Cette année, les fils de Mike Hailwood et de Barry Sheene étaient de la « party ».
Fin juin, dans le sud de l’angleterre, se tient l’événement mécanique le plus haut de gamme de la planète : le Goodwood Festival of Speed. Cette année, les fils de Mike Hailwood et de Barry Sheene étaient de la « party ».
Ce dont je rêvais en créant le Festival of Speed, c’était de retrouver l’atmosphère particulière des courses avec mon grand-père sur le Motor Circuit de Goodwood, explique Charles Gordon Lennox, un aristocrate anglais qui accueille sur son domaine cette manifestation unique au monde. Plus que tout, je voulais que les gens passent une journée exceptionnelle, une journée dont ils se souviendraient. Bien sûr, l’événement s’est considérablement développé, mais je pense que nous avons réussi à conserver l’esprit original et à offrir au public une expérience unique, qu’il ne peut trouver nulle part ailleurs. » Situé au sud-est de l’angleterre, dans le Sussex Ouest non loin de Portsmouth, le domaine de Goodwood s’étend sur près de 5 000 hectares. Tous les ans, Charles Gordon Lennox, comte de March et Kinrara, plus connu sous le nom de Lord March, réserve l’ensemble de son domaine à ce qui se fait de plus beau et de plus célèbre dans les sports mécaniques. Inauguré le 19 juin 2003, le Festival of Speed a reçu tous les honneurs possibles et imaginables, de la part des plus grands pilotes du monde, des constructeurs et préparateurs célèbres, mais aussi du public. Le tout avec une élégance mécanique et un raffinement passionné typiquement british. « Seuls les Britanniques pouvaient organiser un tel événement, reconnaît Mario Andretti, champion du monde de Formule 1 en 1978. Les fans sont si proches et possèdent une telle culture. C’est une expérience fantastique. »
Démesure et raffinement
Des somptueuses Rolls Royce de 1911 élégamment stationnées sur un green anglais impeccable au pied du château de Lord March dans le cadre de l’exposition Cartier, aux Audi et Porsche récemment victorieuses aux 24 H du Mans, en passant par les Mercedes Simplex de 1902, à l’énorme Fiat S76 de 1911 et ses 28,5 litres de cylindrée développant déjà 300 chevaux et qui prit 186 km/h cette même année sur l’anneau de Brooklands, sans oublier les innombrables Ferrari venues célébrer les 70 ans de la marque, la F1 Honda RA 300 de 1967 pilotée à l’époque par le regretté John Surtees et l’imposante sculpture d’acier qui lance dans le ciel cinq Formule 1, une oeuvre gigantesque mais éphémère érigée le temps du festival pour célébrer la carrière de Bernie Ecclestone, le grand manitou de la F1… et ancien pilote de moto ! Le FOS de Goodwood, comme on l’appelle, verse avec élégance dans une démesure unique. Impossible, même quand on est avant tout passionné de motos, de ne pas tomber sous le charme et en extase devant un tel rassemblement mécanique. Car il faut bien le reconnaître, le Festival of Speed de Goodwood est consacré à 90 % à l’automobile ; mais les 10 % qui restent pour la moto sont exceptionnels, tant
par les pilotes que par les machines. Pour la rétrospective Joey Dunlop (26 victoires au TT) au travers de ces motos de courses, Honda avait envoyé depuis son Collection Hall de Motegi au Japon la VTR 1000 SP1 avec laquelle il remporta sa dernière victoire au TT en 2000, en catégorie Formula One. Et ses neveux, William et Michael (15 victoires au TT et recordman du tour), étaient de la fête. Honda, célébrait également les 25 ans de la CBR 900 RR Fireblade avec une rétrospective des principales évolutions, tandis qu’une piste toutterrain permettait au public de tester les motos d’enduro et la nouvelle Africa Twin. De nombreuses BMW étaient également présentes, pilotées par des pointures tels que Troy Corser (double champion du monde SBK) et le Français Kenny Foray (champion du monde d’endurance). Au menu des célébrités, on comptait aussi quelques descendants de champions en la présence de Freddie Sheene, le fils de Barry, qui pilotait une GSX-R 1000 aux couleurs de son père et Dave Hailwood, le fils de Mike, au guidon de la Ducati 900 SS que son père emmena à la victoire à l’île de Man pour son retour à la course moto en 1978 : « C’est la machine d’un collectionneur américain qui me l’a très gentiment prêtée et qu’il a envoyée depuis les USA pour rouler ici. Elle n’est pas très puissante mais très physique à conduire. J’avais déjà roulé ici il y a douze ans, et j’apprécie vraiment l’atmosphère de passion qui se dégage à Goodwood. » Parmi les pépites à deux roues qui s’attaquaient à la montée de Goodwood – les démos ne se font pas sur un circuit fermé mais sur une course de côte qui grimpe au sommet du domaine depuis lequel on aperçoit la mer – le public pouvait aussi admirer l’incroyable Honda RC116 de 1966 dont le twin de 50 cm3 développe 16 chevaux à 21 500 tr/min. À son guidon, le filiforme Stuart Graham, pilote de GP moto dans les années 1960, et qui conduisait aussi la Honda RA 300 de Formule 1. Un homme éminemment sympathique et dont on pouvait sentir la joie simple de discuter moto et pilotage assis sur le gazon de la pré-grille avec Giacomo Agostini. Et quel plaisir de voir évoluer le sémillant Sammy Miller – 84 ans ! – au guidon d’une BMW Rennsport de 1954. Bref, vous l’aurez compris, au Festival of Speed de Goodwood, la moto, c’est la cerise sur le gâteau automobile. Mais quelle cerise !
90 % SONT CONSACRÉS À L’AUTOMOBILE, MAIS LES 10 % QUI RESTENT POUR LA MOTO SONT EXCEPTIONNELS