MOTO GUZZI BOBBER
Lorsque Raoul et Micho se sont rencontrés, ils se sont tout de suite compris. Le premier a confié sa Guzzi au deuxième et le résultat, c’est une magnifique bobber à la ligne affûtée.
Raoul a confié sa Guzzi à Micho. Le résultat : une magnifique et affûtée Bobber
Stéphane, alias Raoul, a déjà une vie de biker bien remplie. Le Bordelais a étrenné une trentaine de bécanes, de marques variées, avec une légère préférence pour le twin transalpin, puisque trois Guzzi sont déjà passées entre ses mains. À voir son blouson patiné par le vent et les frimas couvrant une silhouette décontractée, nul doute, le motard aime la route et de préférence avec des potes qui n’hésitent pas à enrouler du câble et dévorer des kilomètres. Lors d’un débriefing avant ou après une bonne virée, le Raoul tombe sur Micho, qui ne dédaigne pas se pencher sur des projets de préparations décalées. Les idées fusent, on évoque le prochain Wheels and Waves, et les deux compères se décident à travailler sur une Moto Guzzi pour que Raoul puisse goûter l’air du pays basque au guidon de celle-ci. En cherchant une base à prix abordable (en l’occurrence 2 500 €), Micho propose une 850 T3 California de 1977, légèrement accidentée, d’un de ses amis. Raoul est évidemment partant et Micho trouve excitant de travailler sur l’honorable italienne. La seule exigence, c’est de réaliser une préparation soignée avec un travail d’adaptation et de simplification qu’il est parfois difficile de voir ou de découvrir. Les réunions s’enchaînent dans le garage de Micho, qui ressemble à une cabane québécoise.
Ligne tendue et effets visuels efficaces
Les solutions sont testées, la moto est démontée et traitée jusqu’au dernier boulon. L’idée générale se dessine autour d’une bobber avec toutefois une ligne tendue, et des effets visuels efficaces, comme le carter moteur modifié qui abaisse la moto ou le réservoir de la Yam’ RDX 125. La peinture est elle aussi mise à contribution pour alléger l’ensemble, notamment le gris sur le bas du cadre comme pour faire croire que le moteur est « suspendu ». Scalp, l’un des peintres référents du coin, s’est chargé de la robe de la Guzz’ tout en s’approchant de l’esprit de la V7 Sport de 72, à la demande des deux compères. La selle, réalisée par Micho et recouverte chez Picvert, épouse parfaitement le cadre. Elle est affinée mais suffisante pour le gabarit de Stéphane qui est loin de concurrencer une deuxième ligne de rugby. Pour compléter l’ensemble, les pots d’origine ont été coupés en trois et ressoudés avant d’être couverts d’une peinture Epoxy haute température (Net Humbolt). Les deux compères ont passé un bon moment pour les préparer, les installer avec la volonté d’adapter les commandes et repose-pieds au gabarit du pilote. En assistant au montage du système d’échappement, on se rend compte de la méticulosité et de l’exigence des bonshommes, ces derniers pistant le
LES SOLUTIONS SONT TESTÉES, LA MOTO EST DÉMONTÉE ET TRAITÉE JUSQU’AU DERNIER BOULON
moindre éclat ou manque de peinture. Bref, du sur-mesure jusqu’au bout. Le moteur a subi lui aussi un démontage total et un microbillage sans avoir été modifié dans ses spécificités. Ainsi, les carburateurs Dell’orto de 30 mm ont été conservés. Micho, habitué à travailler sur des japonaises, sait quoi récupérer sur tel ou tel modèle. Du coup, la fourche a été empruntée à une Kawasaki ZRX 1200 et greffée sur des tés usinés chez JV moto, un voisin. Le moyeu de la roue avant est celui d’une Yamaha 650 XS, tandis que la jante est née chez Borrani. Le frein à tambour a été remplacé par un disque de Suzuki GSX-R avec la pince 6 pistons d’une Kawa ZXR 636. Les phares Bates ont été choisis avec une forme des plus discrètes, tout en restant dans l’esprit vintage. Avec toutes ces considérations esthétiques, on comprend que l’ami Raoul aime les motos exclusives avec un vrai look, mais elle doit être efficace pour rouler sur les routes de l’entredeux-mers ou du Pays basque. Les pneus Firestone Deluxe (400 x 18 et 450 x 18) vont d’ailleurs être remplacés sous peu pour pouvoir « prendre de l’angle » avec une machine qui affiche 30 kilos de moins et est devenue très agile. Le frein arrière, même s’il est resté en place, a impliqué des modifications invisibles, comme la commande et ses biellettes se faufilant entre le moteur et le cadre. Le fruit de quelques heures de réflexion le soir après le boulot.
Le voilà parti sur une Guzzi 1000 Racer
Le guidon est à lui seul responsable de la perte de quelques neurones, car là aussi, Micho le voulait le plus dépouillé possible, sans câble et sans maîtrecylindre, ce dernier migrant sous le
réservoir. Pour finir, les poignées et les commodos ont d’ailleurs été soudés, une fois testés, pour le confort du pilote. Même si Micho n’a aucun problème pour trouver toutes les pièces Guzzi, comme chez Stein Dinse en Allemagne, sa volonté de réaliser lui-même tout ce qui peut l’être prend souvent le dessus, l’amenant à réaliser les caches latéraux en fibre. Raoul voulait une moto personnalisée, la Guzzi Bobber, après 200 heures de boulot, est l’exemple d’un travail digeste et élégant, en restant très proche de l’esprit de la marque transalpine. Le tout avec un budget raisonnable. La Bobber a donné envie à Micho de retravailler sur la marque et le voilà parti sur un projet de Guzzi 1000 Racer avec un carénage « poubelle ». Difficile d’échapper au charme italien. En attendant, Raoul, fier de sa monture, n’a de cesse d’arpenter les routes du Sud-ouest. ❖
APRÈS 200 HEURES DE BOULOT, LA BOBBER EST L’EXEMPLE D’UN TRAVAIL ÉLÉGANT, PROCHE DE L’ESPRIT DE LA MARQUE