Le point de vue d’un chauffeur de moto-taxi

En roulant en Gold Wing 2018 dans Paris, on se fait rapidement remarquer par les motos-taxis. L'un deux m'aborde à une station essence et gare sa Gold Wing 2017 noire stickée Motocab, tournant à l'éthanol, à côté de la nouveauté : « Oui, elle est jolie la nouvelle, mais, pour moi, ce n'est plus une Gold Wing… Pour mon boulot, ce n'est pas ça dont j'ai besoin ! Tu imagines qu'on l'a étudiée sous toutes les coutures depuis les premières photos, les premiers essais. OK, il y a plein de technologie, de progrès sur le châssis, l'équipement, mais, côté pratique, on perd beaucoup. Regarde, les valises sont beaucoup plus petites, on ne peut plus mettre de casque dedans, un vrai problème pour nous, pour qui l'espace compte. Et puis quand je vois le top-case, avec ses charnières en plastique, j'ai peur ! On l'ouvre 200 fois par jour et, à mon avis, ça ne va pas tenir longtemps. Mais le plus gênant pour un moto-taxi, c'est le confort du passager. Ça paraît plus ferme, moins accueillant, avec moins de maintien : fini le côté fauteuil Louis XIV. Tu sais, dès que nos clients grimpent sur la moto, le premier truc qu'ils font, c'est de se jeter sur leur téléphone, il ne se tiennent pas à autre chose que l'écran, donc le maintien est primordial. Si tu savais le nombre de paires de gants qu'ils nous perdent en route, les téléphones qui volent parfois sur un freinage urgent… Et puis, il n'y a plus de vide-poches arrière. Même les marchepieds passager sont plus petits. Pour grimper, nos clients s'appuient dessus et ce sera moins pratique. Bon, la bulle électrique, le freinage plus puissant, c'est bien, les rétros repliables aussi, mais si vraiment ça casse, vu la technologie, ça va coûter cher [276,68 €]… Je connais pas mal de motos-taxis qui vont garder leur ancienne Gold, l'emmener au bout. Moi, je ne suis pas certain d'être client pour la nouvelle… »