Moto Journal

MOTOMORGAN­A

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Du Panama vers le Mexique

Nous avons traversé une Afrique éternellem­ent positive et une Amérique du Sud à couper le souffle, pour découvrir en février le troisième continent de notre voyage. Cela nous avait coûté sang, sueur et larmes pour expédier les motos de Colombie au Panama, mais nous étions enfin prêts pour ce qui allait devenir un voyage splendide à travers l’amérique centrale.

ENORME MEXIQUE

Le Panama nous a laissé une impression assez américaine avec ses larges autoroutes, centres commerciau­x et chaînes de restaurati­on rapide, mais, après deux jours de route, nous avons heureuseme­nt atteint la “vraie” Amérique Centrale. Nous avons quitté le Costa Rica assez rapidement vu les prix très élevés, pour ensuite prendre notre temps au Nicaragua, où nous avons vécu sur un régime de volcans et de pistes assez difficiles. Le Honduras était particuliè­rement sale et extrêmemen­t chaud ; en revanche, le Salvador fut un petit paradis imprévu. Nous avons passé la Semana Santa – la fête la plus folle de l’amérique Latine – au Guatemala et nous nous sommes frayé un chemin sur les pistes vers le majestueux site maya de Tikal. Au Belize, nous avons troqué l’espagnol pour l’anglais pendant quelques jours, avant de continuer vers le nord, vers le Mexique dont on dit tellement de bien. Et le Mexique est grand. Le Mexique est énorme. Cela fait déjà cinq semaines que nous sommes en route vers le nord et dévions constammen­t de notre route pour un petit détour à travers une piste magnifique, mais toujours dans la mauvaise direction. Taxco, à 80 km au sud de Mexico, c’est là que nous sommes maintenant. Dans une chambre bon marché avec wifi, entourée des superbes collines du “Pueblo Mágico”, le village magique. Les rues sont pleines de vieilles Volkswagen Beetle et de minibus. Il y règne une ambiance très agréable et joyeuse et, pour la première fois depuis des mois, les spaghettis à la bolognaise ont vraiment le goût qu’il faut. Que la vie peut être belle !

MALHEURS SUR LA ROUTE

Mais la route pour arriver ici n’a pas été sans problèmes. Les pistes étaient absolument phénoménal­es et les petits villages isolés, les cascades, les lacs et sites historique­s valaient vraiment la peine. Nous avons dévoré des centaines de kilomètres de gravier, cailloux et boue sans fin et nous avons bu du petit lait, tout comme les Husky d’ailleurs. Mais le Mexique est parfois aussi plus chaud que l’enfer. Juste au moment où le thermomètr­e montait dans le rouge, nous avons été confrontés à de nombreux déboires.

Comme si le diable était à nos trousses, tout semblait aller mal au même moment. Nous n’avions pas eu une crevaison depuis plusieurs mois. La semaine passée, j’ai remplacé douze chambres à air – généraleme­nt à l’heure de midi, sous le soleil mexicain brûlant, loin de toute ombre. Nos pneus sont complèteme­nt usés et la toile est déjà visible, mais, apparemmen­t, la bonne taille n’est disponible qu’à Mexico. Et comme si cela ne suffisait pas, j’ai tiré tellement fort en changeant le dernier pneu que j’ai une hernie discale et Caroline a une élongation musculaire à l’épaule. Nous serons bientôt obligés de remplacer les Husky par un déambulate­ur... Les banques étaient vides et les distribute­urs hors service, juste au moment où nos réserves de cash étaient épuisées. Quand nous avons enfin pu obtenir les billets nécessaire­s, il a commencé à pleuvoir des cordes. Nous vous laissons imaginer ce que deux gringos infirmes et trempés représente­nt, dans une station-service bondée, pour un Mexicain peu scrupuleux aux doigts

légers. Un petit moment d’inattentio­n a suffi pour que mes gants disparaiss­ent de ma poche comme par magie.

CHIEN CHAUD

Un seul vol en 18 mois… Honnêtemen­t, je m’attendais à pire. Pas étonnant quand on entend les récits d’autres voyageurs – généraleme­nt américains : le Guatemala était le pays où nous nous ferions certaineme­nt attaquer, et le Salvador, celui que nous devions éviter en le contournan­t ; le Mexique aussi, champ de bataille des gangs de la drogue, ne serait pas sans risque. Mais nous ne tenons pas trop compte de toutes ces histoires, d’autant plus que la plupart d’entre elles sont des on-dit. Un peu de bon sens fait des miracles, à moins que ce ne soit la longue barbe qui fasse peur. Quand je dis : « Ouh ! », tout le monde s’enfuit dans tous les sens ! Nous faisons de notre mieux pour nous fondre dans la masse. Bon, déguisé en Mad Max juché sur une moto sur laquelle le Mexicain moyen ne peut toucher le sol, ce n’est pas toujours évident. Mais nous nous adaptons et essayons de faire la conversati­on en espagnol. Le seul piège, ce sont les différents dialectes. Ils varient de : « Je ne savais pas que mon espagnol était si bon » à: « Mais qu’est-ce que tu racontes ? » Nous utilisons des mots dont nous ne savons pas s’ils sont tirés d’un dialecte ou de l’espagnol standard. Lorsque j’ai voulu commander un hot-dog en Colombie, on m’a lancé un regard vide. J’aurais dû demander “un perro caliente”, traduction littérale : un chien chaud. Mais quand j’ai voulu montrer mon meilleur espagnol à une station-service au Nicaragua et que j’ai commandé deux “perros calientes”, la dame derrière le comptoir a eu du mal à s’empêcher de rire. Elle est allée chercher ses collègues dont le fou rire a résonné dans tout le magasin. Eh oui, voilà, alors, deux hot-dog pour moi, donc… avec salsa.

QUE LE VAYA BIEN

Dans toute l’amérique Centrale, le contact avec les locaux s’est avéré fantastiqu­e. Les Latinos ont généraleme­nt un chouette sens de l’humour et relativise­nt tout, ce que nous adorons. Ils font tout pour faire plaisir à leurs invités et même s’ils n’ont pas grand-chose – dans les petits villages de fermiers au bord de la piste –, ils partagent tout avec nous. En partant, ils disent toujours : « Que le vaya bien », prenez soin de vous. Des mots qui font chaud au coeur. Pour la première fois depuis longtemps, nous avons aussi rencontré des compatriot­es. D’abord, il y a eu la visite d’un de mes meilleurs amis au Guatemala, et peu après nous avons rencontré par hasard une amie et sa

[80] famille qui étaient en vacances à Cancun. Et même sur la route, nous tombons régulièrem­ent sur des Belges. Nous avons passé une superbe semaine avec un chouette groupe de Belges sur les plages de Puerto Escondido. Le soir, nous avons cuit des frites coupées à la main sur un petit réchaud et la bière (quoique pas belge) coulait à flots. Nous ne pouvions pas renier nos racines tout de même... Ce fut une semaine de vie de plage avec des tentatives de surf infructueu­ses sur les vagues beaucoup trop hautes. Nous avons aidé des bébés tortues qui venaient de quitter le nid, à atteindre le grand océan. Nous avons tout fait pour chasser les oiseaux et crabes affamés, avec succès : chacun de nos nouveaux petits amis y est arrivé. Que le vaya bien, amigos !

BIENTÔT LES ETATS-UNIS

Les prochaines semaines, nous passerons encore un peu plus de temps au Mexique. Nous pourrions facilement voyager un an ici. Mais une fois que nous aurons trouvé les pièces de rechange à Mexico, nous continuero­ns vers le nord. A travers la Basse-californie, la péninsule mexicaine qui borde les Etats-unis, nous espérons entrer aux USA mi-juin. Du moins, si les Américains à l’ambassade sont indulgents. Obtenir un visa en cours de route n’est pas évident. Cela ne fait aucun doute.

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Semana Santa à Antigua, au Guatemala. La plus grande fête de l’année !

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