A2 : entre p’tit sec et gros gras, le grand vide ?
Sur le papier, rouler A2 se réduit à rouler avec 47,5 ch. Ce résumé masque toutes les possibilités d’atteindre cette puissance et toutes les sensations qui vont avec. Si on a vu que le gros flat BMW s’accommode particulièrement bien du bridage grâce à son couple généreux dans le bas du compte-tours, ce n’est pas la seule solution. D’une manière plus générale, tous les moteurs qui privilégient le couple bas dans les tours à la puissance en zone rouge souffriront beaucoup moins d’un bridage artificiel à 47,5 ch. La puissance étant le produit du couple et du régime moteur, tourner à haut régime revient à limiter le couple, et donc les sensations. Tourner à bas régime, ce que fait naturellement un moteur privilégiant cette plage de fonction, permet à un moteur bridé de continuer à délivrer un couple important sans dépasser le plafond de puissance. Une Guzzi V85 TT bridée avec laquelle on enroule sur les premières graduations du compte-tours est ainsi beaucoup moins frustrante qu’une Honda CB 650 R dont les montées en régime qui faiblissent semblent interminables. La palme de la frustration revenant, de mémoire d’essai, à la Kawasaki Z 900 A2 : pas de montée en régime linéaire, mais une poussée vive du gros quatre-pattes qui s’envole, avant d’être abattu en plein vol par un bridage aux airs de limiteur de stand. Difficile d’endurer les deux ans de bridage quand on se sent autant bridé. Dans cette logique, un petit moteur de 400 cm3 dépourvu de bridage n’est pas dénué d’intérêt. Si ce genre de petite cylindrée est souvent très creuse, ça ne signifie pas qu’elle n’a aucun caractère. Le mono KTM 390, par exemple, offre des montées en régime qui se renforcent à l’approche de la zone rouge et cravacher ce type de mécanique est incontestablement ludique. En outre, la petite taille du moteur n’est pas étrangère au poids plume de la moto qu’il anime, avec tous les avantages dynamiques que cela implique.