Kawasaki Versys 1000 S
La Versys 1000 S est très bien équipée mais évite le superflu, et donc tout surcoût.
La nouvelle Versys 1000 S est un jeu d’argent qui rebat les cartes. Elle vous propose une économie de 2 000 € par rapport à la version SE équipée de suspensions électroniques. Mais elle vous invite illico à les réinvestir dans un pack Grand Tourer alléchant. Rassurez-vous, on ne finit jamais la partie vraiment perdant.
Alors, ça vaut le coup ou pas ? » Voilà la question qui tourne en boucle dans ma cervelle semi-congelée après cet essai hivernal de la nouvelle Kawasaki Versys 1000 S. À 15999 €, cette nouvelle version de la routière Kawasaki haut perchée est tout à fait pertinente. Elle s’intercale entre les versions standard (13 599 €) et SE (17 999 €), en reprenant tout l’équipement de cette dernière, à l’exception des suspensions semi-actives.
ÉQUIPÉE POUR L’HIVER
Et c’est plutôt malin, car si je peux aisément me passer de ces suspensions électroniques, j’apprécie tout particulièrement la bulle et les protège-mains généreux, ainsi que les poignées chauffantes. Ça meule sec dehors, plutôt humide d’ailleurs, mais sur la brêle, ça va ! La protection est impeccable à tous égards. Seuls les pieds sont exposés, et encore, on peut les abriter un peu en les collant au maximum contre les platines. À cette protection royale s’ajoute un confort du même acabit, grâce à la selle canapé et à l’ergonomie droite qui impose un minimum de contrainte sur chaque membre. Dans cet environnement hivernal hostile au motard, je ne suis donc pas en mode survie mais comme à la maison et en mesure de me concentrer sur l’accessoire. Comme le tableau de bord TFT en couleur repris à la version SE, rigolo avec ses jauges d’accélération longitudinale, d’ouverture des gaz, de pression de freinage et d’angle (laquelle n’a pas été poussée dans ses retranchements ce coup-ci !).
Les plus geeks apprécieront le fait de pouvoir connecter un smartphone à ce tableau de bord, pour écouter de la musique via un intercom, parler à son passager ou recevoir des appels. Ceux qui se concentrent sur le plaisir de rouler apprécieront de leur côté le shifter qui fonctionne aussi bien à la montée qu’à la descente des rapports. Un régal de douceur et d’efficacité… tant qu’on reste assez haut dans les tours. Mieux vaut se passer de ses services en ville pour éviter les brutalités (dans mes souvenirs, il restait très doux jusqu’aux plus bas régimes…). Les rouleurs nocturnes profiteront de leur côté de l’éclairage en courbe qui équipe également la version SE. Vous l’aurez compris, la Versys 1000 S reste une routière très bien équipée. Est-ce que je regrette les suspensions semi-actives de la SE ? Pas une seconde. Pourtant, ce système est l’un des plus efficaces du genre. Avec de vraies différences dans les différents modes proposés, un comportement
à chaque fois cohérent et, en prime, une utilisation facile grâce au couplage entre les modes de conduite et les modes de suspension. Il n’empêche, les suspensions mécaniques de cette version S font du bon boulot et ne génèrent aucun sentiment de manque. Réglées assez souples, elles conviennent au rythme pépère que j’imprime lors de cet essai froidmouillé et procurent un bon niveau de confort. Bosses et pavés sont bien filtrés, et ni la plongée, ni le cabrage assez marqué ne deviennent gênants. Par temps sec et plus chaud, un ensemble un peu plus ferme aurait peut-être été souhaitable. Et ç’aurait été possible en prenant une paire de minutes et d’outils. La fourche offre en effet un réglage de détente hydraulique par tournevis et un réglage de la précharge du ressort par clé, le tout sur au sommet du fourreau droit. L’arrière y va aussi de son réglage en détente par tournevis et facilite la vie avec une molette déportée pour le réglage de la précharge. C’est que cette Versys 1000 S est une vraie routière conçue pour le voyage en duo. Et c’est dans cette optique que vous pouvez
consentir de lâcher vos 2000 € d’économies dans le pack Grand Tourer.
PACK COMPLET
Ce pack comprend une bagagerie complète avec valises et top-case de 47 litres qui vous permettent d’engloutir quatre casques intégraux ou, plus classiquement, deux casques et des affaires pour les vacances.
Sans oublier une paire de feux additionnels à Leds assez puissants pour animer les soirées du camping pendant ces mêmes vacances. Les valises se manipulent facilement et se verrouillent bien entendu avec la clé de contact. Le top-case se verrouille de la même façon, mais on peut noter une certaine dureté dans le système d’ouverture, tant dans la pression qu’il faut appliquer pour fermer le capot que dans l’effort à fournir sur le bouton d’ouverture. On note aussi qu’une fois le top-case chargé et avec un passager derrière soi, la moto perd logiquement en précision, même après quelques tours de molette en plus. C’est particulièrement notable sur les routes très glissantes que l’on a rencontrées. La confiance dans le train avant et l’équilibre de la moto au moment de la placer sur l’angle régressent clairement de quelques crans par rapport à une utilisation sans bagages (surtout sans top-case), ni passager. Rien de surprenant quand on ajoute une centaine de kilos à l’arrière d’une moto qui en fait déjà 255 à plein. Mais la Versys 1000 S dissimule tellement bien son poids en solo qu’on en perd la notion des limites. Dans des conditions plus favorables, la Versys vous saisit par son équilibre parfait, son agilité et sa neutralité à la mise sur l’angle. Cette partie-cycle exemplaire est de surcroît servie par un ensemble moteur-transmission très onctueux et par des commandes alliant douceur et consistance, à l’exception d’un frein arrière manquant franchement de mordant. Certains pourraient reprocher à la Versys le manque d’ambition de son gros quatre-pattes qui se contente de 120 ch quand la norme devient 150. Mais on oublie cette approche mathématique au guidon. Le moulbif colle parfaitement à l’esprit de la moto, apportant une souplesse sans failles à bas régime, une rondeur et une disponibilité omniprésentes, ainsi qu’une allonge convaincante, mais pas incongrue. Sans vous faire peur, le quatre-cylindres Kawa n’est pas avare en sensations. Visser la poignée déclenche une poussée vigoureuse pour une machine de ce gabarit, laquelle est accompagnée d’une bande-son très riche. Les bruits d’admission rauques et profonds se mêlent à l’échappement qui siffle de plus en plus aigu au fil des montées en régime. La Versys 1000 S reste au final cette brillante routière que l’on a déjà eu l’occasion d’essayer, suspensions électroniques ou pas. Son placement tarifaire plus intéressant en fait une excellente moto en soi. Notre modèle, équipé du pack Grand Tourer, se révèle de son côté une moto capable de traverser l’europe avec femme et bagages, au prix d’un comportement forcément un peu plus flou.