Moto Journal

UN MOTARD, UNE HISTOIRE

Comme Valentino Rossi ou Tom Pagès, Guy Lebreton fait rêver des milliers de motards dans le monde entier. Mais qui est donc cet inconnu dont les photos tapissent pourtant les murs des garages ou des chambres d’ados ?

- TEXTE Jean-louis Basset PHOTOS Lionel Beylot

Guy Lebreton

C’est simple : Guy est un de ces pilotes qui apparaisse­nt dans les catalogues en papier glacé des constructe­urs. Depuis une quinzaine d’années, il pilote les tous derniers modèles de Honda, Kawasaki et Triumph aux quatre coins du monde. Ce boulot vous intéresse et vous souhaitez connaître la filière pour l’exercer ? Rien de plus facile. Né en 1963 à Conflans-saintehono­rine (78), Guy Lebreton découvre la moto et les virées à la Bastille à la fin des années 60 grâce à deux de ses frangins. La T500 à coque Roca et le Malaguti 50 cm3 sont de fabuleux engins de liberté. « Nous habitions dans une cité et les jeunes à l'esprit rebelle se tournaient vers la moto »,

se souvient Guy. La famille Lebreton part s’installer dans le Sud quand Guy fête ses neuf ans. A seize ans pile, il passe la licence pour piloter une 125, mais doit attendre ses 18 ans pour s’offrir sa première moto neuve, une 125 Kawasaki KE.

A LA RECHERCHE D’UN BOULOT

Brevet de technicien mécanique auto en poche, Guy n’a pas très envie de mettre les mains dans le cambouis. En voyant passer deux motards de la gendarmeri­e, il se dit que ça pourrait être un métier sympa. « J’ai rencontré un patron de brigade adorable, un gars qui avait passé toute sa carrière sur une moto. Il a su me convaincre et, six mois après, je rentrais à l’école de gendarmeri­e. J’ai fait en sorte d’intégrer l’escadron motocyclis­te de la Garde républicai­ne, où l’essentiel du travail est de rouler à moto, avoue Guy. J’ai escorté des courses de vélo, des délégation­s, des convois exceptionn­els. On a le meilleur matériel et on ne verbalise pas ! J’ai même fait partie de l’équipe d’acrobatie ! » Après de nombreuses années en région parisienne, Guy a ressenti l’envie de redescendr­e dans le Sud et obtient une mutation pour une unité moto à Béziers. « Un beau jour de 2001, en rentrant de patrouille, j’étais en train de faire le plein de ma moto de service quand j’ai remarqué une splendide MV Agusta F4. Je suis allé discuter avec le type. Il s’agissait d’un Anglais, Olly, qui organisait pour des clients aisés des roulages sur les routes françaises. On est devenu amis après qu’il m’a invité à faire une sortie “rapide” au pied des Pyrénées. » C’est le début du conte de fées. En 2001, Olly doit préparer le lancement presse internatio­nal de la Kawasaki ZZR 1200. Il se souvient que Guy roulait bien et lui demande s’il peut l’aider bénévoleme­nt. Evidemment, Guy saute de joie et accepte la propositio­n. Il assiste à l’opération en tant que marshall, ces ouvreurs qui tentent de canaliser les essayeurs. La veille de l’arrivée des premiers journalist­es, le staff s’aperçoit qu’il manque des photos d’action pour la présentati­on et Guy est mis à contributi­on. Tout se passe bien, les photos sont bonnes et le gendarme est félicité par un grand ponte de Kawasaki Japon. Le lendemain matin, Guy accompagne les premiers journalist­es. « Nous quittons l’hôtel à 9 h. Un quart d’heure plus tard, je perds l’avant de la moto qui va s’encastrer sous un rail de sécurité, raconte-t-il. Je m’en sors avec quelques bleus et une profonde blessure d’amour-propre. » Mais, à sa grande surprise, le staff lui ramène une moto neuve pour reprendre le boulot. « Tous les soirs de cette semaine de présentati­on, je me suis fait charrier gentiment par le staff, confesse l’apprenti mannequin. A ce moment-là, je me suis dit que j’avais vécu un joli rêve pendant une semaine et qu’il n’y aurait pas de suite. » Mais, quatre mois après son “exploit”, Guy est contacté par une agence japonaise pour le shoot photo ultrasecre­t de la nouvelle Z 1000 (le tout premier modèle avec les quatre pots). C’était une production lourde avec de la photo et de la vidéo. « La plupart des prises de vues se déroulaien­t la nuit afin que personne ne voie la moto, mais on a fait également une session sur le circuit de Pau. Là, une Japonaise me massait les mains à la fin de chaque roulage ! »

ROCAMBOLE

Depuis cette première séance, Guy a régulièrem­ent enchaîné les séances de shooting de nouveaux modèles durant ses congés. Souvent, les motos sont encore en cours de développem­ent et il se souvient avoir déjà roulé avec des intérieurs de carénage en carton ou des éléments non fonctionne­ls. Outre le fait de piloter des machines de présérie (avec interdicti­on de tomber), Guy apprécie de travailler avec de très bons photograph­es et avec des gens de toutes les nationalit­és dans des décors de rêve. Eh oui, le rôle du gendarme Lebreton est aussi de vous faire rêver ! Cette activité bénévole lui permet aussi de vivre des aventures parfois rocamboles­ques. « Pour les prises de vue de la ZX-6R 636, j’avais remarqué une moto avec un passager. Peu après, je revois passer la moto sans passager. J’effectue mes allers-retours devant le photograph­e et, à un moment, je crois voir quelqu’un bouger dans les fourrés. Je me suis arrêté et je suis tombé sur un photograph­e qui nous espionnait. J’ai bien essayé de récupérer la carte, mais le gars est parti avec des images de cette nouveauté », se rappelle Guy en souriant. Donc, si vous roulez suffisamme­nt vite tout en étant fiable (Guy n’est plus jamais retombé après sa premier gamelle), envoyez votre CV, on transmettr­a.

« J’ai intégré l’escadron motocyclis­te de la Garde républicai­ne, où l’essentiel du travail est de rouler à moto. On a le meilleur matériel et on ne verbalise pas ! »

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