Moto Journal

BMW ninet Pure

- Par Michael Trogra, photos Alex Grasssovsk­y

Jamon espagnol, coppa italienne ou wagyu japonais : toutes ces viandes exceptionn­elles ont en commun de ne pas miser sur la quantité de muscle, mais plutôt sur la qualité du gras. La nouvelle ninet Pure est née du même élevage. Avec un flat à peine dégonflé à 95 ch toujours aussi savoureux.

Dès son arrivée dans le cheptel moto en 2014, la ninet (prononcez Naïneti et pas Ninette) a acquis le statut de très bon taureau reproducte­ur. Pas une bête de concours dopée aux hormones pour épater la galerie. Pas un taureau de combat qui ne vit que pour la zone rouge. Pas de muscles tendus qui ondulent sous la peau, juste une carrure solide enrobée de gras réconforta­nt. La ninet est un beau bestiau plein de bonne volonté qui peut tout faire pour son éleveur. Séduire toutes les femelles du troupeau au bistrot, repousser les concurrent­s d’un coup de piston en sortie de courbe rapide, puis rentrer sagement au bercail sans beugler trop fort. Avec tout ça, la ninet en a convaincu, des éleveurs ! Mais elle restait interdite aux reconverti­s, ceux qui ont abandonné leur job en col blanc dans la bagnole pour se lancer dans l’élevage moto. Jusqu’à aujourd’hui, en tout cas !

DU TAUREAU AU BOEUF…

La nouvelle ninet Pure (boeuf) est en effet le premier taureau à cornes plates de Bavière disponible pour ces nouveaux permis A2. Elle passe ainsi de 109 à 95 ch pour respecter la norme du terroir européen en la matière, et peut-être castrée à 47,5 ch pour les deux ans de mise à l’essai de l’éleveur. Deux questions titillent alors le bon sens paysan : le gros 1 200 cm3 devenu boeuf n’est-il pas trop frustrant pour deux saisons de labeur quotidien ? Et une fois redevenu taureau avec ses bourses pleines de 95 ch, ne perd-il pas trop de fougue et de force face à la ninet classique que l’on connaît déjà ? On y répond dans l’ordre, en grimpant d’abord sur la version châtrée. Un coup de démarreur et “broaapp”, une secousse caractéris­tique du couple de renverseme­nt propre à cette race moteur se fait sentir, accompagné­e d’un râle sec qui invite à la balade. On n’est pas dépaysé, le gabarit restant bien sûr identique à celui de la ninet classique. La selle basse rend la moto accessible à tous, bien qu’elle replie beaucoup les jambes des grands. Mais la selle est également profonde et autorise le mouvement, permettant de bien se caler par rapport au large guidon qui implique un léger appui sur le crâne du bestiau. On est à l’aise, et l’équilibre général procuré en partie par les cylindres à plat ne gâche rien. La boîte conserve le mauvais caractère qu’on lui connaît.

Elle est lente et ne doit pas être brusquée si vous ne voulez pas l’être dans la foulée. L’embrayage à sec réclame une poigne ferme et le frein avant sensible mérite, à l’inverse, de la douceur pour ne pas planter la roue. Une fois ces prérequis intégrés, l’ensemble reste précis, à l’image du frein arrière efficace et de la nouvelle poignée de gaz électroniq­ue qui garde une consistanc­e proche de l’ancienne. Docile, la ninet Pure fait ainsi un effet boeuf en ville. Elle circule avec l’aisance et l’aura d’une vache sacrée dans les rues de Bombay, les passants à mille lieues de soupçonner votre statut de bleubite. Mieux, vous-même finirez par l’oublier, tant le moteur est communicat­if à bas régime. Des pulsations bien marquées à la sonorité présente sans être dérangeant­e, en passant par les relances vives et instantané­es à chaque rotation de la poignée, il y a de la vie et du relief dans ce moteur pourtant à plat et dégonflé. Tout simplement parce qu’avec ses 1 170 cm répartis en deux grosses gamelles de 101 mm qui se baladent sur une course généreuse de 71 mm, ce moteur conserve son gras. Or, le gras, c’est la vie ! Sortie des villes, pas de miracle. On reste sur une moto de 47,5 ch (42,5, d’après notre passage au banc) et le bridage rappelle à l’ordre chaque fois que l’on essaye de tirer un rapport.

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 ??  ?? 1. Le compteur rond unique est certes très élégant, il est quand même juste au niveau infos. Pas de jauge d’essence, pas d’indicateur de rapport engagé, et pas même un compte-tours… 2 et 3. Les commodos de cette nouvelle ninet Pure s’enrichisse­nt d’un bouton mode à droite et d’un bouton de régulateur de vitesse à gauche. Deux conséquenc­es du passage à une commande des gaz électroniq­ue. 4. Entièremen­t à Leds, y compris au niveau des clignos, l’éclairage peut recevoir, en option, des diodes supplément­aires qui se déclenchen­t sur l’angle pour éclairer l’intérieur des courbes. 5. Les 95 ou 47,5 ch de cette ninet Pure sont une autre conséquenc­e de la commande de gaz électroniq­ue. Seule la cartograph­ie de poignée de gaz a besoin d’être modifiée pour passer d’une configurat­ion à l'autre. Au passage, toutes les ninet 2021 se conforment à Euro 5 et adoptent de nouveaux couvre-culasses et caches de boîte à air.
1. Le compteur rond unique est certes très élégant, il est quand même juste au niveau infos. Pas de jauge d’essence, pas d’indicateur de rapport engagé, et pas même un compte-tours… 2 et 3. Les commodos de cette nouvelle ninet Pure s’enrichisse­nt d’un bouton mode à droite et d’un bouton de régulateur de vitesse à gauche. Deux conséquenc­es du passage à une commande des gaz électroniq­ue. 4. Entièremen­t à Leds, y compris au niveau des clignos, l’éclairage peut recevoir, en option, des diodes supplément­aires qui se déclenchen­t sur l’angle pour éclairer l’intérieur des courbes. 5. Les 95 ou 47,5 ch de cette ninet Pure sont une autre conséquenc­e de la commande de gaz électroniq­ue. Seule la cartograph­ie de poignée de gaz a besoin d’être modifiée pour passer d’une configurat­ion à l'autre. Au passage, toutes les ninet 2021 se conforment à Euro 5 et adoptent de nouveaux couvre-culasses et caches de boîte à air.
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