MOTOMORGANA
Plomb et poisson frais
Vendredi soir, MJ avait rendez vous dans le box numéro 0 du circuit de Montmelo avec Giampiero Testoni, directeur technique de la firme italienne Energica. Le but : faire un point sur le développement de la moto électrique qui débutera l'an prochain sur une sélection de circuits en Europe. « On est contents de la vitesse du développement. Notre nouvelle batterie, qui donne quasiment le double d’autonomie, doit permettre d’atteindre l’objectif qu’on s’est fixé : des courses de huit à dix tours à fond, sans que le pilote ait à se soucier de gérer sa consommation d’électricité. Nous avons développé notre propre boîtier électronique pour offrir au pilote plusieurs stratégies de frein moteur assisté. Mais, en course, ce sera pour l’efficacité de pilotage, pas pour l’autonomie. Sur la version de route, il y a aussi un antiblocage sur chaque roue, mais, là encore, on ne s’en servira pas. Enfin, si l’on se réfère aux commentaires des pilotes qui ont essayé la moto jusqu’ici, comme Max Biaggi au Mugello, nous ne croyons pas à la nécéssité de développer de traction control. Car tous apprécient la progressivité de l’accélération et la connexion poignée droite-roue arrière. Ce sur quoi nous travaillons, c’est la limitation des effets pervers dus au transfert de masse au freinage. On essaie différents composants en freins, en suspensions, comme Ohlins en ce moment, ou en roues, pour améliorer le comportement de la machine. La version de route pèse 280 kg, la version course sera plus légère. » « On table sur un poids de 260 kg, ce qui nous facilitera déjà la tâche, explique Nicolas Goubert, l'ingénieur français en charge du projet Motoe au sein de Dorna. Le projet débute seulement, mais c’est enthousiasmant de le développer. La technologie des batteries progresse en moyenne de 7 % par an et, récemment, Carlos Ghosn, le PDG de Renault, a déclaré qu’il allait investir un milliard d’euros pour la recherche dans ce domaine. Ça va bouger. Je reviens du Tourist Trophy où j’ai pu assister à la course électrique. Honda [Mugen] n’y a que peu de concurrence, car le but à atteindre est pour l’instant trop élevé. Les motos doivent faire 50 % de ce que font les motos thermiques, qui ravitaillent tous les deux tours. C’est comme si on s’était donné pour objectif de rouler quinze tours à la même vitesse que les motogp ! » Les gens oublient un peu vite que les moteurs thermiques disposent de 158 ans de développement, alors que les projets de moto de course électrique comme Energica ont à peine dix ans...