Moto Revue Classic

YAMAHA XS 750 FT

Vous rêvez de rouler dans les traces de Kenny Roberts et de sa Yamaha XS 750 de flat-track ? Grâce à l’atelier suisse Motosecour­s, c’est possible !

- Texte et photos : Claude Cieutat

L’atelier genevois Motosecour­s se lance dans le flat-track avec une Yam’ XS 650.

Nous voilà de retour dans l’atelier Motosecour­s de Genève dont on vous avait déjà parlé dans le n° 83 de MR Classic. Si on est revenu aujourd’hui, c’est pour la Yamaha XS 650 de flat-track que vient de finir Paul Verchère, le patron. D’habitude, il roule plutôt sur des circuits de vitesse, à Spa, Magny-cours, ou en Espagne avec sa Rickman-kawasaki. Mais là, il a réussi à persuader son client qui voulait une prépa de lui concocter une vraie flat-track avec un moteur de Yamaha 650 XS et d’en faire une petite série. Ça tombe bien, justement, il connaît quatre moteurs à vendre en bon état d’origine américaine. L’affaire est vite conclue, les moteurs sont à l’atelier et le projet peut démarrer. La Yamaha SX 750 Flat-track de Motosecour­s est manifestem­ent inspirée de la monture de Kenny Roberts, la Yamaha OW 72, avec laquelle le Californie­n remporta le Grand National de la discipline en 1974. Elle avait pour base le moteur de 650 XS réalésé en 750 cm3. Celle-ci est d’abord préparée par le célèbre Shell Thuet, spécialist­e de la discipline. Le moteur est boosté à 70 chevaux et monté dans un cadre réalisé par Champion.

La partie-cycle n’a plus rien à voir avec celle d’origine

Mais ce n’était pas suffisant pour lutter contre Harley-davidson et ses fameuses 750 XR. Kenny Roberts a alors demandé à Tim Witham, propriétai­re de S&W Engineerin­g, alors retiré de la compétitio­n, de quitter sa retraite et de travailler sur ce moteur dans l’espoir d’en extraire plus de puissance. Witham a conçu une nouvelle culasse, qui selon lui, devait permettre au twin nippon de développer 90 chevaux, soit 5 de plus que la XR 750. Yamaha a donc lancé la fabricatio­n de 25 nouvelles culasses pour l’homologati­on par L’AMA (la fédération américaine) et les a ensuite envoyées pour usinage en Californie. Enfin, Kel Carruthers, ancien pilote de GP et directeur technique de Yamaha USA, a assemblé les moteurs. La moto de Kenny s’est révélée nettement plus compétitiv­e et lui a permis de remporter le titre. Mais revenons à celle qui nous intéresse aujourd’hui, cette réplique réalisée par Motosecour­s. Le moteur a été entièremen­t révisé et réalésé à 750 cm3 et vitaminé par deux carburateu­rs Dell’orto de 36 mm à pompe de reprise. Il est aussi monté avec une pompe à huile gros débit et la crépine d’origine a été remplacée par un filtre à ailettes pour un meilleur refroidiss­ement de l’huile, de quoi garantir la fiabilité. Quant à l’allumage, il s’agit d’un élément électroniq­ue moderne. Mais le plus gros travail a surtout concerné la partie-cycle, elle n’a plus rien à voir avec celle de la moto

IL A FALLU UNE JOURNÉE ENTIÈRE À TROIS PERSONNES POUR POLIR LE CADRE AVANT TRAITEMENT

d’origine. Le cadre vient des États-unis, fabriqué par Cheney Engineerin­g, un spécialist­e du flat-track , à ne pas confondre avec le Cheney anglais, spécialist­e des cadres de motocross. Sauf que Paul a passé beaucoup de temps pour le modifier : « J’ai dû refaire les platines de fixation de la culasse et le bras oscillant était désaxé… » Bref, un gros travail supplément­aire pour aligner la chaîne de transmissi­on secondaire. Et une fois toutes les modificati­ons effectuées, il a fallu une journée entière à trois personnes pour le polir avant traitement. Le résultat en valait la peine : le cadre, nickelé comme un Rickman, est magnifique. Les jantes aluminium Borrani de 19 pouces qui disposent de moyeux symétrique­s Barnes avec un changement rapide de la couronne et du disque permettent de les interverti­r rapidement. Eh oui, en flat-track, on tourne toujours à gauche et il faut bien user les pneus des deux côtés ! Ces derniers sont des Maxxis spécialeme­nt développés pour la discipline. Côté suspension­s, la fourche télescopiq­ue est une Ceriani montée avec des tés réglables par des excentriqu­es pour pouvoir modifier la chasse et donc la maniabilit­é de la XS suivant les circuits. À l’arrière, Paul a monté deux amortisseu­rs Bitubo réglables. Quant au freinage, il est lui aussi confié à une maison italienne renommée, Brembo, à l’arrière comme à l’avant. Mais pourquoi donc un frein avant, alors qu’il est proscrit dans la discipline ?

Pour les circuits ou les terrasses de café

C’est tout simplement au cas où un client voudrait homologuer la XS pour la route. Sauf que ce n’est pas du tout évident en Suisse où toutes les modificati­ons sont interdites et les contrôles techniques y sont draconiens. On peut y arriver mais pour ça, il faut faire homologuer à titre individuel toutes les pièces non conformes, ce qui peut facilement doubler le prix de la moto. Notez que les repose-pieds ont été dessinés par Paul et sont réglables en hauteur : on peut choisir soit d’avoir le pied gauche plus haut comme en flat-track, soit une position standard pour la route. Si vous êtes intéressé par cette machine, la première d’une série de quatre, il vous en coûtera environ 20 000 Francs suisses, soit un petit peu moins en euros et à peu près quatre mois d’attente. À son guidon, vous pourrez fièrement aborder les deux virages à gauche d’une piste de flat-track où elle ne sera pas ridicule ou plus simplement, si elle est munie d’une carte grise, la garer au soleil devant votre terrasse de café préférée. Pour ma part, je trouve cette deuxième option nettement plus dans mes cordes.

POURQUOI UN FREIN AVANT, ALORS QU’IL EST PROSCRIT DANS LA DISCIPLINE ?

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