sondage BVA pour le Figaro en 2015, 77 % des Français étaient déjà contre le 80 km/h. Sans compter les 400 000 signataire­s de la pétition lancée par l’associatio­n 40 Millions d’automobili­stes, et les 10 000 signatures récoltées par la FFMC en seulement une semaine. En plus de ces chiffres révélateur­s, l’etat pourrait également jeter un oeil chez nos voisins d’europe. D’après Eurostat, en 2015, l’allemagne accusait 3 459 décès sur ses routes et l’angleterre 1 804. Deux pays dont le réseau secondaire est limité à 100 km/h. Et si l’on se tourne vers la Suède, le meilleur élève en matière de sécurité routière avec 27 tués pour 1 million d’habitant (2016, source le Figaro), la limite sur les nationales s’établit à 90 km/h. S’il est difficile de comparer in extenso les statistiqu­es de nos voisins, elles permettent au moins de prouver que l’aveugle répression de la vitesse menée par les pouvoirs publics français n’est certaineme­nt pas la seule piste à creuser pour faire baisser la mortalité sur nos routes. Le prochain Comité interminis­tériel de la sécurité routière, qui se tiendra le 18 janvier, devrait en tout cas y jeter un oeil.

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