CHRONIQUE TRAN DUC
YAMAHA DT 125 MX
En 1977, Patrick Tran Duc pose ses fesses sur la Yamaha 125 DTMX. Une révélation !
Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas vous bassiner avec l’une des nombreuses bizarreries à deux roues que j’ai un jour possédées, mais vous causer d’un phénomène, la Yamaha DT 125 MX. À une époque reculée, la revue pour laquelle j’avais le bonheur de bosser, bien avant de commettre, par le truchement de votre magazine préféré, les outrages à la langue française que vous subissez de mon fait, je réalisais des essais de motos de tout poil, de la cross la plus sauvage au pire escargot asthmatique destiné au tourisme. Tout ça pour dire, qu’un beau jour de 1977, j’ai été invité par l’importateur Yam’ à essayer une nouvelle 125 trail-bike chez le Vicomte de la Panouse, dans le parc animalier de Thoiry. Déjà, le lieu choisi par Jean-claude Olivier ne manquait pas d’originalité et comme c’était ma période tout-terrain et que mon cours de bilboquet avait été annulé, ça tombait plutôt bien. Mais alors que je pensais subir une énième mouture de la célèbre DT 125, j’ai découvert une très jolie machine qui n’avait plus grand-chose à voir avec sa devancière et je me suis pris à regretter de n’avoir pas pris un équipement tout-terrain, à commencer par une vraie paire de bottes, d’autant que les « Yam’ boys » avaient tracé une petite boucle tout-terrain, avec des montées et des descentes, de quoi jauger les capacités de la machine qui n’aurait pas déparé dans un parc d’enduro de ligue. L’une des particularités de la DTMX – hormis une plastique nettement plus sexy que celle de la DT – était de disposer de la suspension Cantilever développée sur les motos de cross de la marque dès le début des années 70, d’une fourche à grand débattement et surtout, d’une allure évoquant sans ambiguïté la compétition. Inutile de dire qu’après une demi-journée de crapahutage dans les bois, j’avais acquis le sentiment qu’il venait de se passer quelque chose et j’en arrivais même à regretter d’avoir acheté, quelques mois auparavant, une 175 Hercules qui ne m’apportait pas que des satisfactions. En vérité, Yamaha venait de donner ici une autre dimension au trail-bike, dont la parenté avec la gamme motocross ne faisait aucun doute, même s’il s’agissait d’une moto civilisée et plutôt bonne à tout. Les clients souhaitant disposer d’un engin apte à se balader dans les chemins, à se rendre au boulot, voire à s’aligner en catégorie Gentleman en enduro sans autres modifications qu’une paire de pneus adéquats et un pignon de 13 dents ne s’y tromperont pas et au bout de quelque temps, la DTMX sera adoptée par un grand nombre d’amateurs de loisirs tout-terrain peu tentés par les pures enduros, trop spécialisées et beaucoup plus chères à l’achat et à l’entretien. Les accessoiristes et certains concessionnaires proposeront de nombreux équipements destinés à rendre la Yam’ plus adaptée à la pratique verte, à commencer par un kit 175 cm3 diffusé par l’ancien trialiste, Christian Rayer (voir page 112). Sans transformer la DTMX en foudre de guerre, ce kit lui donnait plus de peps, sans nuire à la fiabilité d’un moteur par ailleurs robuste. Ainsi, on trouvera des DTMX au départ de la plupart des épreuves tout-terrain, y compris lors du premier Paris-dakar, et cette moto deviendra la compagne fidèle des enduristes amateurs. En 1981, je serai même invité par Michel Delage, un concessionnaire Yamaha vannetais, à participer au Bol d’herbe au guidon d’une 125 DTMX totalement d’origine, y compris l’éclairage, en compagnie de Thierry Honnart et d’un autre pilote breton dont j’ai malheureusement oublié le nom. La brave bête ira courageusement au bout des 24 heures, sans nous causer le moindre souci ! Mais cette même année 1981 portera un rude coup à la DTMX, une stupide réglementation sur les motos de plus de 80 cm3 interdisant aux automobilistes de la conduire, réduira considérablement la diffusion de cette 125 dont il se sera pourtant vendu, rien qu’en France, près de 100 000 exemplaires de 1977 à 1993, date à laquelle elle sera remplacée par la DTLC. Un jour que je discutais avec Marcel Seurat, notoirement peu enclin à louer l’industrie japonaise, il m’avait dit : « La meilleure moto de tout-terrain qu’aient jamais imaginée les Japs, c’est la DTMX, ils avaient tout bon ce jour-là ! » ❖
YAMAHA VENAIT DE DONNER ICI UNE AUTRE DIMENSION AU TRAILBIKE, À LA PARENTÉ AVEC LA GAMME MOTOCROSS INDÉNIABLE