CAFÉ SUISSE
Si Honda France fait dans la « mauvaise graine », les Helvètes, eux, ont préféré jouer la carte café racer.
En France, on l’a l’habitude de dire que les Suisses ne sont pas très rapides. Sauf en ce qui concerne la Dark Racer – antenne suisse du premier constructeur mondial –, qui a bel et bien fait le freinage à la France. Jugez plutôt, le projet a été imaginé en novembre dernier et le proto réalisé en deux semaines ! Tout commence pourtant avec la Bad Seeds. Lorsque nos amis helvètes la découvrent, ça les titille gravement. Là-dessus, une série limitée sur la base d’une Integra fait un tabac. Puis, se profile le 40e anniversaire de Honda Suisse et là, le service marketing souhaite frapper un grand coup. La mode du vintage aidant, décision est prise de réaliser une série limitée de 40 motos sur base de CB 1100. C’est Florian Bousquet et Gilbert Michaud, les deux responsables de l’atelier, qui s’y collent. Le premier est un p’tit jeune qui est dans la place depuis cinq ans et qui, selon ses propres termes, est vacciné Honda. Le second a plus de bouteille : il officie dans la boutique depuis 1986 et a aussi passé pas mal de temps en France, dans les écuries Godier-genoud, Performance et Roc.
Le proto a été réalisé en deux semaines !
C’est à ce tourneur-fraiseur de formation qu’advint donc la tâche de réaliser les pièces spéciales, telles que les platines de repose-pied ou la patte de pot. Quand on parle de réalisation, ça passe par les dessins et la fabrication à l’aide de machines-outils. Pendant ce temps, Florian part à la chasse aux fournisseurs. Commençons par l’échappement, qui a été la pierre d’achoppement de la Bad Seeds. Après avoir un temps songé lui aussi à Yoshimura, il s’est tourné vers l’italien QD qui s’est cependant contenté de fournir un silencieux à chicane amovible. Contrairement à son homologue française, la Dark Racer conserve son collecteur d’origine. Les leviers, rétroviseurs, repose-pieds et embouts de guidon sont aussi «made in Italy» mais signés Rizoma. En revanche, clignotants et feux viennent d’allemagne et la belle selle monoplace cuir et alcantara a été réalisée en Suisse. Pour les amortisseurs, le choix est identique à celui de Honda France avec une belle paire d’öhlins mais démunis des bonbonnes de gaz. Détail qui a son importance, Florian a pioché dans le catalogue Honda pour la visserie, le sélecteur, la pédale de frein et le collier de fixation du pot. Enfin, signalons les magnifiques jantes à rayons Kineo taillées dans la masse. Du grand art. Et nous voilà du côté du col de Marchairuz, entre Genève et Lausanne, pour les premiers tours de roue du prototype. Avant d’aller plus loin, il est bon de préciser que ce proto a été élaboré sur un modèle 2013 à moteur gris mais que la série de 40 motos sera réalisée avec la version 2014 à moteur noir.
Une série limitée de 40 motos seulement
Sauf que normalement, cette version (dite Black Edition) ne sera pas vendue en Suisse, les motards helvètes devant se contenter de la EX qui conserve le moteur gris. Du coup, l’appellation Dark Racer prend tout son sens. Ceci dit, dynamiquement, ça ne change rien et j’enquille les petits virages le sourire aux lèvres... Jusqu’à ce que je m’aperçoive que la chaussée est hyper glissante à cause du sel. Tu vois pas que je mette le proto par terre ! Marrant de constater comme un guidon différent et des commandes reculées changent une moto. Avec ce cintre style « multiposition » de la grande époque, on a l’impression que la grosse CB est plus maniable. On y perd un peu en confort mais il faut savoir ce que l’on veut : un café racer, ça se mérite ! À peine le temps d’apprécier la sonorité du mégaphone qu’il faut déjà retourner sur Genève. Dommage, j’aurais bien fait un test sans la chicane… Vous en voulez une ? Pourquoi pas, rien ne vous interdit de vous rendre chez un concessionnaire helvète. Il faudra venir avec 19 800 Francs Suisse, soit 16 225 €. C’est raisonnable, vu la qualité de l’ensemble.