Moto Journal

La séance qualif dans le box de Johann Zarco

-

A droite dans le box, Hafizh Syahrin souffre le martyre en ôtant son cuir pendant que son team le félicite pour son courage. La peau brûlée par une chute à vélo, le pilote malais se pose des poches de glace pour atténuer la douleur. De l’autre côté, près des deux Yamaha n° 5, Johann Zarco est plus calme. Pourtant, quelques minutes avant, à la fin de la FP4, il hurlait de colère avec un 16e temps, à 1”1 du leader, bien loin de son potentiel : « C’est pas normal, put… ! Je me fais secouer dans le virage 12, je me bats avec la moto, mais pour rien... On essaye des trucs alors qu’on n’arrive pas à évoluer au chrono... » Hervé Poncharal me glisse à l’oreille : « Bah, il est souvent comme ça, surtout en FP4, c’est normal. » Guy Coulon, son ingénieur, reste imperturba­ble face au coup de sang de son pilote. Il est déjà plongé dans sa stratégie pour la qualif. A mi-séance qualificat­ive, en pneus soft, Johann navigue aux alentours de la 11e place, les mines sont tendues dans l’équipe Tech3. Puis le Français rentre au box à cinq minutes de la fin de la qualif’ : « Je pense que ça vaut le coup d’essayer le médium », lâche Zarco à son ingénieur. Coulon donne les ordres : « Moto n° 2, médium arrière, vite. » L’équipe s’exécute. Trente secondes plus tard, Johann ressort, il ne reste plus que trois tours pour faire un temps. Plus un mot dans le box, on observe Crutchlow qui aligne des chronos d’enfer, Marquez qui force, mais se rate, Pedrosa qui brille. Puis Johann s’affiche sur les écrans, en caméra embarquée vue arrière : « Allez Jojo, allez, allez ! » L’équipe l’encourage, comme si elle était avec lui sur la moto. Trajectoir­es tendues, grosse attaque, mais pilotage propre. Du grand Jojo. Le chrono tourne, le troisième et dernier tour est le bon : troisième temps, première ligne ! C’est l’explosion de joie dans le box. Tout le monde s’embrasse, se félicite, tombe dans les bras l’un de l’autre, tant côté Zarco que Syahrin ; une équipe soudée. « Tu sais, on revient de loin, là… », me lâche Hervé Poncharal. Guy Coulon est moins expansif, juste satisfait : « On a suivi notre stratégie et ça paye. Johann se plaignait en FP4, mais on travaillai­t dans le bon sens, sans que ça fasse un temps. Puis, en passant le médium dans le dernier run, ça a claqué. On sait désormais que le soft est bien sur trois tours, puis ensuite, avec la chaleur, il procure du mouvement. Ça ne passera pas en course… Bon, demain, les autres [Guy tourne la tête vers le box d’à côté, celui des Yamaha Factory de Rossi et Viñales] seront peut-être devant, mais en attendant, ils sont dixième et onzième et nous en premiere ligne ! » Et Johann de conclure en conférence de presse : « Aujourd’hui, j’ai trouvé de nouvelles limites sur la moto. Je n’ai pas fini de progresser. » Bertrand Thiébault

 ??  ?? Alex Merhand (acquisitio­n de données) félicite Nicolas Guichard (responsabl­e essence et pneus) à l’issue d’une Q2 à suspense. Johann est passé de la onzième à la troisième place dans les trois dernières minutes. Beau boulot, les gars !
Alex Merhand (acquisitio­n de données) félicite Nicolas Guichard (responsabl­e essence et pneus) à l’issue d’une Q2 à suspense. Johann est passé de la onzième à la troisième place dans les trois dernières minutes. Beau boulot, les gars !

Newspapers in French

Newspapers from France