Moto Revue Classic

L’AIGLE ET LE RENARD

Loger un V-twin Guzzi dernière génération dans une coque en carbone, il fallait oser. Les Estoniens l’ont fait.

- Texte : Peter Wicked – Photos : constructe­ur

Il y a eu l’aiglon, l’hirondelle, l’albatros et la Tortue, des marques bien de chez nous qui, pour la plupart, ont fait long feu. Mais connaissez-vous la Renard ? Non. C’est normal puisque cette motocyclet­te n’est pas française mais estonienne et plutôt confidenti­elle. La firme, dirigée par un certain J. Laan, a produit des petites cylindrées animées par des moteurs 100 cm3 Sachs deuxtemps à partir de 1938. Sauf qu’un an après, la Seconde Guerre mondiale éclate et qu’en mars 1944, l’usine est détruite dans les bombardeme­nts. La marque disparaît, fin du premier épisode. L’éclatement de l’union soviétique permet à l’estonie de retrouver son indépendan­ce en 1991 puis d’intégrer l’union Européenne en 2004. Sous la houlette d’andres Uibomäe, quatre ans plus tard et donc 70 ans après la naissance de la marque, un groupe d’entreprene­urs et de designers décide de faire revivre la seule et unique moto estonienne. Le premier prototype – la Renard Grand Tourer – est présenté en avril 2010 durant la foire de Hanovre en Allemagne. Autour d’un bicylindre Moto Guzzi issu de la Griso, ces « néoconstru­cteurs » ont souhaité innover, à l’image de leur pays, jeune, dynamique et sensible aux nouvelles technologi­es.

50 000 € et 5 mois d’attente

La pièce maîtresse de la partie-cycle est constituée d’une monocoque composite en fibres de carbone. Très léger, ce cadre ne pèse que 11 kg et il intègre le réservoir d’essence et le boîtier de filtre à air. Si la suspension arrière monoamorti­sseur est classique, en revanche la suspension avant fait appel à un système à parallélog­ramme Hossack proche de celui utilisé par BMW. Toutefois, les Estoniens sont allés plus loin puisque les éléments de cette fourche sont aussi en fibres carbone. Et tant qu’à faire, les roues sont également fabriquées dans la même matière. L’ensemble ne pèse donc que 170 kilos à sec : de quoi se régaler avec les 125 chevaux et le gros couple du V-twin italien à quatre soupapes ! Pour le moment, cette moto n’a été produite qu’à une dizaine d’exemplaire­s et si vous êtes intéressé, il vous en coûtera 50 000 € et 4-5 mois d’attente. D’ailleurs, une machine est actuelleme­nt en montage chez Renard Speed Shop (voir page 96) et doit être livrée le mois prochain.

70 ANS APRÈS SON APPARITION, LA SEULE ET UNIQUE

MOTO ESTONIENNE RENAÎT DE SES CENDRES

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