Moto Journal

Aprilia RS 660

- Par Rémi Darodes, photos Aprilia

Le positionne­ment de la RS 660 est à l’image de ses demi-guidons bracelets : entre deux. Ni au-dessus du T de fourche comme sur une sport-gt, ni en dessous comme sur une sportive, mais pile-poil au milieu. Là où, aux fléchettes, on pète le score. Espérons que cette moto atteindra sa cible, car si le lancer est risqué pour Aprilia, le premier jet est parfait.

En proposant une moto suffisamme­nt rapide pour défier la pendule et suffisamme­nt accueillan­te et ludique pour donner la banane en toutes circonstan­ces, Aprilia vient de réinventer la catégorie des supersport­s. Le positionne­ment de cette moto est vraiment malin car, plutôt que de concurrenc­er frontaleme­nt les géants nippons et européens, le groupe Piaggio fait une nouvelle fois le choix de la singularit­é. David attaque encore Goliath, à la cheville plutôt qu’à la tempe, comme ce fut le cas avec la Moto Guzzi V85 TT: premier trail néo-rétro du marché, doublé d’une véritable réussite commercial­e. Vous l’aurez compris, la RS 660 n’incarne pas seulement l’avenir de sa catégorie, mais aussi celui de sa marque. D’autant qu’elle inaugure à la fois une nouvelle identité visuelle et une nouvelle plateforme “châssis et moteur” pour la gamme mid-size de Noale (un roadster Tuono 660 et un trail Tuareg 660 sont actuelleme­nt en gestation). Inutile de déblatérer 115 ans sur sa plastique, terme particuliè­rement à propos au vu de l’abondance de la matière pétrochimi­que. Causons plutôt position de conduite, mécanique et partie-cycle. Gaz

VRAIE SPORTIVE, VRAIE POLYVALENC­E

Supersport rime souvent avec super-inconfort. Mais au guidon de la RS 660, on est plutôt super-bien installé ! La selle est épaisse, moelleuse (à voir si elle ne se tasse pas au fil des kilomètres), raisonnabl­ement haute, spacieuse et profonde. Malgré la grande compacité de la machine, il y a vraiment de la place à bord (même pour les grands !), ce qui permet d’être très mobile une fois en action. De plus, la forme du réservoir – large à son sommet – offre un super maintien au niveau des genoux. Une vraie qualité lors des phases de freinage et de déhanché. Mais ce qui bluffe le plus, c’est la position de conduite. Aprilia a clairement gagné son pari et trouvé le parfait équilibre entre sportivité et confort. En effet, le buste est suffisamme­nt engagé vers le train avant pour le charger et offrir un bon retour d’informatio­n. Sans l’être trop, ce qui, en règle générale, écrase les poignets et verrouille la direction.

Le triangle selle/repose-pieds/ bracelets n’est pas étranger à tout cela: les demi-guidons – bien ouverts – ont été positionné­s au niveau du T de fourche, plus haut que la selle et à la bonne distance du corps. De fait, la direction est particuliè­rement libérée pour une sportive et très sensible au contre-braquage. Donc redoutable au moment de claquer la moto d’un angle à l’autre dans les petits coins ! La RS 660 est vraiment affûtée et tranchante. Et rassurante lorsqu’on détaille la liste pléthoriqu­e d’assistance­s électroniq­ues qu’elle embarque : contrôle de traction (réglable directemen­t depuis le commodo sur les modes Track) dissocié de l’antiwheeli­ng (les deux sont déconnecta­bles), cartograph­ies moteur, pit-limiter en option, gestion de frein moteur, ABS d’angle, modes de conduite divers dont deux entièremen­t personnali­sables… L’aprilia est une vraie bombinette, qui possède tous les arguments pour faire péter un chrono sur circuit. Et aussi pour vous ramener à la maison en confort après votre session, même par l’autoroute, grâce à son incongru régulateur de vitesse. Pas de soucis non plus pour les courses (alimentair­es), puisqu’elle se permet de surcroît d’avoir un bon rayon de braquage. Qualité rare chez les sportives. Honnêtemen­t, si l’électroniq­ue de la moto n’était pas tombée en carafe deux fois (après des tentatives de wheeling), ça aurait tout simplement été un sans-faute. Quant au levier d’embrayage un peu raide? On s’en fout, la moto est équipée d’un shifter up&down de série!

DANS LE MILLE

Rouler avec une mille hypersport sur la route, c’est un peu comme manger un bol de soupe avec une louche. C’est possible, mais ce n’est pas adapté. Alors qu’essorer le tout nouveau bicylindre en ligne de la RS 660, dont le vilebrequi­n est calé à 270° comme celui de la Yamaha MT-07 (une référence du genre), c’est profiter d’un moteur vivant, sensationn­el et jamais frustrant. Bref, à mes yeux, c’est mieux. Pourtant, à la lecture de la fiche technique, ce n’était pas gagné : « 100 chevaux à 10500 tr/mn et 6 mkg de couple à 8500? Ce moulin s’annonce pointu… Ça doit être un sacré poumon à bas et mi-régimes pour lui avoir trouvé autant de chevaux vers

Le dessin de la RS 660 est très aérien et sportif. Les flancs de carénage façon biplan forment des ailerons.

la zone rouge. » Je n’ai jamais été aussi heureux d’avoir eu tort. D’après Aprilia, 80 % de son couple est disponible dès 4 000 tr/mn. Et d’après moi, 95 % des motards vont être comblés par son comporteme­nt à la fois souple, ludique et rageur. Le petit bloc de 659 cm3 impression­ne vraiment par sa force malgré sa petitesse (le poids minime de la machine n’est pas étranger à cela). En dessous de 6500 tr/mn, il tracte suffisamme­nt pour vous tirer des épingles avec vigueur. Au-delà, c’est vous qui allez tirer votre épingle du jeu face à bien plus gros que vous, grâce à un regain de vivacité qui ne cesse de s’accentuer jusqu’à 11500 tr/mn. Les 25 chevaux d’écart avec les homologues nippons sont bien présents. Certes, ce moteur ne semble pas avoir la même rondeur que le bloc de la Yamaha MT-07 (689 cm3). En contrepart­ie, il offre une sonorité vraiment charmante, même avec l’échappemen­t d’origine. Elle est très proche de celle d’un bicylindre en L Ducati, sans le côté métallique. On apprécie particuliè­rement le ronflement de sa boîte à air qui vous tient bien éveillé. Et en parlant de boîte, elle n’a qu’un seul petit défaut : une sélection parfois un poil dure (la moto ne comptabili­sait que 1000 km), mais toujours rapide et précise. Notez que pour les plus énervés d’entre vous, l’étagement des premiers rapports pourrait paraître un peu court. Tous les autres seront comblés. Et ils seront nombreux, puisqu’une version de 95 chevaux éligible aux permis A2 est également prévue.

REINE DES LACETS, ROI DU QUARTIER

Ne vous faites plus de noeuds à la tête, on a trouvé la reine des lacets! Elle file d’une courbe à l’autre sans inertie avec la légèreté d’une plume. Sa géométrie, son amortisseu­r en prise direct – sans biellette de renvoi – et son moteur porteur la rendent rigide et très réactive au moindre coup de guidon, de hanche ou de talon. Utilisez les trois en même temps, et elle tournera avant même que vous n’en ayez eu l’idée! Avec ses 100 chevaux et ses 183 petits kilos tous pleins faits, elle fait preuve d’une agilité déconcerta­nte. Questions suspension­s, bien que nous n’ayons emprunté que des portions lisses, la RS 660 semble très équilibrée et bien dotée. Elle était réglée confort, avec une fourche Kayaba qui plongeait et remontait assez vite. Pas vraiment délétère pour le comporteme­nt, elle rendait toutefois la moto assez sensible aux prises du levier droit sur l’angle. Mais facilitait l’exercice du stoppie, même lancé à plus de 80 km/h! Bien aidé par un freinage radial Brembo mordant, puissant et précis. Le frein arrière, quant à lui, mériterait un poil plus de puissance, même s’il fait totalement son office. Et c’est bien là l’essentiel.

L’aprilia RS 660 est une vraie sportive, plaisante même sur un rythme balade.

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1. OK, il ne s’agit ni des étriers Brembo M4.32, ni des Stylema. Mais ne vous inquiétez pas, ça freine. 2. La selle pilote est épaisse et moelleuse. On craint toutefois que sa mousse ne se tasse rapidement. 3. Rassurez-vous, il ne s’agit pas de la selle passager, mais d’un capot de selle en option... que deux d’entre nous ont d’ailleurs perdu sur la route. Le système de fixation est à revoir ! 4. Le tableau de bord couleur de la RS 660 est lisible et esthétique. La prise en main de ses fonctionna­lités est assez intuitive. 5. Le bras oscillant en aluminium de l’aprilia est asymétriqu­e, la partie noire est en plastique et fait aussi office de garde-chaîne.
1 1. OK, il ne s’agit ni des étriers Brembo M4.32, ni des Stylema. Mais ne vous inquiétez pas, ça freine. 2. La selle pilote est épaisse et moelleuse. On craint toutefois que sa mousse ne se tasse rapidement. 3. Rassurez-vous, il ne s’agit pas de la selle passager, mais d’un capot de selle en option... que deux d’entre nous ont d’ailleurs perdu sur la route. Le système de fixation est à revoir ! 4. Le tableau de bord couleur de la RS 660 est lisible et esthétique. La prise en main de ses fonctionna­lités est assez intuitive. 5. Le bras oscillant en aluminium de l’aprilia est asymétriqu­e, la partie noire est en plastique et fait aussi office de garde-chaîne.
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La signature visuelle de la RS 660 devrait être reprise sur toute la gamme mid-size 660 attendue pour l’année prochaine.
6. Un élément Akrapovic est disponible en option. Il nuit clairement à la ligne de la moto. 7. Le shifter n’est pas en option et la sélection de boîte peut être inversée pour le circuit ! La signature visuelle de la RS 660 devrait être reprise sur toute la gamme mid-size 660 attendue pour l’année prochaine.
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