Moto Revue Classic

GROS PROJET

/ # Visite au Team RCB (pour Racing Caillou Bédier), qui s’est mis en tête de réaliser une réplique de Honda RCB 1000 de 1976. Pas moins.

- Texte : Peter Wicked – Photos : Alex Krassovsky

Ils se sont croisés à l’école élémentair­e Jules Ferry de Sainte-genevièved­es-bois dans l’essonne puis ils se sont perdus de vue. Pourtant, ils partagent tous les deux la même passion pour la moto en général, et pour les Honda de compétitio­n en particulie­r. Patrice Bédier, la cinquantai­ne et le cheveu rare, en pince pour les CB 750 depuis ses années de lycée. « Comme je n’avais pas les moyens, je me suis payé une CB 500. » Plus tard, il s’offrira une CB 750 F puis une CBX 750… Que des Honda. Mais ce qui l’a toujours fait « kiffer » par-dessus tout, c’est la Honda RCB de Léon-chemarin (voir p. 46), celle qui gagnait tout au Mans et au Castellet ! À la fin des années 90, n’y tenant plus, il transforme une brave « quatre-pattes » en réplique de l’engin.

Les mains de l’un, les adresses de l’autre

Ce n’est pas parfait mais c’est déjà pas mal. D’autant qu’il fait tout lui-même, avec un penchant pour le travail de la fibre de verre. « J’ai eu envie de me payer une Triumph Street Triple et malgré le temps passé dessus, je l’ai revendue… » Il est comme ça Patrice, c’est pas le genre à accumuler les brêles. Un jour, à la lecture d’une gazette spécialisé­e, il tombe en arrêt sur la CB 750 Seven Fifty équipée du kit japonais de transforma­tion White House RCB Replica. Son sang ne fait qu’un tour et il se lance dans ce nouveau projet puisque l’importatio­n n’est pas au programme. Cette moto, on l’a essayée dans le n° 57 de Moto Revue Classic. Sur la base d’une épave, Patrice a encore tout fait avec ses petites mains, en s’inspirant seulement de photos. Et le résultat est

tout simplement magnifique. Puis, au Salon de Tokyo 2007, apparaît la version R de la nouvelle CB 1100. Rebelote, Patrice se remet au travail, cette fois-ci sur la base d’une CBX 750. Après 500 heures de boulot (deux fois plus que pour la White House), le résultat est là. Une machine unique, réalisée uniquement avec des pièces de récup’ mais attention, uniquement de provenance Honda. Entre-temps, il a passé une annonce pour se séparer de la White House car il fallait bien financer ce nouveau projet. C’est là que Jean Caillou intervient. À la lecture de ladite annonce, il appelle Patrice et se rend compte que tous les deux rêvent d’une RCB, une vraie, le tout premier modèle de 1976. Jean, moustache et Stetson rivé sur le crâne, est plus connu pour ses Honda de Trial. Et pourtant : « En 1976, j’avais 15 ans et j’avais transformé mon Honda SS 50 en RCB avec dosseret et autocollan­ts. Après, j’ai eu une 125 SL et je suis passé au trial… » Mais 40 ans plus tard, le virus le reprend et, avec Patrice, ils décident de réaliser leur rêve. Si ce dernier a de l’or dans les mains, Jean, lui, a un carnet d’adresses long comme le bras. Dans le milieu de la Honda de collection bien sûr (l’anglais Bernard Saunders, le Français Guy Coulon) mais aussi dans celui des artisans qui bossent bien.

Culasse et carbus sont introuvabl­es

Car depuis presque 10 ans, Jean se rend chaque année sur le lac salé de Bonneville pour battre des records avec des engins sortis du cerveau des Triplettes de Bonneville, c’est-à-dire de celui de ses compères et du sien.

Pour mener leur projet à bien, Patrice et Jean ont créé une associatio­n (Team RCB pour Racing Caillou-bédier) et ils ont frappé à toutes les portes. Aujourd’hui, ils ont déjà récolté pas mal de pièces comme l’habillage, le réservoir, les roues, les suspension­s, etc. Pour le propulseur, sur les conseils de Guy Coulon, ils vont utiliser un bas-moteur de CB 750 F2 (dans lequel ils monteront un vilo de CB 750 KZ), ils ont dégotté un vrai bloc-cylindres de RCB et vont acheter une boîte en Angleterre. Mais pour le moment, il manque encore une culasse 16 soupapes et des carburateu­rs. Des pièces quasi introuvabl­es… Quant au cadre, sa refabricat­ion sera confiée à un artisan sélectionn­é avec soins. Il y a encore du pain sur planche mais l’idée, c’est de faire rouler cette réplique en 2016, pour les 40 ans de la RCB première version. Pas impossible mais pas facile non plus puisqu’aujourd’hui, 10 000 € ont déjà été engagés et qu’il en faut encore deux fois plus pour mener le projet à terme. Inutile de vous dire que toutes les bonnes volontés sont bienvenues.

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