Moto Revue Classic

MADE IN SPAIN

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ÀMoto Revue Classic, on aime bien le Madrilène José-maria Rosell, alias Pepo. Si la mémoire vous fait défaut, Pepo, c’est le patron de XTR, et dont on avait évoqué le travail dans le numéro 82 de MR Classic. À l’époque, nous avions eu l’occasion d’essayer une belle préparatio­n sur base de Suzuki 600 Bandit sur le circuit de Jarama, en banlieue de Madrid. La nipponne avait été transformé­e dans l’esprit de la moto d’endurance qui s’était imposée aux 8 Heures de Suzuka 1980 sous la houlette de Pop Yoshimura. Cette fois-ci, Pepo est revenu à ses premières amours avec une Ducati 750 Monster de 2001 et il a décidé de saluer la carrière du pilote anglais Tony Rutter, quatre fois champion du monde en catégorie TTF2 entre 1981 et 1984 et sept fois vainqueurs au Tourist Trophy entre 1973 et 1985, le tout sur Ducati, excusez du peu ! D’ailleurs, Pepo ne tarit pas d’éloge à son égard : « Pour un Ducatiste, ce pilote est un génie et c’est pour ça que j’ai voulu lui rendre hommage… » Et c’est ainsi que notre

« LE VERT ET LE ROUGE, CE N’EST PAS POUR LE DRAPEAU ITALIEN, C’EST POUR CASTROL, SPONSOR DE L’ÉQUIPE » PEPO

préparateu­r a baptisé la moto Ulster pour commémorer la victoire de Rutter à l’ulster TT en 1982. À vrai dire, cette moto est un peu un mélange de tous les éléments qui symbolisen­t la grande époque Ducati. Les coloris sont ceux des motos de Steve Wynne qui prêta une 900 NCR à Mike Hailwood au TT 78, avec une victoire à la clef. « Le vert et le rouge, ce n’est pas pour le drapeau italien, c’est pour Castrol, sponsor de l’équipe » , explique Pepo. Quant au gros autocollan­t Indo apposé sur le carénage, il nous ramène aux 24 Heures de Barcelone : « Indo, c’était une marque de lunettes de soleil très connue à Barcelone. Le patron était un fou de motos, il a sponsorisé l’équipe Ducati qui roulait aux 24 Heures de Montjuich. » Là encore, les V-twins se sont imposés en 1973, 1975 et 1980.

La selle d’une Bultaco 125 Striker

Comment ne pas devenir fan de la marque lorsque, adolescent, vous assistiez à cette fabuleuse épreuve qui se déroulait au coeur de l’été catalan, une bouffée d’oxygène en plein franquisme ? Bref, en avril 2018, Pepo a récupéré une Monster de 2001, avec des carburateu­rs donc, et il s’est mis au travail. Fidèle à son habitude, il s’est lancé dans la confection d’un support de selle arrière minimalist­e. Dessus, il a greffé une petite selle qui provient d’une Bultaco 125 Striker qui participa au Critérium Solo Moto. « Je me souviens même du nom de la société qui fabriquait cette selle à l’époque, c’était TCP et cette marque a aussi fourni les carénages des premières motos de Grands Prix d’antonio

Cobas, les fameuses Siroko… », nous lance-t-il, pas peu fier d’avoir pu réutiliser cette relique de l’histoire du sport moto espagnol. Le réservoir d’essence est lui aussi en fibres de verre et il reprend grosso modo les formes de celui de la Ducati 748 R. Petite coquetteri­e, comme sur les NCR d’endurance, deux fenêtres translucid­es permettent de contrôler le niveau d’essence : trop chic ! Quant au petit carénage de tête de fourche, il provient d’une Yamaha TZ 250 de 1973. La partie-cycle est restée d’origine, même si des accessoire­s de qualité, la plupart en provenance d’italie, viennent améliorer celle-ci. Par exemple, la fourche inversée reçoit un intérieur Andreani qui permet d’améliorer son fonctionne­ment. De même, l’amortisseu­r d’origine a été remplacé par un YSS de meilleure facture. Pour ne rien laisser au hasard, le moteur a été démonté et tous les roulements changés. Pepo en a profité pour augmenter le taux de compressio­n et travailler les conduits d’échappemen­t et d’admission.

L’ulster a trouvé preneur au Glemseck

Après six semaines de travail, l’ulster était née et elle ne pesait que 160 kg ! La tentation de l’emmener sur un circuit était grande et c’est donc sur une piste de kart des environs de Valladolid, en Castille, qu’elle a effectué ses premiers tours de roues avec Adriana Pinto, une jeune pilote espagnole de 25 ans. Si, grâce à son petit gabarit, elle n’a pas eu trop de mal à se caser sur l’ulster, en revanche, comme nous l’a expliqué Pepo, elle a eu des difficulté­s à trouver ses marques sur la piste. Plus habituée aux quatre-cylindres japonais, elle ne s’est jamais sentie à l’aise sur le V-twin italien. Peu importe, les photos sont jolies et le pilote d’essai de Pepo, qui avait du mal à se caser sur la moto, a fait de très bons chronos ! En septembre dernier, Pepo s’est rendu au rassemblem­ent allemand Glemseck 101 avec l’ulster. Là-bas, un aficionado teuton lui a signé un chèque de 14 000 € pour se l’offrir. De quoi se lancer sur un projet auquel Pepo tient beaucoup : préparer une Ducati pour le Bol d’or Classic. À Moto Revue Classic, on trouve que c’est une bonne idée… ❖

APRÈS SIX SEMAINES DE TRAVAIL, L’ULSTER ÉTAIT NÉE ET ELLE NE PESAIT QUE 160 KG !

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