Coyote Secure : le vol à la trace
Depuis qu’elle a racheté Traqueur en 2018, la société Coyote ne se contente plus de prévenir les zones à risques: elle surveille de son oeil électronique les véhicules volés et les localise grâce à son équipe de détectives. Par Xavier de Montchenu, photos DR
Même en baisse de 13 % par rapport à l’année 2019 à cause d’un contexte sanitaire très particulier, le vol de véhicules reste soutenu en France. Selon le ministère de l’intérieur et les données fournies par le groupement des assureurs Argos, on en compte un toutes les quatre minutes dans l’hexagone. Soit, en 2020, un total de 121 500 vols recensés, pour une valeur d’un milliard d’euros. Des chiffres pas vraiment rassurants. On a beau être informé du risque encouru, impossible d’avoir la certitude que sa moto est à l’abri. Comme l’annonce la Mutuelle des Motards, 3,5 % des motards parmi ses assurés ont eu l’infortune d’avoir subi au moins un vol dans les cinq dernières années. Et rien n’y fait. Les résultats de l’observatoire des vols Coyote Secure, que vient de présenter la société créée en 2005, concernent aussi bien les 2-roues que les autres véhicules. Pour les 2-roues, Coyote ne communique pas le nombre de véhicules qu’elle équipe : « Une bonne proportion de 2-roues sur les 300000 véhicules équipés », affirme Jérôme Arnac, directeur marketing et communication de Coyote. Les 2-roues sont particulièrement ciblés par ce fléau (6% des 2-roues ont été volés). Et dans ce rapport, le scooter est en première ligne : 10 % des scooters volés contre 5 % pour les motos. Impossible de savoir quels types de modèles sont les plus recherchés par les malfrats. Normal, la boîte compte dans ses clients plusieurs réseaux de concessionnaires dont Honda, Yamaha, BMW… « Citer un modèle en particulier, ça peut avoir un impact sur les ventes », nous explique-t-on.
UNE TECHNOLOGIE PLUS FINE
Sans surprise étant donné le parc qui y circule, l’îie-de-france est en pole position (5,9 2-roues volés équipés par Coyote sur 1 000), avec une augmentation de 17 % en 2020, malgré la pandémie. Masques ou pas, les voleurs se sont bien « ressaisis » après le premier confinement (-74 % en avril) à partir de juillet jusqu’en septembre. Une progression qui s’explique par le succès des 2-roues qui a ramené de nombreux nouveaux adeptes désireux de laisser tomber les transports en commun ou la voiture. Elle est suivie de la région PACA (3,9 vols/1 000) et des Hauts-de-france (3,7). Mais l’auvergne-rhône-alpes est, elle aussi, en hausse. L’arme brandie par la jeune société française pour lutter contre le vol, c’est le Coyote
Secure : un service à double détente mêlant technologie et intervention humaine développée depuis le rachat de Traqueur, leader à son époque dans la récupération après vol. « C’est un système qui repose sur une technologie et un dispositif d’opérations sur le terrain avec une équipe de détectives prêts à intervenir 24 h/24 dès qu’un client déclare son véhicule volé », précise Jérôme Arnac. Tout en admettant qu’il est impossible de garantir une protection contre le vol à 100 %, ce dernier justifie le choix de l’entreprise, différent de ce qui existe par ailleurs : « Aucun système ne pourra être infaillible contre le vol, sans compter que l’attention du propriétaire finit toujours par baisser dans le temps. Au début, on est super rigoureux. Et puis, comme le disent les motards et les assureurs, au bout de deux mois, le cadenas, on ne le met plus, on veut gagner du temps et on se fait voler. Se rajoute à cela la difficulté à trouver un point d’attache. Dans la durée, c’est difficile de tenir cette disciplinelà. Nous, c’est complètement différent. Nous apportons un service de récupération après vol complètement furtif. On l’oublie et on s’en rappelle le jour où on se fait voler son véhicule. On n’empêche pas le vol, par contre on récupère le véhicule. » Les constructeurs ont beau installer des clés codées et autres systèmes rendant inopérant l’allumage, les filières du vol se professionnalisent et s’équipent, reconnaît notre interlocuteur : « Il y a deux modes de vol d’un deux-roues : l’enlèvement et le mouse-jacking, le vol électronique. Ils savent se brancher sur la prise diagnostic du véhicule et déjouer les défenses du système. Tout ce qui est électronique se déjoue. C’est parfois même plus vulnérable dès lors que les technologies et les outils évoluent. »
UN SYSTÈME QU’ON RÉVEILLE
Le système Coyote Secure est un système autonome plus petit qu’un paquet de cigarette, et donc différent des « mouchards » habituels : « Il est très économe en énergie, c’est pour ça qu’il ne donnera pas votre position à chaque minute. Ça lui permet d’être actif pendant quatre ans. On n’est pas sur un système branché, mais furtif, qu’on va réveiller simplement le jour où il y a vol. C’est aussi une approche différente car, avec un système branché sur la batterie, la victime du vol, sachant où est sa moto, peut être tentée de vouloir la retrouver elle-même. » Une démarche très dangereuse et à éviter à tout prix selon le responsable de Coyote. L’observatoire, qui vient de communiquer ses chiffres, révèle que dans 60 % des cas, le 2-roues, facile à déplacer contrairement à une voiture, est enfoui pour une période dite de sèche, afin d’éviter sa localisation. Les endroits ne manquent pas : parking souterrain, cave, box, container, tout est bon pour endormir la surveillance et démonter l’objet du vol pour le revendre en pièces. C’est là où la technologie brevetée par Coyote se distingue de ses rivales. « Notre technologie permet de retrouver le signal perdu, et même de retrouver la bonne porte du box ou de la cave, même si le véhicule a été enfoui. Parce qu’on se base sur la technologie de l’internet des objets et sur des fréquences qui permettent, même si le signal a été perdu par le réseau, par les antennes, d’aller sur le terrain avec un détecteur spécifique. Et qui, par un système de chaud-froid, va permettre de s’arrêter devant la bonne porte du box ou de la cave. Et à ce moment-là, on peut appeler les forces de l’ordre. Elles seuls sont habilitées à ouvrir les portes. On les appelle quand on est sûrs. » Une équipe dédiée à la récupération des véhicules est donc en veille permanente, équipée des appareils en question. Ces détectives, qui sont des salariés de Coyote, sont actuellement une vingtaine en France et interviennent partout, là où se trouve la demande.
UN DE PERDU, DIX DE RETROUVÉS !
Conséquence indirecte du mode d’opération suivi par Coyote, mais loin d’être négligeable, les saisies incidentes. « Souvent le fait de retrouver un véhicule fait qu’on va en retrouver plusieurs. C’est arrivé qu’on retrouve vingt motos d‘un coup dans un hangar. Notre système est tellement furtif que, parfois, le voleur qui se fait arrêter par la BAC ne saura jamais que c’est notre système qui était derrière. » Malgré tout, reconnaît Jérôme Arnac, il arrive que le système soit, comme ses concurrents, lui aussi repéré par les voleurs, notamment en cas de démontage. Quand il ne l’est pas, Coyote se targue de sa technologie et de son mode opératoire qui permettent de retrouver 91 % des véhicules déclarés volés dans un délai de récupération entre 24 et 36 heures, « souvent la première journée avec un 2-roues ». Une autre partie bien sûr est récupérée au-delà de ce délai. Sûre d’elle, Coyote donne la promesse à ses clients dont le véhicule n’a pas été retrouvé d’être remboursé de toutes les dépenses effectuées auprès de la société. « On les rembourse intégralement pour tout ce qu’ils ont dépensé chez nous, même depuis quatre ou cinq ans si on considère qu’on n’a pas tenu nos promesses. Ça concerne les frais de mise en service (149 € le boîtier installé, ndr), les mois d’abonnement à 9,90 €/mois qui ont été payés… ». S’il n’est pas effectué au moment de l’achat de la moto neuve en concession, pas de souci, le système peut être installé à domicile par un installeur agréé. Cette source de confort supplémentaire ne saurait pourtant pas exonérer les motards des gestes barrières indispensables à tout moment : un bon antivol relié à un point fixe, le b.a.-ba d’une projection dissuasive.