Moto Revue Classic

MV AGUSTA F4 ORO

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- Texte : Christophe Gaime – Photos : Peter Wicked

Commercial­isée il y a presque 20 ans, la MV 750 F4 a fait rêver toute une génération.

Commercial­isée il y a quasiment 20 ans, la MV 750 F4 a fait rêver toute une génération de motards. Quant à la série limitée Oro, elle était réservée à une élite...

C’ est le 15 septembre 1997 que la première MV Agusta 750 F4 est dévoilée au public en grande pompe par Giacomo Agostini en présence de Claudio Castiglion­i, patron du groupe Cagiva et propriétai­re de la marque italienne, et du comte Riccardo Agusta, héritier du comte Domenico Agusta, créateur de la marque après la Seconde Guerre mondiale. Avant d’en arriver là, Claudio Castiglion­i, associé à l’époque à son frère Gianfranco, a dû racheter le nom en 1991 puis faire plancher ses ingénieurs sur le fantastiqu­e projet de faire renaître la plus prestigieu­se des marques de motos italiennes, celle que l’on peut comparer à Ferrari en termes de palmarès sportif. À l’époque, le groupe Cagiva rassemble les marques Husqvarna, Morini et Ducati. En 1994, avec cette dernière, Castiglion­i a déjà défrayé la chronique en commercial­isant la 916, une superbike dessinée par Massimo Tamburini, un des créateurs de Bimota (voir MR Classic n° 100). À l’époque, personne ne pensait que l’on pouvait faire mieux en termes de design. Concernant la nouvelle MV, un premier modèle voit le jour en collaborat­ion avec Ferrari et il est baptisé F4, en hommage à la firme de Maranello qui fait l’objet d’un véritable culte en Italie. À cette époque, le moteur est monté dans une partie-cycle en aluminium de Cagiva 500 de Grands Prix. Mais Ferrari se retire suite à des divergence­s avec Cagiva et c’est donc tout naturellem­ent que Castiglion­i se tourne vers Tamburini pour créer la future quatre-cylindres italienne, du moins pour la partie-cycle et le design. Pour le moteur, il fait appel à Andrea Goggi qui s’occupait auparavant des Cagiva 500 de Grands Prix.

Castiglion­i veut frapper un grand coup

Cependant, tandis que les technicien­s travaillen­t sur leur planche à dessin, les finances du groupe Cagiva sont dans le rouge – sans mauvais jeu de mots. Qu’à cela ne tienne, en 1996, Castiglion­i vend la marque Ducati à un fonds de pension américain, ce qui permet de poursuivre sereinemen­t le projet F4. Si, comme on l’a vu, la première moto est

LE PREMIER MODÈLE, RÉALISÉ EN COLLABORAT­ION AVEC FERRARI, EST BAPTISÉ F4, EN HOMMAGE À LA FIRME DE MARANELLO

présentée à l’automne 1997, la production prend du retard et ne débute qu’au printemps 1999. Pour faire oublier ce contretemp­s, il faut frapper un grand coup. Castiglion­i annonce qu’une série limitée baptisée Oro sera proposée aux 300 premiers clients. Cette version se différenci­e de la série Strada par ses jantes, ses platines latérales, son bras oscillant en magnésium, des garde-boue en carbone et une plaque indiquant le numéro de la machine. Petit détail, pour s’offrir ce bijou, il faut débourser 253 000 F (38 567 €), à comparer aux presque 120 000 F de la F4 Strada.

Les F4 n’auront pas eu le temps de briller sur circuit

Un prix déjà considérab­le puisque pour comparaiso­n, en 1999, une Suzuki GSX-R 750 coûte un peu moins de 66 000 F. D’autant qu’à part le carbone et le magnésium, pour le reste, tout est parfaiteme­nt identique sur les versions Oro et Strada. Le quatre-cylindres en ligne de 750 cm3 développe 126 chevaux à 12 500 tr/min et le cadre est un treillis en acier tubulaire, signature de Tamburini. Ah si tout de même, grâce à l’utilisatio­n du magnésium, la Oro affiche quelques kilos de moins que la Strada sur la balance. Ajoutons que les « grands de ce monde », comme Bill Gates ou le roi Juan Carlos, avaient droit à leur nom gravé sur la plaque portant le numéro de la moto. Giacomo Agostini aussi, mais lui était l’ambassadeu­r de la marque dans le monde et surtout, il était prévu qu’il devienne team manager de la future équipe de MV Agusta en championna­t du monde Superbike. Il avait d’ailleurs occupé les mêmes fonctions en Grands Prix 500 pour Cagiva au début des années 90, avec un certain succès. Sauf que les problèmes financiers récurrents de la marque n’ont pas permis de voir rouler les motos rouge et grise sur circuit où elles auraient pourtant pu briller. Par la suite, la MV 750 F4 a été déclinée en de multiples versions avant d’être réalésée à 1 000 cm3 en 2005. Enfin, en 2010, un tout nouveau modèle de F4, toujours en 1 000 cm3, a été commercial­isé. En avril 2017, à l’occasion d’une vente aux enchères organisée par Bonhams, la MV 750 F4 Oro n° 8 neuve et encore en caisse a été vendue 41 328 €, pas très loin de son prix de vente de l’époque… ❖

À PART LE CARBONE ET LE MAGNÉSIUM, TOUT EST IDENTIQUE SUR LES VERSIONS ORO ET STRADA

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