MOTOCROSS
Herlings sans rival au GP de France MXGP
En se plaçant lors du premier départ de la journée tout à l’extérieur pour éviter une ligne droite bien détrempée, Jeffrey Herlings a prouvé qu’il était un homme d’expérience, à seulement 23 ans, mais, surtout, qu’il évoluait en pleine confiance et que rien ne l’effrayait. Pas même la perspective de devoir recroiser la trajectoire d’un pack déchaîné pour sortir en tête au premier virage. Le pire, c’est que son plan de bataille s’est formidablement déroulé : vif au départ, le triple champion du monde s’est inexorablement extirpé en tête de la meute à mi-ligne droite et n’a eu ensuite qu’à piquer à l’intérieur pour virer le premier. Et s’envoler vers une nouvelle victoire imparable, sa quinzième de la saison, en étant à peine contrarié par la résistance du Belge Clément Desalle lors de la première moitié de manche. Impressionnant ! Mais, comme si sa démonstration n’avait pas suffi, son second succès fut encore plus significatif de la domination qu’il exerce depuis quelque temps. Ensuqué au premier virage, l’officiel KTM est parvenu à se glisser
à la quatrième place en une boucle avant d’enclencher la seconde et de manger un à un ses adversaires pour décrocher un nouveau doublé. Même Antonio Cairoli, le nonuple champion du monde italien et seul pilote encore capable de donner du fil à retordre au Néerlandais, a semblé résigné. Il n’a opposé qu’une légère résistance au boulet de canon orange quand celui-ci lui a soufflé le leadership cinq tours avant la fin. Herlings est un prodige et son heure est venue, maintenant qu’il a pris la mesure de la catégorie, de donner son récital. Pour le coup, dans les rangs adverses, c’est la foire à la grimace. Yves Demaria, ancienne gloire du motocross français, aujourd’hui entraîneur d’un de ses adversaires, le jeune Belge Julien Lieber, reconnaît sans mal l’ampleur de la problématique : « Le niveau de ces deux-là, Herlings et, dans une moindre mesure, Cairoli, est tellement élevé qu’ils mettent un boulevard à leurs poursuivants. C’en est impressionnant. Ils sont quasiment imbattables et, hormis une chute, on sait que personne ne peut s’intercaler à la régulière. Finir troisième, c’est presque une victoire... »
EXTRATERRESTRE
A Saint-jean justement, c’est le Slovène Tim Gasjer, champion du monde en 2016, qui a décroché sa troisième simili-victoire de la saison. Un beau résultat pour un homme qui a failli manquer la saison après une double fracture de la mâchoire contractée à deux semaines du premier GP, mais qui, évidemment, ne peut le satisfaire. Surtout qu’en seconde manche, il a pris 40 secondes ! Un écart énorme, mais qui n’a rien d’exceptionnel... Que ce soit Clément Desalle ou nos représentants Romain Febvre et Gautier Paulin, cinquième et septième à Saint-jean, tous trois ont partagé la même désillusion : lorsqu’ils sont parvenus à grimper sur l’estrade finale d’une épreuve cette saison, c’est à chaque fois à en ayant fini à bonne distance du Hollandais sur la piste. Un extraterrestre qui semble bien parti pour écrire les pages d'une nouvelle ère. Comme avant lui l’avait fait Stefan Everts, dix fois champion du monde, voire son meilleur ennemi du jour, un certain Antonio Cairoli, neuf fois titré. On appelle ça un passage de témoin.