Il y a 25 ans, la folie s’emparait de Jerez
Il reste encore une dizaine de tours à parcourir à l’occasion de ce GP d’espagne 1996. Et l’atmosphère est aussi chaude qu’un plat de paella. Même le bruit strident des 500 qui s’écharpent sur la piste a du mal à rivaliser avec les cornes de brume et les clameurs des spectateurs, surchauffés à l’idée d’une victoire de la gloire locale, Alex Crivillé. Ils sont en effet des milliers à gesticuler, à s’exciter et à s’époumoner. Loin des réseaux sociaux et de leurs stories qui sont devenus la norme aujourd’hui, ils vivent cette course dans une pureté absolue, avec un drapeau dans une main pour l’un, une clope entre les doigts pour l’autre. Depuis le début du Grand Prix, Crivillé et Mick Doohan, son rival et coéquipier, ne se lâchent en effet pas d’une semelle, alors que Luca Cadalora est en embuscade. Au fil des tours, la tension ne cesse donc de grimper encore et encore. Bref, c’est l’ébullition totale. À deux boucles de l’arrivée, on commence à apercevoir plusieurs spectateurs dans le champ des caméras. Dans le dernier tour, ils sont carrément derrière les vibreurs, pendant que Doohan se rapproche dangereusement de Crivillé. Dans la roue de son adversaire, l’australien tente alors de le passer à l’intérieur du dernier virage. Il réussit sa manoeuvre alors que Crivillé, lui, s’envole dans le ciel bleu azur de l’andalousie, victime d’une monstrueuse perte de l’arrière, brisant ainsi les rêves de tout un peuple. En un souffle, la folie laissait donc la place à la déception...