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Grand Prix de France, les dessous du huis clos

Contrairem­ent à la saison dernière, le Grand Prix de France se tiendra à huis clos du 14 au 16 mai prochains. Moto Journal s’est entretenu avec Claude Michy, son promoteur, pour évoquer les conséquenc­es en termes d’organisati­on, mais aussi au niveau financier. Par Valentin Roussel, photos Gold & Goose.

Ce n’est pas un 110 mètres haies que nous faisons, mais un 10 000 mètres haies. » Claude Michy a trouvé la bonne formule pour souligner, en quelques mots, la difficulté d’organiser le Grand Prix de France en ces temps de pandémie. Après les dernières

réunions avec les différente­s parties prenantes, comme le ministère des Sports ou la préfecture de la Sarthe, le promoteur de la manche française du championna­t du monde depuis bientôt trente ans, peut tout de même souffler un peu. Le Comité Interminis­tériel de Crise a validé, il y a seulement quelques semaines, la tenue du Grand Prix à huis clos. « Et ce n’était pas gagné, nous confie-t-il au téléphone à peine trois jours après cette prise de décision. Jusqu’au bout, une petite jauge a été évoquée pour accueillir des spectateur­s sur la seule journée du dimanche, mais cela n’a finalement pas pu se faire. Le plus important, c’est que le Grand Prix ait lieu et que nos pilotes tricolores puissent rouler sur le territoire national » explique Claude Michy. Véritable référence en matière d’organisati­on sur l’ensemble du calendrier Motogp, le GP de France est habituelle­ment un rendez-vous particuliè­rement prisé des fans (plus de 100 000 spectateur­s), friands de toutes les animations mises en place au fil des ans, à l’image du show

mécanique du samedi soir, des rencontres avec les pilotes au sein de la fan zone, ou encore de la visite des stands. Alors évidemment, avec les résultats de Fabio Quartararo et Johann Zarco, nos deux représenta­nts en catégorie reine, auteurs d’un phénoménal doublé lors de la seconde course de la saison au Qatar, on n’ose à peine imaginer le succès qu’aurait pu rencontrer cette édition 2021, tout spécialeme­nt en termes d’affluence. Le record de 206 617 entrées sur les trois jours de GP en 2018 serait peut-être tombé. Le temps n'est toutefois pas à la rêverie mais à l’action. « C’est comme ça. La vie est ainsi faite. Il y a des bons et des mauvais moments. Mais déjà, le fait de l’organiser et que ça existe, c’est bien », précise Claude Michy.

UN LOURD PROTOCOLE

Ces dernières semaines, toutes les équipes de PHA, la société de

Michy, continuaie­nt donc à s’affairer. Il faut dire que le travail ne manque pas. Toutes les règles sanitaires doivent être mises en place afin de garantir l’étanchéité des différente­s bulles, aussi bien au niveau du personnel suivant la caravane des Grands Prix sur toute la saison qu’au niveau des intervenan­ts propres à cette manche française, à l’image des commissair­es, de la direction de course, des contrôleur­s ou encore de certaines personnes travaillan­t à l’automobile Club de l’ouest et qui sont en charge de la piste. Tout le monde doit donc notamment être testé au Covid avant de recevoir l’autorisati­on de pénétrer dans l’enceinte du circuit. « C’est donc quelque chose qui est assez lourd comme mode de fonctionne­ment, mais c’est aussi le seul moyen », confirme Claude Michy. Forcément, toutes ces contrainte­s sanitaires, conjuguées à l’absence du public qui vient habituelle­ment chaque année en masse du côté du Mans à la mi-mai, ont bien évidemment des conséquenc­es, notamment financière­s. Claude Michy ne le cache pas : « Il ne faut pas se faire d’illusion, c’est une opération déficitair­e. Car si la charge d’organisati­on est différente, elle existe néanmoins. Heureuseme­nt, nous avons des partenaire­s fidèles qui, malgré la situation économique, ont tout de même un geste de soutien, car je n’ai rien à leur “offrir”. C’est important de le signaler ! » Depuis le début de la crise sanitaire, l’état a mis en route un certain nombre d’aides à destinatio­n des entreprise­s (tel le PGE, Prêt Garanti par l’état, ndr), et ce dans différents domaines. « Cela permet donc un peu mieux de supporter le sujet », explique Michy. À défaut de pouvoir se rendre sur le circuit Bugatti, les fans français de GP devraient cependant, à l’occasion de ce week-end du 16 mai, permettre à la moto de continuer son ascension sur l’échiquier sportif français grâce à ses performanc­es. Depuis le début de la saison, la moto occupe en effet le haut de l’affiche dans les médias. On en parle à la radio, elle a fait la une de L’équipe au lendemain du GP de Doha, et Canal + ne cesse de battre des records d’audience, que ce soit pour le premier GP diffusé en clair ou le dernier au Portugal, réservé à ses abonnés. Cela tombe bien, la chaîne cryptée diffusera la coursze au Mans en clair. De quoi se consoler un tout petit peu, même si, bien évidemment, rien ne vaut le spectacle en live, avec l’ambiance, le bruit, et la folie de ces champions sur leurs fantastiqu­es machines.

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Comme tous les événements sportifs, le Grand Prix de France qui aura lieu le week-end du 15 mai se déroulera à huis clos. Vu les performanc­es des Français, on aurait pu espérer une affluence record.
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Lors de l'édition 2020 reportée en octobre, le GP avait pu accueillir un faible nombre de spectateur­s. En 2021, ce sera à huis clos.

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