Moto Journal

La folle histoire du succès de Bertin face à Nieto sur le Bugatti en 1979!

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C’est une petite histoire qui se confond dans la grande. Gravement blessé à une jambe après une lourde chute à Jarama en début d’année, Guy Bertin est sur un lit d’hôpital quand il apprend qu’il existe une possibilit­é de rouler sur la Motobécane en 125 pour les dernières courses de la saison, suite à la blessure de Thierry Espié. S’il est obligé dans un premier temps de refuser le guidon en raison de ses fractures qui n’étaient alors pas encore tout à fait consolidée­s, il ne laisse pas passer la seconde opportunit­é, alors qu’il est encore à l’hosto après avoir contracté une phlébite. « Quand je lui ai dit que je partais faire des essais à Folembray, mon toubib est devenu fou, se rappelle Guy. Je suis donc allé en train jusqu’à Paris où l’équipe est venue me chercher à la gare. Ils ont d’ailleurs eu une tête un peu bizarre quand ils m’ont vu descendre du wagon avec mes béquilles... » La séance d’essais est néanmoins concluante. Guy se retrouve donc quelques jours plus tard à Silverston­e. Malgré un envol difficile à cause d’une patte pas encore totalement à son meilleur niveau, il arrive à remonter ses adversaire­s les uns après les autres pour se retrouver en tête. Mais s’il doit finalement se contenter de la troisième place en Angleterre, il parvient, une semaine plus tard, à s’imposer à Brno. Après ce succès, les journalist­es décident donc de faire monter la mayonnaise en piquant un peu Angel Nieto en racontant que, si Bertin avait gagné en République tchèque, ce n’était pas seulement à cause de son absence mais surtout parce qu’il était le plus rapide. L’espagnol, qui avait l’habitude de ne plus prendre de départ une fois qu’il était champion, les prend au mot et se rend donc dans la Sarthe. Et pendant toute la course, les deux hommes, en tête, ne se lâchent pas d’une semelle. L’intox joue à plein. Bertin se rappelle : « Il faisait exprès de ne pas se coucher dans les lignes droites. Quand je me retournais, il remettait sa botte... À La Chapelle, je me suis donc pratiqueme­nt arrêté, il a été obligé de me doubler et on est reparti. Et je lui ai fait ce qu’il m’avait fait ! » En tête à l’entame de la dernière boucle, Bertin est cependant gêné par un attardé?? aux Chemins aux Boeufs. « Du coup, reprend Guy, Nieto était mieux positionné que moi, il a mieux réagi et m’a doublé. J’ai tenté de le repasser au raccordeme­nt mais il est tombé. ». Bertin n’a donc plus qu’à couper la ligne pour offrir à la moto française une journée historique ! « C’était comme dans un rêve », savoure Guy encore aujourd’hui.

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