Moto Revue Classic

KAWASAKI W800 LSL

Il y a 20 ans, la mode était au tuning et aux couleurs fluo. Aujourd’hui, on parle de custom culture et les préparateu­rs s’inspirent de la sobriété du passé. Comme pour cette W800 équipée de pièces LSL.

- Texte : Guillaume Fatras – Photos : Alexandre Krassovsky

La custom culture s’inspire de la sobriété du passé. Cette Kawasaki W800 LSL en est un bel exemple.

Elle semble toute simple, cette W800 qui sort de la concession Paradise en ce matin de mars. Ça ressemble à une Kawasaki mais plus aucun logo, plus de lourdeur dans la ligne et le côté zen et japonisant ressort d’autant plus... Loïc Daligault explique qu’il a préparé cette moto pour un client régulier de la concession à qui il a voulu proposer une version scrambler sur base de twin vertical. « La Kawasaki est plus légère et a plus de pêche que la Triumph Bonneville moderne » , confie- t- il. Une bonne base de préparatio­n qu’il faut cependant épurer pour arriver au résultat final. Mais quand on a une W800 stock entre les mains il y a du boulot à prévoir : « Pour changer le guidon, il faut remplacer le té supérieur, qui est une pièce moulée toute moche. Pour enlever les emblèmes de réservoir, il faut un gros travail de carrosseri­e car il y a des inserts mécano-soudés dessus. Changer un compteur sur ces motos à injection, c’est toute une histoire... » Bref, les ennuis commencent dès qu’on veut faire simple ! « Plus tu veux en enlever, plus c’est compliqué ! » , résume-t-il. Heureuseme­nt, il existe une mine de pièces outre-rhin qui a pour nom LSL.

La simplicité, ou le début des ennuis

Cela fait 25 ans que l’aventure LSL a commencé sous l’impulsion de Jochen Schmitz Linkweiler. À ses débuts, son diplôme d’ingénieur en mécanique en poche, Jochen veut mettre son savoirfair­e au service de la moto et voler de ses propres ailes. En 1984, sa première moto modifiée est une SR 500 avec réservoir, guidons bracelets et commandes reculées faites à la maison. Enthousias­te, il fonde LSL mais les débuts sont laborieux. Il a de l’idée mais pas de pétrole. Il est même vite obligé de dormir dans son atelier car il a dû rendre les clés de son appart’, ne pouvant plus payer le loyer ! Préparer des machines ne paye pas, et pour continuer à travailler dans la moto, il va en parallèle ouvrir une concession Kawasaki à Krefeld. C’est ainsi que les deux activités pourront grandir et Jochen travaille en particulie­r à améliorer les Kawa. La première est une KLR 600. « Les Français de Boxer Bike m’avaient donné l’inspiratio­n, reconnaît-il, car ce sont eux, je crois, qui ont créé la première supermotar­d en 1984. L’année suivante, je finissais la mienne, une Kawasaki 600 KLR équipées de petites roues de GPZ. Ce fut la première moto de supermotar­d d’allemagne. » Jochen a toujours senti naître les modes motocyclis­tes et peut se vanter aussi de les initier. Dès 1987, il crée un kit qu’on appelle aujourd’hui « streetfigh­ter », un té supérieur et un guidon plat pour sportives. Il travaille en priorité pour le marché allemand, qui se révèle être très exigeant. Avec des motos full power et des limites de vitesse inexistant­es sur autoroute, le motard allemand veut de la belle bécane et efficace quand on roule à toute vitesse. Jochen, qui avoue un penchant assumé pour rouler à toute blinde, arrive alors à plier des guidons quand il prend les freins à 200 km/h ! Il va alors produire ses propres cintres après des tests menés avec le bureau de certificat­ion allemand

« CHANGER UN COMPTEUR SUR CES MOTOS À INJECTION, C’EST TOUTE UNE HISTOIRE... »

Tüv. Sur sa Kawa « full po », bardé de capteurs et un sac à dos chargé de plomb dans le dos, il cherche les limites des matériaux lors des freinages à grande vitesse. Ses guidons certifiés Tüv seront dès lors sa marque de fabrique. « Je pense qu’avoir une certificat­ion pour les organes de sécurité que vous changez sur une moto (freins, commandes, suspension­s) est une bonne chose. Parfois, nous allons même au-delà des recommanda­tions Tüv » , précise-t-il. Parallèlem­ent, il travaille sur la tendance néo-rétro qu’il pense être l’une des plus prometteus­es à l’heure actuelle. Il achète le nom Clubman (www.clubman.de) et s’attelle aux Triumph Bonneville et à la Kawasaki W650, la marque de ses débuts. En 2008 sort sur cette base la Clubman W740 R, avec un twin réalésé, préparé (66 ch à la roue), équipé de pots Leovince homologués et du dernier cri en matière de suspension­s. Avec la résurrecti­on de la W en 800 cm3, suivront une série de W800 CR, TR et SC, déclinaiso­ns café, scrambler et tracker ainsi que la Lindy Bob, un bobber qui porte bien son nom.

La nippone enterre sa rivale britanniqu­e

Chez Paradise, avec un chèque en blanc pour préparer la moto, on pioche allègremen­t dans le catalogue Clubman en commençant par changer les tés pour pouvoir accueillir un large guidon plat LSL L14. Une modif’ qui permet de fixer le nouveau et unique compteur Motogadget (voir page 54) grâce au support spécifique. Cet élément a une fonction compte-tours digital, donc on ne perd pas au change. Une opération qui coûte déjà dans les 800 € avec la reprogramm­ation et les nouveaux tés. Puis les commandes sont changées pour des LSL taillées dans la masse élégamment ajourées. Les garde-boue proviennen­t également d’outre-rhin, et à l’arrière, surprise : il n’y a plus de feu ! Quand on met en route, tout s’explique, ce sont les petits clignotant­s à Leds qui font office de feux stop et de route. Autorisés (ils ont le marquage CE), ces feux se trouvent de série sur la Harley 883 Nightster par exemple. L’intensité lumineuse des Leds permet d’obtenir autant de lumière qu’un gros feu à ampoule. Du coup, l’arrière de la Kawa est épuré comme une machine de cross des années 60. En parlant de tétines, la moto est chaussée de pneus Pirelli Scorpion A/T et les roues sont rerayonnée­s sur des jantes noires. Côté freinage, on garde le tambour à l’arrière qui fait old school et le simple disque avant est troqué contre un LSL Galfer en pétales de 300 mm.

18 000 € se cachent sous ce carénage

Quand on enfourche la W800 Scrambler, votre séant est accueilli voluptueus­ement dans une selle au cuir Connolly, sur la base de la selle Clubman LSL. « On travaille avec un sellier à Monaco qui fait des selleries de yachts et de voitures de luxe. il peut faire de superbes selles uniquement dans ses chutes de cuir ! » L’échappemen­t sourd de la ligne complète Remus nous accompagne en descendant les Champs-élysées, tractant sur le couple. Sans aucune modif’ autre que l’échappemen­t du côté moteur, c’est vrai qu’elle enterre sa rivale britanniqu­e côté sensations moteur, la nippone ! Avec sagesse, le propriétai­re n’a pas fait enlever ces petits détails qui rendent la vie plus pratique : tétons pour accrocher une sandow sur la boucle arrière, béquille centrale... Seuls les amortos hyper secs YSS (non réglés) ternissent le tableau. Au final, cette moto finement préparée sans le laisser voir s’affiche à 18 000 €. Une paille, mais en gardant les roues d’origine, on descend vite la petite note, tout en piochant abondammen­t dans le catalogue Clubman de LSL. La classe, c’est de ne pas trop en faire...

LOÏC CHERCHE LES LIMITES DE SES MATÉRIAUX

LORS DES FREINAGES À GRANDE VITESSE

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