Moto Journal

Première victoire pour Fabio Quartararo !

Impérial en championna­t espagnol de vitesse dans sa jeunesse, Fabio Quarataro peinait à confirmer en Grands Prix, avec seulement deux podiums en Moto3 depuis 2015. Ce premier succès en appelle beaucoup d'autres…

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Dimanche, à l'arrivée en parc fermé, Fabio exulte. Pris dans une espèce de transe semi-euphorique semi-rageuse, il hurle sous son casque, puis brandit la plaque de numéro 1 qui orne sa place protocolai­re. Voilà quatre ans qu'il attendait ça, depuis qu'il a débarqué en championna­t du monde Moto3 en 2015 et qu'il s'est porté en tête dès son premier GP au Qatar et qu'il pensait lutter pour la victoire avant de finir septième, déçu. Juste devant moi, les membres de son équipe technique ont presque un mouvement de recul devant une telle éruption, puis laissent éclater leur joie lorsque leur pilote leur saute dans les bras. A ma gauche, Eric de Seynes, PDG de Yamaha Motor Europe, mais patriote, vient saluer le Français, désormais deuxième plus jeune vainqueur de l'histoire en Moto2 derrière Marc Marquez. Dans les tribunes, les spectateur­s français venus encourager Johann Zarco n'en croient pas leurs yeux. Deux pour le prix d'un ! « On a testé un nouveau bras oscillant après le Mugello, qui m’a donné plus de confiance lorsque

je suis à la limite, explique ensuite Fabio. Mais, honnêtemen­t, ce week-end, je ne m’étais encore jamais senti aussi bien sur la moto. Pole, victoire et meilleur tour en course, c’est top. J’espère continuer à me battre pour le top-cinq lors des prochaines courses. »

IMMENSE TALENT Dès samedi, en parc fermé, c'est l'euphorie pour l'équipe italienne Speed Up, qui vient d'accompagne­r Fabio Quartararo vers sa première pole en Moto2. La première depuis le GP de France Moto3 2015 et qui fait de lui, à 19 ans, le plus jeune poleman français en catégorie intermédia­ire (250, Moto2) en 69 ans de championna­t du monde ! « C’est bien, mais maintenant, il faut que je devienne le plus jeune vainqueur français en Moto2 ! – Qu’estce qui a changé pour te permettre de briller à nouveau ? – Avec Eros Braconi, mon chef mécano, on a bossé sur le point faible de ma Speed Up, qui est la vitesse de pointe. Moi, j’ai bossé sur mon style de pilotage, qui était encore trop Moto3, avec trop de vitesse d’entrée et pas assez en sortie. Ça commence à devenir naturel pour moi, mais il m’a fallu du temps. » « Eros est vraiment un super mec, réagit Jacques Hutteau, ancien pilote de GP 80 et 125, désormais responsabl­e des carburants competitio­n chez Elf-total. Il a une grosse expérience et il est vraiment sympa avec ses pilotes, exactement comme l’était Santi Mulero avec Fabio chez Pons. Fabio a besoin de ça pour se calmer et être performant, surtout en début de course. Car, après une dizaine de tours, une fois qu’il a réussi à se canaliser et à entrer dans un rythme, il est dans les chronos des leaders. De plus, il ne faut pas sous-estimer le châssis Speed Up. Luca Boscoscuro, le patron du team, est un ancien pilote Aprilia. Et le châssis qu’il a récupéré ressemble bigrement aux châssis Aprilia 250 usine que le constructe­ur italien voulait adapter pour son team officiel en Moto2. Projet qui n’a jamais vu le jour. Ils n’ont beau être que deux pilotes à l’utiliser en Moto2 [Quartararo et Kent], Guy Coulon [co-concepteur du châssis français Mistral] pense que c’est ce qui se fait de mieux en la matière. » Donc, une fois que Fabio aura refait le plein de confiance, il n'y a pas de raison qu'il ne puisse pas continuer à exprimer son immense talent.

un rythme de cinglé en 1’40”3 de moyenne (en pneus tendres, SVP) que personne ne peut suivre. Pas même un Marquez, qui, après s’être fait une grosse chaleur de l’avant au neuvième tour et vu Dovi se bourrer, décide d’assurer. Juste après la cérémonie du podium, je retrouve Claudio Domenicali, le PDG de Ducati, que j’avais interviewé quinze jours plus tôt dans les mêmes circonstan­ces au Mugello. « Bonjour Claudio. On dirait bien que vous aviez raison lorsque vous disiez qu’à présent, les adversaire­s de Jorge pouvaient le craindre... » Large sourire du boss : « Incontesta­blement, ce qu’a fait Jorge aujourd’hui est très fort. – Il met en avant son nouveau réservoir, mais il doit y avoir autre chose pour le libérer autant au guidon ? – Oui. A Jerez, on a introduit un nouveau châssis plus flexible qui lui permet de garder sa vitesse de passage en virage. » En conférence de presse d’après course, on retrouve Lorenzo flanqué de ses ailiers Marquez et Rossi, vingt titres de champion du monde à eux trois. « Notre moto a bien fonctionné, explique Jorge. Il fallait que j’économise

« Je suis content de signer mon troisième podium de suite. Mais cela fait presque un an que Yamaha et moi n’avons pas gagné. » Valentino Rossi

mes pneus en étant très doux avec les gaz et en adaptant mon style de pilotage. Je savais que Marc partait avec des pneus différents [durs avant et arrière] et que ça pouvait lui donner un avantage. Finalement, nos rythmes ont été proches en course. – Jorge, c’est ta première double victoire depuis Le Mans et le Mugello, demande le speaker officiel, Steve Day. Quand t’es-tu senti aussi à l’aise sur une moto pour la dernière fois ? – Sur la Ducati, jamais ! Et sur la Yamaha, 2015, car la saison 2016 fut plus compliquée. » Puis le journalist­e anglais Mat Oxley pose la bonne question : « Jorge, tu viens de gagner deux GP consécutif­s sur la Ducati et pourtant tu les quittes à la fin de l’année. Ça doit te faire bizarre, non ? – Ce que j’ai appris en 31 ans, c’est que tu ne peux pas changer le passé. Honnêtemen­t, il y a quelques jours, j’étais triste de quitter un super-team, une famille comme Ducati. Ils m’ont toujours très bien traité. Laisser en plan un challenge aussi difficile que de remporter le titre pour Ducati me rendait triste. Mais la décision est prise. Et, l’an prochain, je serais sur une moto compétitiv­e avec Marc comme coéquipier. Donc on verra ce que ça donne. »

C’EST PAS FINI

Parti prendre l’air dans le paddock après la course, je tombe sur Wilco Zeelenberg, l’ancien team-manager de Lorenzo chez Yamaha : « Je voulais aller le féliciter en salle de presse, mais, avec ma chemise bleue, ça aurait fait un peu bizarre. Je le félicitera­is sur son Whatsapp. Il a retrouvé son pilotage. C’est très impression­nant. Il parvient à être doux avec la Ducati et ça paye au chrono. – Même s’il doit freiner plus tard qu’avec la Yam ? – Oui. Car ça tient à la manière dont il “charge” ses pneus en

entrée de courbe. Il le fait avec douceur, en mettant la moto sur l’angle très tôt dans la courbe, et en conservant ensuite sa vitesse de passage. S’il ne crachine pas lors des prochaines courses, les conditions qu’il déteste, il peut continuer sur sa lancée. Encore que, même dans ces conditions, la Ducati a l’air bien. » Un peu plus tard encore, Dovizioso, qui s’est bourré au cinquième virage du neuvième tour, résume la situation dans l’hospitalit­y Ducati : « Je suis un peu mieux sorti du quatrième virage, je suis entré 4 ou 5 km/h plus vite dans le gauche et j’ai perdu l’avant. Une classique erreur avec le pneu avant Michelin, qui ne supporte pas ce genre d’approximat­ion. C’est délicat, car, à chaque circuit, nous devons exploiter les pneus de manière légèrement différente. Michelin nous dit que par rapport à l’an

dernier, leurs pneus n’ont pas changé. C’est vrai pour la gomme, mais pas pour la carcasse. En course, je perdais un dixième au tour sur Jorge parce que je n’arrivais pas à utiliser mes pneus aussi bien que lui. Mais le positif, c’est que, pour la première fois de ma carrière chez Ducati, j’ai un exemple à suivre, à étudier. Jorge et moi sommes désormais à égalité au championna­t. Avec 49 points de retard sur Marquez, qui est vite partout, on pourrait croire que le championna­t est foutu. Mais la réalité, c’est que les pilotes qui mènent au général sont fous, donc tout peut arriver ! » Prochain GP le 1er juillet à Assen

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 ??  ?? 1 2 [1] Loin devant Fabio en action, loin devant Oliveira, le deuxième. Auparavant, il avait signé sa première pole position en Moto2, la troisième de sa carrière en GP et la seizième pour un Français depuis l’introducti­on de la catégorie en 2010. [2] Reconnaiss­ance Avec Marc Marquez, dans la cour des très grands, en l’occurrence les polemen du GP (ici lors de la conférence de presse d’après-essais). La joie de Marquez pour le jeune Français fait plaisir à voir. [3] Il l’a fait ! Heureux et rayonnant, Fabio touche enfin ce Graal qu’est une victoire en Grands Prix. C’est mérité. 3
1 2 [1] Loin devant Fabio en action, loin devant Oliveira, le deuxième. Auparavant, il avait signé sa première pole position en Moto2, la troisième de sa carrière en GP et la seizième pour un Français depuis l’introducti­on de la catégorie en 2010. [2] Reconnaiss­ance Avec Marc Marquez, dans la cour des très grands, en l’occurrence les polemen du GP (ici lors de la conférence de presse d’après-essais). La joie de Marquez pour le jeune Français fait plaisir à voir. [3] Il l’a fait ! Heureux et rayonnant, Fabio touche enfin ce Graal qu’est une victoire en Grands Prix. C’est mérité. 3
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 ??  ?? 1 [1] Placé Toujours dans les bons coups, Danilo Petrucci termine huitième, après s’être bagarré un temps pour la cinquième place. Le futur coéquipier de Dovizioso dans le team officiel Ducati expliquera avoir rencontré un problème avec l’avant, mais il gagne une place au provisoire (5e). [2] Cinquième Onzième sur la grille, Dani Pedrosa, en proie à un manque de grip et longtemps quatrième avant que Crutchlow le passe, a dû batailler ferme avec Maverick Viñales pour la cinquième place. Qu’il obtient sur le fil. [3] Et de trois Troisième podium consécutif pour Valentino Rossi. Comme au Mans et au Mugello, il termine troisième. Et heureux, car, s’il s’était imposé à Barcelone en 2016, sa course y avait été un « désastre », selon ses propres mots, en 2017. Il conforte sa deuxième place au général.
1 [1] Placé Toujours dans les bons coups, Danilo Petrucci termine huitième, après s’être bagarré un temps pour la cinquième place. Le futur coéquipier de Dovizioso dans le team officiel Ducati expliquera avoir rencontré un problème avec l’avant, mais il gagne une place au provisoire (5e). [2] Cinquième Onzième sur la grille, Dani Pedrosa, en proie à un manque de grip et longtemps quatrième avant que Crutchlow le passe, a dû batailler ferme avec Maverick Viñales pour la cinquième place. Qu’il obtient sur le fil. [3] Et de trois Troisième podium consécutif pour Valentino Rossi. Comme au Mans et au Mugello, il termine troisième. Et heureux, car, s’il s’était imposé à Barcelone en 2016, sa course y avait été un « désastre », selon ses propres mots, en 2017. Il conforte sa deuxième place au général.
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[1] Sur le fil Grosse attaque de Viñales. Après un mauvais départ, il est revenu septième, puis s’est longtemps affronté avec Zarco qu’il doublera à quatre tours de l’arrivée pour finir sixième. [2] Pas simple Nouvelle course difficile pour Johann, qui termine septième. « On souffre depuis deux courses et on doit arriver à mieux régler la moto. C’est plus dur cette année, car les pneus sont constants, les pilotes sont plus forts. Ils se préparent mieux aux essais et contrôlent mieux en course. » 1
 ??  ?? [1] En bas Après le haut du Mugello (2e), le bas du GP de Catalogne... Pour la troisième fois en sept courses, Andrea Dovizioso n’a pas vu l’arrivée, après une chute dans le dixième tour alors qu’il était troisième.« C’est ma faute, a-t-il expliqué. Je suis arrivé trop vite et j’ai chuté au freinage. » Il recule de quatre places au provisoire. [2] Peut mieux faire Andrea Iannone n’a pas réédité sa quatrième place obtenue lors du GP du Mugello. Dixième, le pilote Suzuki s’est plaint de l’accélérati­on et du contrôle de la glisse. « Nous avons encore du travail à effectuer », sur ces points, a-t-il conclu. 23 -12 = 9 Comme au précédent GP, en Italie, Bautista et sa Ducati du team Angel Nieto terminent neuvièmes. Pour quelqu’un parti de la 23e place sur la grille, c’est bien. « C’est une honte d’avoir été aussi loin en qualif », a-t-il lâché. 2 3
[1] En bas Après le haut du Mugello (2e), le bas du GP de Catalogne... Pour la troisième fois en sept courses, Andrea Dovizioso n’a pas vu l’arrivée, après une chute dans le dixième tour alors qu’il était troisième.« C’est ma faute, a-t-il expliqué. Je suis arrivé trop vite et j’ai chuté au freinage. » Il recule de quatre places au provisoire. [2] Peut mieux faire Andrea Iannone n’a pas réédité sa quatrième place obtenue lors du GP du Mugello. Dixième, le pilote Suzuki s’est plaint de l’accélérati­on et du contrôle de la glisse. « Nous avons encore du travail à effectuer », sur ces points, a-t-il conclu. 23 -12 = 9 Comme au précédent GP, en Italie, Bautista et sa Ducati du team Angel Nieto terminent neuvièmes. Pour quelqu’un parti de la 23e place sur la grille, c’est bien. « C’est une honte d’avoir été aussi loin en qualif », a-t-il lâché. 2 3
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3 [4] Pas long Wild card sur une GSX-RR officielle (il est pilote d’essais chez Suz), qualifié 25e, Sylvain Guintoli n’a pas dépassé le deuxième tour, perdant l’avant et tombant dans le virage 7. « C’est comme ça, beaucoup d’autres pilotes ont chuté. Malheureus­ement, je suis l’un d’eux... »
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