Brixton Crossfire 500
Jusque-là concentré sur des machines de petite cylindrée, 125 et 250 cm3, la marque Brixton déboule sur le segment des mid-size avec la Crossfire 500. Look original et soigné, moteur sympa, partie-cycle plus que correcte, bons pneus, bons freins, prix placé… Ah, ben, ça commence à faire pas mal de bons points, là !
Le but premier d’une moto qui convoite les permis A2 est d’être accessible. Avec 757 mm de hauteur de selle, la Crossfire répond à cette attente. Il faut ensuite que la position de conduite ne soit pas trop « inconfortable ». La selle semble d’emblée plutôt ferme, mais les repose-pieds n’obligent pas à plier exagérément les jambes. De plus, le guidon de la Brixton remonte juste comme il faut et, via deux molettes, on peut même régler l’écart des leviers de frein et d’embrayage. Ce qui n’est pas toujours le cas, même sur des machines plus onéreuses. Jusqu’ici, tout va bien. Le bicylindre en ligne démarre au quart de tour, quelques coups de gaz font gentiment pétarader l’échappement. Le son colle bien avec l’image et l’esprit néo-rétro de la Brixton.
PÉRI-URBAINE AVANT TOUT
Évidemment, débuter l’essai d’un roadster par une bonne portion de voie rapide révèle immanquablement certains défauts inhérents à ce genre de machine. Pour faire simple, on en prend plein la quiche et si le trajet excède les 60 kilomètres, ça peut commencer à faire long. D’autant qu’à 130 km/h, le bicylindre mouline déjà au-dessus des 6000 tours par minute (il rupte vers 9500 tr/mn). On peut aller plus vite mais cela se fera aux dépens du confort, puisque les vibrations, le bruit du moteur et la pression de l’air se feront proportionnellement plus présents. Heureusement, le sympathique shop Les Vieux Boulons, qui nous prête cette Crossfire, n’est qu’à une grosse vingtaine de kilomètres des portes de la capitale. Là, une fois en milieu urbain, on entre de plain-pied dans le jardin de notre petite 500. Guidon plat qui permet de guider sans effort la moto, bon rayon de braquage, selle basse (on l’a déjà dit), on se faufile dans le trafic routier avec énormément d’aisance. D’autant que les commandes d’accélérateur, de frein, d’embrayage et surtout de boîte sont hyper souples. Concernant cette dernière, on monte et on descend les rapports d’une simple pichenette du pied gauche. Ils se verrouillent en un clin d’oeil et, une fois arrivé à un feu rouge ou à un stop, on trouve le point mort avec beaucoup d’aisance. Ceux qui ont déjà galéré dans cet exercice savent à quel point cela peut vite devenir soûlant.
Enfin, autre point fort de la conduite en ville au guidon de la Brixton, le regard. D’abord celui qu’on peut poser sur le joli tableau de bord rond qui, s’il est un poil avare en infos, a le mérite de fournir l’essentiel (indicateur de rapport engagé en prime). Mais aussi celui des autres motards lorsqu’ils vous lorgnent dessus. Un regard à la fois curieux de savoir d’où sort cette moto, et plutôt bienveillant quand il s’attarde sur le look sympa et la qualité globale renvoyée par la machine. Fabriquée en Chine, mais conçue du côté de l’autriche par le groupe KSR, la Crossfire possède un tas de petits détails qui augmentent son capital sérieux: phare à Leds rond qui s’inspire d’une boussole (pourquoi pas), petits clignos, support bas de plaque d’immatriculation, guidon et bouchon de réservoir siglé Brixton, forme du réservoir qui intègre une croix (qui se dit cross en english, ou c’est peut-être le X de Brixton)… Bref, y’a du taf. Alors, pas de défauts sur cette moto?
À LA CAMPAGNE AUSSI
Si, évidemment, il y en a quelquesuns. Le confort général semble, à notre sens, le plus pénalisant. À première vue, comme nous l’avons mentionné, la selle paraît assez dure. À seconde vue, elle l’est! Et au bout d’une heure de route, ça fait du bien de s’arrêter pour se soulager les miches. Ensuite, si l’amortisseur fonctionne plutôt bien sur les enfoncements lents, il filtre assez mal les chocs rapides et vous renvoie gentiment tout ça dans les lombaires. Dommage, la position de conduite relax incite à rouler plus longtemps. Enfin, il y a le train avant. Son extrême vivacité et sa grande agilité sont redoutables en ville mais nuisent un peu au feeling dans les virages et à la stabilité en courbe. Vous allez me dire, on s’en fout, on n’est pas juché sur une sportive. C’est vrai et, au vu du cahier des charges de cette urbaine, on comprend que KSR ait opté pour un empattement court et une géométrie qui favorisent la réactivité. Avec un peu d’expérience au guidon de la Crossfire, on se retrouve à la balancer d’un angle à l’autre sans plus de réserve que ça. D’autant que le choix des Pirelli Angel GT montés de série augmente la confiance dans la tenue de route. Pour terminer, du moteur? Bah, il est chouette. En ville, il faut éviter qu’il descende sous les 2500 tours,
cap à partir duquel il hoquette un peu. Les montées en régime sont efficaces. Osciller entre 3000 et 6000 tr/mn suffit largement pour se déplacer en ville comme à la campagne, puisque les relances sont franches, y compris pour doubler une voiture. Difficile de faire un vrai moteur de caractère quand ce dernier répond au bridage A2, mais l’ambiance sonore à bord de la Brixton flatte le plaisir de roulage. Plus haut, si l’on titille la zone rouge, il y a encore du répondant, mais à quoi bon. Comme vous l’avez judicieusement souligné au préalable, on n’est pas sur une sportive, hein.