DU COCHON ?
Je discutais avec l’un des participants de la Sunday Ride Classic dont la Benelli 6 préparée par Enrique Martinez à Valence (en Espagne) a sûrement été l’une des motos les plus photographiées de ce fameux week-end. Du coup, on en vint à parler de la BMW ninet transformée par un autre Espagnol, le Galicien David Borras, plus connu sous le nom d’el Solitario. Il semble effectivement que le jeune homme ait joué délibérément la provocation et que le constructeur bavarois fasse un peu la gueule. Mais après tout, c’est eux qui sont allés le chercher. Le plus drôle, c’est que la fameuse Benelli 6 traitée dans un style café racer « néo-classic » aurait été vertement critiquée il y a quelques années. Par exemple, dans les années 70, par les membres du Club du Motocyclettiste qui se crêpaient le chignon à travers les articles de leur gazette (qui vient d’ailleurs de cesser de paraître), lorsqu’un des membres prenait trop de liberté avec l’origine… Pire encore, à l’époque, on ne considérait pas la production japonaise comme digne d’intérêt. À la fin des années 80, je me souviens de courriers des lecteurs (possesseurs d’anglaises, au hasard) dans La Vie de la Moto, qui se plaignaient de la présence de motos nippones dans leur journal favori. Ceci dit, je me souviens aussi d’un lecteur en colère suite à la publication des dates du rassemblement du Gay Moto Club… Mais revenons à nos moutons, en l’occurrence notre Galicien. Et si sa moto était une oeuvre d’art ? En entendant ce mot, mon défunt pote Manu aurait sûrement hurlé, lui qui affirmait qu’une moto ne pouvait pas être une oeuvre d’art puisqu’il ne s’agissait que d’un produit industrialisé avec un prix de revient et un but bien précis : aller d’un point A à un point B. Certes, mais peut-être que la BMW Impostor (c’est son nom) aurait eu sa place dans l’exposition Motopoétique du musée d’art moderne de Lyon ? La question reste posée. Il semblerait d’ailleurs que quelques visiteurs de cette expo aient eu un peu mal à comprendre certaines oeuvres… Ils peuvent sans doute méditer la formule de Charles Beaudelaire : « L’art moderne a une tendance essentiellement démoniaque… » Le démon de la vitesse peut-être ? Quoiqu’avec un grille-pain à roulettes... Ça aussi, c’est du second degré.