Moto Revue Classic

COAST TO COAST

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Après les jeunes barbus, passons aux vieux barbus ! Et me voilà sur le parking de la halle Iraty de Biarritz, dimanche à 9 heures pétantes. C’est là que la centaine de concurrent­s de la Transpy AMV Légende a été rassemblée pour un départ en fanfare. Comment ça, ça ne vous dit rien la Transpy AMV ? Et à quoi ça sert que MR Classic se décarcasse ? Bon, on récapitule. L’an dernier, Jacques Sentenac, organisate­ur par le passé de liaisons Biarritz-perpignan par les chemins, nous appelle pour nous faire part de son nouveau projet. Avec son accent qui fleure bon les Pyrénées ariégeoise­s, il nous explique qu’il va refaire la même chose mais par la route et avec des motos classiques. L’idée nous a tellement plu qu’on l’a suivi sur les reconnaiss­ances et qu’on lui a même conseillé d’accepter aussi les néoclassiq­ues. Et comme notre organisate­ur est plutôt malin, il a fait concorder le départ de son « coast to coast » avec le Wheels and Waves. Bon, autant vous l’avouer de suite, je comptais me lancer dans l’aventure sur une classique et je me retrouve sur une BMW 1200 ninet prêtée par l’importateu­r français. N’empêche que cette machine a d’emblée changé le cours de ma vie. Enfin, au moins durant 4 jours. Un des participan­ts s’approche et me dit qu’il possède la même moto, le même casque et les mêmes lunettes. Il m’avoue avoir eu un choc en voyant « son » couvre-chef posé sur le flat-twin teuton. Ça permet au moins de faire connaissan­ce et je lui avoue que je ne comprends pas grandchose à la première partie du road book. Philippe, alias Steve, m’invite aussitôt à rejoindre son groupe constitué d’une bande de potes, tous Basques ou presque. Boris, Philippe, Pascal, Jean-luc, Franck, Thierry ont à peu près le même âge (autour de 50 ans) et roulent plutôt néo-classique. La bande se scinde en deux groupes : les gromonos (deux Yamaha et deux Enfield) et les Triumph (twin ou triple). Ah ! J’allais oublier Jean-claude, père de Thierry et doyen de la bande, qui roule aussi en Triumph Hinckley mais je vous en cause dans l’encadré de la page suivante.

Vive le mélange des genres !

Ça y est, c’est parti pour la première étape qui va nous mener à Lourdes, soit 300 km selon le road book. Presque tous les concurrent­s ont obéi à Maître Jacques et ont équipé leur monture d’un dérouleur pour y loger le parcours et le faire défiler aisément. Et comme dans les vrais rallyes, les motos ont une plaque avec un numéro. Sauf que c’est pour faire joli car il n’y a aucun classement,

ni aucun arrêt obligatoir­e. Il fait encore soleil et tout le monde a la banane. Pourtant, ça ne va pas durer : on attaque la montée du col d’iraty sous une pluie battante. À part lors de la dernière étape, les intempérie­s ne vont quasiment pas nous quitter. À chaque col ou point de vue digne d’intérêt, je lâcherai cette petite phrase à mes nouveaux amis : « C’est dommage, par beau temps, c’est magnifique ! » Au bout d’un moment, j’ai arrêté car je sentais bien que ça les énervait… Le soir, on arrive à Lourdes et si c’est pas le grand soleil, au moins, il ne pleut pas. Tout le monde est réuni sur le parking de l’hôtel. Certains consultent Gilbert Galinier (dit Galette) pour une petite réparation, tandis que d’autres préfèrent se diriger vers la tireuse à bière. Il a pensé à tout Sentenac ! Un qui n’a pas de bol, c’est Marc. Après une chute dans le col d’iraty, sa 900 Bonneville est partie en glissade et elle a fini dans le rail. Résultat des courses, pneus coupés et fourche tordue. Plus de peur que de mal mais la balade est évidemment écourtée. Je tombe aussi sur un trio infernal emmené par le Lyonnais Yves Morandy. Avec ses copains de Bourgoin-jallieu et de Lausanne, ils ont fait la route depuis la région Rhône-alpes jusqu’à Biarritz avec leurs Triumph de Meriden (des vraies vieilles pour ceux qui n’auraient pas compris). Ce qui est sympa sur cette première Transpy, c’est justement le mélange des genres : il y a des jeunes avec une légère tendance hipster, des vieux de la vieille avec des Barbour d’époque, quelques filles, et même un ancien pilote de Formule 1 ! Franck Allard, patron de AMV, est venu étrenner sa Ducati 800 Scrambler et il a emmené avec lui Philippe Alliot, qui s’est fait prêter pour l’occasion une Yamaha XJR 1300 Racer. En tout cas, le dénominate­ur commun de tous ces gens, c’est que, malgré le mauvais temps, ils ont gardé un grand sourire. Le lendemain, je retrouve ma bande au petit déjeuner. Ils sont fin prêts pour la deuxième étape qui va nous mener à Vielha en Espagne. Comme la veille, Philippe prend la tête de la meute et comme la veille, il pleut… Peu importe, on se cale sur le rythme du gromono

COMME DANS LES VRAIS RALLYES, LES MOTOS ONT UNE PLAQUE NUMÉROTÉE. SAUF QUE C’EST POUR FAIRE JOLI...

indien. Dans les montées, ça ralentit un peu mais pas tant que ça, le manque de puissance est compensé par la maniabilit­é de la 500 Bullet. La bande de Biarritz vit l’épreuve à son rythme, c’est-à-dire que lorsqu’ils ont envie d’un café, ils s’arrêtent et peu importe l’heure d’arrivée à l’hôtel. Parfois, ça cafouille à une intersecti­on, Jean-luc (XT 500) montre alors une direction et du coup, on est certain qu’il faut partir à l’opposé. Lors des déjeuners, ça chambre comme entre étudiants mais moi ça me plaît, ça me rappelle l’ambiance de la rédaction. On arrive au col du Tourmalet, point culminant du rallye à 2 115 mètres. Le café et les biscuits offerts par l’organisati­on sont bienvenus : il fait un froid de canard et on n’y voit pas à 10 mètres. Heureuseme­nt, avec 220 km, cette étape est plus courte et nous permet d’arriver plus tôt à l’hôtel : on aura plus de temps pour faire sécher les gants et les bottes !

C’est beau, la cohésion de groupe

Le lendemain matin, je vous le donne en mille, il pleut ! Et là, on part pour 300 bornes avec une arrivée à Font Romeu. Je commence à déprimer. Heureuseme­nt, la vision de mes nouveaux amis engoncés dans leur combinaiso­n de pluie me donne du courage. On laisse partir les autres devant. À peine quelques kilomètres, et la route est coupée. Il faut dire que le Tour de France approche et que le revêtement doit être impeccable pour les rois de la pédale. Pause obligatoir­e donc, et lorsque la meute est à nouveau lâchée, Franck (Triumph Thunderbir­d Sport) doit à nouveau s’arrêter, pneu arrière à plat. Il s’arrête pour attendre Gaston, qui va réparer sur place. On en profite pour faire une pause ensoleillé­e (si, si) à la terrasse d’un café. C’est beau, la cohésion de groupe. Un couple de la région parisienne arrive sur une Yamaha SR 500, eux, ils sont à la recherche d’un serre-câble pour dépanner un copain en Suzuki en GT 750. La patronne du bar nous dit que son oncle, qui habite à la sortie du village, a tout ce qu’il faut,

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