MUSÉE DAVID SILVER
L’anglais David Silver est tombé amoureux des Honda et des pièces qui vont avec alors qu’il était étudiant. Aujourd’hui, sa société se divise en deux parties : les pièces détachées neuves et un magnifique musée. Visite.
Beaucoup de pièces détachées neuves mais aussi un magnifique musée.
Comme un fait exprès, la voiture de location que l’on récupère à l’aéroport de Londres est une Honda, une Jazz. Ça ne pouvait pas mieux tomber puisque l’on se rend dans le Suffolk, à la découverte de la collection de Honda de David Silver. Après une heure d’autoroute et une autre de départementales, le GPS nous demande d’entrer dans une petite zone industrielle. Deux minutes plus tard, nous voilà devant une magnifique grille en fer forgé qui annonce la couleur. David nous accueille vêtu d’une chemisette à ses couleurs, une habitude typiquement anglo-saxonne. Barbu et pas très grand, il porte plutôt bien ses 57 ans. Son bureau est un espace ouvert où ses voisins répondent sans cesse aux demandes des clients et vendent parfois aux guichets. Ah oui, j’ai oublié de vous préciser qu’outre la plus importante collection européenne de Honda, David est à la tête d’une entreprise qui dispose d’un stock de 130 000 pièces Honda neuves des années 70 et 80 et qui emploie une douzaine de personnes ! Et là, si vous êtes un fidèle lecteur de MR Classic, vous allez me dire : « Mais c’est exactement comme le Néerlandais, Michael Buttinger » , le fameux patron de CMSNL interviewé dans le numéro 93 de votre revue préférée.
Après l’angleterre, l’afrique du Sud
L’histoire est similaire, mais pas tout à fait identique. Tout commence au milieu des années 80. David, qui est étudiant, travaille le samedi dans une concession Honda. Il découvre le monde de la pièce détachée et la complexité du référencement. Il se fait aussi de l’argent de poche en retapant de vieilles bécanes et à titre personnel, il roule sur une Honda CB 400 Four. Sauf qu’en Angleterre, les motos japonaises des années 70 n’ont pas encore la cote : « À cette époque, une CB 750 se vendait aux alentours de 1 000 livres, aujourd’hui, ça en vaut sept fois plus… » Pas découragé, David s’est rendu compte, au cours de ses investigations, que de nombreuses concessions anglaises disposaient de pas mal de pièces détachées invendues. Il commence à écumer son île pour se constituer un stock et les revend par le biais de Motorcycle News, l’hebdo de référence au Royaume-uni.
DAVID EST À LA TÊTE D’UNE ENTREPRISE QUI DISPOSE DE 130 000 PIÈCES HONDA NEUVES DES ANNÉES 70 ET 80
Il rentre un peu d’argent, surtout grâce à la quantité : « Par exemple, il y avait énormément de pièces de CB 900 F que j’achetais pour trois fois rien et je revendais l’ensemble complet de carrosserie (réservoir, caches latéraux, garde-boue, dosseret) pour 45 livres. » Il faut comprendre aussi que David vend autant à des gars qui roulent avec ces motos qu’à des collectionneurs. Fin 80, les affaires prospèrent et notre homme quitte son petit entrepôt de Londres pour de grands hangars dans le Suffolk, là où l’on se trouve aujourd’hui. Pour étoffer sa demande, il se rend en Afrique du Sud où les concessionnaires Honda lui ouvrent grand leurs stocks.
Précurseur sur Internet
« Je suis aussi allé au Koweït où il avait beaucoup de pièces pour CB 750 car la police locale a été équipée de ces motos et là-bas, ils ne regardaient pas à la dépense concernant le stock de pièces de maintenance… » Mais le gros filon concernant les pièces Honda, c’est aux États-unis qu’on le trouve, pays qui absorbait 70 % de la production de Honda. David ne tarde pas à aller y faire un petit tour. Les grands hangars se remplissent, le cinquantenaire de la marque approche et un nouvel outil apparaît : Internet. Notre homme est l’un des premiers, avec Michael
LE GROS FILON, C’EST AUX ÉTATS-UNIS QU’ON LE TROUVE, PAYS QUI ABSORBAIT 70 % DE LA PRODUCTION DE HONDA
Buttinger, à l’utiliser : « Je me souviens qu’il m’a rendu visite avant de se lancer » , dit-il en souriant avant de nous emmener faire le tour du propriétaire. Si les locaux de CMSNL sont flambant neufs, ceux de David Silver Parts sont plus rustiques et donc typiquement anglais. Les deux enseignes proposent de nombreuses refabrications, mais David vend aussi des motos complètes : « Ce sont des motos que l’on fait venir des États-unis où nous avons une filiale. » Outre-atlantique, DSP achète des motos et une ou deux fois par an, il en emporte une cinquantaine pour les ventes aux enchères de Las Vegas. Mais la grosse différence entre David, le Britannique,
et Michael, le Néerlandais, c’est que le premier dispose d’un musée qui propose au public près de 200 Honda, des origines aux années 90. Ce musée a été inauguré l’an dernier en grande pompe dans des locaux qui ont été entièrement restaurés durant deux ans. C’est propre, c’est clair et sans chichi, mais l’essentiel est fait pour que les amateurs de la marque, et les autres, en prennent plein les yeux. David explique : « En 2013, j’ai eu l’opportunité d’acheter la collection privée de Bob Loque en Pennsylvanie. En 2014, les 150 motos étaient rapatriées en Angleterre, on y a ajouté quelques machines personnelles et on a inauguré le lieu l’été dernier avec Freddie Spencer et James May, le présentateur de l’émission de télévision Top gear. » Le musée est ouvert au public (l’entrée coûte 10 livres pour les plus de 16 ans et 5 pour les plus de 65 ans) mais il est aussi privatisable pour des événements spéciaux. D’ailleurs, lors de notre venue, David faisait aménager un espace supplémentaire pour accueillir les festivités des 50 ans de la présentation de la CB 750. Ça se passe le 29 septembre prochain, et si vous aimez les quatre-pattes en particulier et les Honda en général, je ne saurais que trop vous conseiller de vous rendre dans le Suffolk à cette date ! ❖